Le Roi s'amuse - Victor Hugo
Analyse sectorielle : Le Roi s'amuse - Victor Hugo. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar MVmoa31 • 17 Avril 2019 • Analyse sectorielle • 1 531 Mots (7 Pages) • 9 127 Vues
EXPLICATION DE TEXTE LINEAIRE
Le Roi s’amuse – Acte I, scène 2, p.465-466.
De « Inhumaine » à « lui adresser quelques galanteries »
Introduction
Le Roi s’amuse est une pièce de Victor Hugo qui fut interdite dès le lendemain de sa première représentation en 1832. Ce texte théâtral s’appuie sur la présentation d’une « tranche de vie » de François Premier pour mettre en exergue le vrai personnage principal et romantique de cette histoire, le bouffon Triboulet.
Dans l’analyse linéaire de cet extrait, je vais tenter de montrer comment Victor Hugo, d’après moi, a présenté le roi comme un jouisseur libertin, consommateur de femmes et peu autoritaire.
La scène a lieu au Louvre, une nuit. Un décor luxueux est planté à travers les éléments scéniques : décorations, meubles, vêtements…de style Renaissance, époque à laquelle se passe l’action.
Les personnages présents sont : le roi, Triboulet (son bouffon), M. De Gordes et d’autres seigneurs. Après la première scène de la pièce qui montrait un François 1er romantique et épris en secret d’une jeune fille, cette deuxième scène commence à le présenter sous un autre angle : un homme à femmes qui se moque bien qu’elles soient mariées ou non, et qui n’a pas hésité à prendre dans son lit une jeune fille (Diane de Poitiers) en échange de laiser la vie sauve à son père (M. de Vallier).
1er mouvement : de « Inhumaine » (p.465, l.49) à « Voici mon jaloux, sire ! » (p.466, l.65)
Ici, le roi reproche à une de ses maîtresses, Mme de Cossé, son départ de la cour pour la province avec son mari.
Pour cela, il s’insurge (ou feint de s’insurger ?) et multiplie les flatteries pour sa favorite. L’auteur cumule les figures de style d’exagération dès le premier mot de sa tirade « Inhumaine » (l.49) qualificatif aussitôt justifié par la phrase exclamative « Vous partez ! » (l.49). Cette phrase, bien qu’exclamative, cache aussi une interrogation car, si elle est formulée comme un reproche, elle renferme encore l’espoir que cette décision est révocable.
On comprend que François 1er reproche à Mme de Cossé de suivre son mari dans une autre ville et de l’abandonner.
Dès le début de ce passage, on repère donc une démesure dans les propos du roi par rapport à la situation. Cette démesure semble là pour commencer à dessiner le portrait du personnage de ce roi séducteur, grandiloquent et prêt à tout pour obtenir ce qu’il veut.
Mme de Cossé lui répond en soupirant (de dépit ? de lassitude ?) avec une phrase que c’est son mari qui l’emmène. Autrement dit, elle précise au roi que cela n’est pas de sa volonté (l.51). Par ces paroles, elle se justifie pour montrer que cette décision n’est pas la sienne.
François 1er se lance alors dans une tirade d’exagération sur les qualités de la dame et sur les sentiments qu’elle provoque alentours avec des hyperboles accumulées dans le but de dramatiser la situation (lignes 52 à 58) :
- « tout Paris »
- « les plus grands seigneurs »
- « « les plus beaux esprits »
- « à l’instant le plus beau d’une si belle vie »
- « leurs plus beaux vers »
- « leurs plus fameux coups »
- etc…
Mme Cossé, qui se situerait au-dessus de TOUT veut priver le Monde (et donc le roi) de sa présence pour aller dans un lieu, la Province, qui ne mérite pas sa présence (on peut noter ici le mépris du personnage du roi pour ce qui n’est pas Paris, donc sa cour, son Monde).
Puis, le Roi glisse sur un champ lexical de chaleur et de lumière grâce auquel il compare Mme de Cossé au Soleil : (flammes, lustre, éblouissez, soleil, jour, briller, …, lustre » (ligne 59 à 65).
On peut noter ici l’ironie et l’anachronisme de la situation où un monarque compare une de ses courtisanes à un soleil alors que, 150 ans plus tard, c’est un autre roi qui s’autoproclamera « Soleil » - centre de l’univers – et qui attendra de ces courtisans qu’ils le considèrent comme tel.
Victor Hugo utilise ces figures de style pour permettre au souverain de montrer à la dame à quel point il ne veut pas qu’elle parte. Il veut aussi lui exposer, avec emphase, son attachement.
Mais il essaie aussi d’obtenir qu’elle reste parce qu’il le veut (selon son bon vouloir de Roi). Dans cette pièce, François 1er est présenté comme un personnage qui gère assez mal la frustration et qui n’apprécie guère que les femmes lui résistent (cf Acte II scène 4 avec Blanche et Acte III scène 4 avec Maguelonne). Il fait toujours tout ce qu’il peut pour obtenir ce qu’il veut, même s’il tente de garder l’apparence d’un homme bienséant.
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