Le personnage de roman du XVIIème siècle à nos jours : Le personnage de roman face à son destin
Commentaire de texte : Le personnage de roman du XVIIème siècle à nos jours : Le personnage de roman face à son destin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ceceetnono • 29 Février 2020 • Commentaire de texte • 1 283 Mots (6 Pages) • 669 Vues
Objet d’étude : Le personnage de roman du XVIIème siècle à nos jours
Séquence n°1 : Le personnage de roman face à son destin
Lecture analytique n°5 : « Une femme à la dérive »
O. Adam, A l’abri de rien, 2004
Introduction
🡪La technique littéraire du flux de conscience, en anglais stream of consciousness, cherche à reproduire le point de vue cognitif d’un personnage, en donnant l’équivalent écrit de son processus de pensée. Elle est associée à la littérature moderniste, en particulier anglo-saxonne. En effet, si son introduction dans un contexte littéraire est attribuée à May Sinclair, c’est surtout sous la plume de James Joyce (Ulysses) ou de Virginia Woolf (Mrs Dalloway) qu’elle trouve son aboutissement.
🡪Dans cet extrait, situé à la fin du roman, O. Adam l’évoque pour recréer le schéma de pensée de son personnage principal, Marie, jeune femme au chômage et à la dérive socialement et moralement, et nous dévoile ses sentiments profonds, empreints d’angoisse et de révolte, dans le décor accablant de la vie. Nous nous demanderons alors dans quelle mesure le monologue intérieur peut-il donner toute sa force à un personnage désillusionné.
🡪 Notre enquête s’attachera tout d’abord à l’étude d’un décor et de personnages dépourvus d’identité, avant de s’orienter vers le portrait de cette femme atteignant ses limites, en proie à la rupture et au désenchantement.
1. Un décor et des personnages dépourvus d’identité
A) Une ambiance lugubre
🡪 Tout l’extrait est littéralement balayé par le champ lexical de la tempête ; la gradation liminaire « il pleuvait de plus en plus fort, il grêlait même » (l.1) insiste sur la violence des intempéries. On retrouve « sous la pluie » (l.3), « face au vent, dans la pluie diagonale » (l.8-9).
🡪 Ces conditions météorologiques sont dès le début de l’extrait présentées comme métaphoriques ; la métaphore « des poignées de cailloux » (l.1) souligne, outre la force des intempéries, la violence des sentiments du personnage. De même, l’allusion aux « terres noyées » (l.2) annonce le caractère morbide de ses pensées.
B) Un lieu en perdition
🡪 Les deux personnages se trouvent dans un véhicule (« rouler sous la pluie » l.3, « les phares » l.8) ; ce lieu clos symbolise déjà l’oppression morale du personnage. Il est associé aux « terres noyées » qu’ils traversent. Ainsi ce lieu, gagné par une ambiance de mort, semble assimilé au néant.
🡪 La seule allusion matérielle se trouve à la ligne 20, « comme ces chiens en plastique sur la plage arrière des voitures » ; on soulignera à la fois l’exclusion d’un groupe social (« des voitures » n’est pas « de ma voiture ») et la trivialité particulière de l’objet, décalé dans ce contexte.
C) Les migrants, des personnages dépourvus d’identité
🡪 Ils sont toujours désignés par des termes génériques, associés à des articles indéfinis : « une ombre, un type » (l.8), « on en croisait un » (l.15). Ils n’ont pas d’identité, le personnage met ainsi l’accent sur leur déshumanisation.
🡪 Néanmoins, à la l.10, le groupe nominal « ces types » est placé en incise, et la présence du déterminant démonstratif indique une désignation plus précise : bien que la société les prive d’humanité, Marie leur accorde de l’importance, et leur prête une voix à travers la question oratoire « qu’est-ce qu’ils pouvaient bien y faire ?» l.14.
🡪 De même, plusieurs tours stylistiques sont mis en œuvre pour insister sur leur misère : « tête nue et sans manteau » (l.10) où s’ajoutent dans la même expression l’épithète et la préposition exprimant la privation, ou encore le beau parallélisme « tellement épuisés, tellement démunis ces types, tellement habitués … » (l.9-10) qui fait évoluer le ton vers le registre pathétique.
🡪 (Transition) Or, à travers l’évocation du sort des migrants, et de leur misère, c’est surtout de sa propre misère affective et morale, de sa propre détresse que nous parle Marie.
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