Le pain, Francis Ponge
Fiche de lecture : Le pain, Francis Ponge. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lolam30 • 14 Janvier 2018 • Fiche de lecture • 2 821 Mots (12 Pages) • 5 995 Vues
LECTURE ANALYTIQUE N°5
« Le Pain » Francis Ponge
«Le pain» est un poème tiré du recueil de poésie en prose intitulé «Le Parti-Pris des choses», oeuvre composée de textes courts à la fois descriptifs et poétiques publié en 1942, par Francis Ponge, alors que celui ci est dans la résistance de la Seconde Guerre Mondiale.
Ponge, poète français du XXème siècle, qui a inventé le terme de proêmes, c’est à dire, une poésie en prose et qui rejette le lyrisme, pose un regard neuf sur les objets du quotidien et du commun tel qu’un cageot, un savon, un morceau de viande ou encore un pain sur lequel nous allons nous pencher à présent en leur conférant une fonction et une beauté nouvelles , ce qui est d’une grande modernité dans l’idée et dans la forme.
L’œuvre se présente comme une œuvre close, composée de textes courts et difficilement qualifiables, entre le texte descriptif et le poème en prose. Quoi qu’il en soit, il faut pour le poète aller au cœur des choses : « la beauté du mystère de chaque chose naît de la précision de la description ».
Le poème que nous allons étudier intitulé donc «Le pain» est le 13 ème poème du recueil.
Ce poème montre l’intérêt du poète pour un aliment tout à fait ordinaire, dont il nous livre une description particulière, à travers laquelle le pain est transformé en objet poétique.
Nous nous intéresserons aujourd’hui sur la manière dont Ponge, transforme un objet prosaïque, le pain en objet poétique.
Ainsi, nous verrons dans un premier temps la description du pain, nous étudierons dans un second temps la dimension allégorique de cet objet prosaïque, puis nous terminerons en évoquant le pain, une allégorie de la création poétique.
I- Une définition de l’objet pain.
1. La description du pain
L'objet pain est présenté dans le titre comme une entrée de dictionnaire. Le mot «pain» est précédé d’un article défini « le » qui nous prépare à lire une définition.
De plus l'auteur utilise également le pronom impersonnel « on » et le présent de vérité générale comme dans tout texte explicatif, pour donner une portée générale à sa démonstration.
La description du pain est progressive et ordonnée et celui ci est volontairement présenté dans s dimension ordinaire en apparence , Le poète commence par l'extérieur d'abord, la surface, la croute, puis l'intérieur, la mie, avant d'évoquer sa décomposition avec la masse devenue friable et enfin sa disparition dans la bouche du consommateur.
Par là, Francis Ponge rappelle la réalité fragile et consommable du pain. On remarque d’ailleurs que le texte est de plus en plus parsemé de référence à l'objet pain lui même : « la surface du pain » (l.1), « la masse amorphe » (l.5), « la mie » (l.11), « rassit » (l.13), « four » (l.6), « consommation » (l.16)…
On assiste au dévoilement d’une véritable expérience de l'observation du pain, commune, triviale, grâce aux nombreux déictiques qui parcourent le poèmes (« ces dalles (l.6), ce lâche (l.9) ;.. »).
Ponge utilise d’ailleurs une technique presque pictural de la miniature, jouant sur les détails, sur la brièveté et la concision avec «vallée, crêtes, ondulation, crevasses...»(l.5-6) « ces fleurs fanent et se rétrécissent» (l.14)
Le poète veut que nous échappions à la réalité. Il utilise, certes, le mot « pain » à plusieurs reprises dans le poème, mais il va le remplacer au fur et à mesure par des périphrases, qui vont nous éloigner du pain, nous donner l’impression que nous parlons d’autre chose. Tel est le pouvoir de la poésie, telle est la volonté de Ponge : nous faire quitter la banalité des choses, pour aller vers la beauté des chose ; changer notre regard sur les choses.
Le mot « pain » se trouve au début du poème (l’imagination n’a pas encore commencé) et réapparaît à la faim (quand l’imagination a cessé). Entre les deux, nous avons ces expressions, plus poétiques, plus à même de libérer notre imagination.
2. Une approche à la fois logique, scientifique et organisée
On peut noter, l'emploi systématique de connecteurs logiques tout au long du poème : « d'abord à cause de » (l.1), « ainsi donc » (l.5), « mais » (l.16), « car » (l.16)...
Le poème prend alors l'aspect d'une réflexion argumentative et didactique.
De plus, la syntaxe, elle même dévoile un discours qui se justifie par la juxtaposition de phrases complexes, l'usage d'adverbes - «quasi» (l.2), «dès lors» (l.7) «nettement» (l.8) - et de modalisateurs - «sous la main» (l.3) « la mollesse ignoble» (l.9), «moins objet de respect que de consommation» (l.16-17).
Ensuite, le poème obéit à un ordre.
En effet, le texte suit un mouvement logique de l’extérieur à l’intérieur.
Il est construit, Il y a d’abord la croûte, l’aspect extérieur du pain,
En effet, Ponge fait la description valorisante du pain, de son aspect extérieur, qui est qualifié de « merveilleux », « de panoramique » . Ces deux termes sont employés dans la première phrase, ce qui renforce cet effet de beauté et d’émerveillement des le début.
La surface du pain est ensuite comparé à des chaines de montagne, « comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. ». (l.2/3)
Cette métaphore des chaines de montagne comme comparant à la croute du pain donne une certaine importance et beauté au pain, qui passe d’objet banal, à un statut majestueux et respecté.
Nous passons ensuite, dans le troisième paragraphe, à une description qui nous fait entrer dans le pain : nous découvrons la mie.
Cette transition est marquée par un tiret, et nous pouvons apercevoir une rupture entre le vocabulaire utilisé avant et après ce tiret.
En effet, avant le tirer, nous constatons la présence d’un vocabulaire mélioratif précédemment cité, pour décrire l’extérieur du pain, alors qu’après le tiret, nous trouvons un vocabulaire assez péjoratif
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