Le Lac, l'Automne, Lamartine
Synthèse : Le Lac, l'Automne, Lamartine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar james_hamilton • 30 Mars 2020 • Synthèse • 980 Mots (4 Pages) • 555 Vues
Dans “Le Lac” et “L’Automne”, issus des Méditations Poétiques de Lamartine, le poème “Soleils couchants” de Hugo, ainsi que l’extrait des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, la nature incarne l’angoisse et la mélancolie du poète romantique. La beauté du paysage suscite l’admiration et la nostalgie de ces promeneurs solitaires, saisis par l’angoisse du temps et de sa fuite. A la manière de Caspar David Friedrich, ces oeuvres représentent l’homme soumis à la toute-puissance d’éléments naturels, entités saisissantes et sublimes, et permettent l’accès au souvenir en le plongeant au milieu d’une profonde solitude.
Au sein de chacune des oeuvres, l’immersion solitaire dans la nature se traduit par un sentiment de fascination et d’émerveillement. L’extrait des Mémoires d’Outre-Tombe éveille les sens de l’homme, interrompu dans ses pensées par le “gazouillement d’une grive” (v. 1-2), une allitération traduisant par ses sons durs la stupeur de l’auteur. L’élévation spatiale de l’oiseau, “perch[é] sur la plus haute branche d’un bouleau” (v.2-3), souligne par un superlatif le pouvoir du chant, un “son magique” (v.3). Cet épithète incarne la puissance incantatoire des sens qui, à l’image du processus d’écriture, “transport[ent]” (v.5) le poète vers le passé. Le lac chez Lamartine possède le même pouvoir de résurrection: l’interjection lyrique “Ô Lac!” témoigne d’un respect empreint d’un sentiment sacré, une admiration religieuse suggérée par la “calice” dans “L’Automne”. De plus, les “flots” du lac, décrits par les épithètes “chéris” et “harmonieux”, rappelant l’union avec la femme aimée, suggèrent l’étonnement et le plaisir suscités par le cours d’eau. L’éveil tardif des sens, à l’aube de l’hiver, constitue une extase: “la lumière est si pure!”, “le soleil est si beau!”. La double occurrence de l’adverbe d’intensité “si” au sein de phrases exclamatives accentue l’idée d’émerveillement et de joie effusive. Hugo, de son côté, évoque des “bois toujours verts [qui] s’iront rajeunissant” (v.10-11). Cet adverbe accompagné du verbe “rajeunir” mets en évidence l’extase du scripteur, mortel, devant le caractère éternel de la nature.
Le désenchantement du souvenir des bois de Combourg plonge Chateaubriand dans le doute et la mélancolie. Il se remémore “des jours perdus à la poursuite de cette félicité insaisissable” (v.15-16). Cet épithète accentue son chagrin par le recours au registre tragique; un sentiment de perte de soi exprimé aux deux premiers vers du poème “Le Lac”: “toujours poussés (...) emportés sans retour”. L’éternité évoquée par “toujours” et “sans retours”, juxtaposée au verbes passifs “poussés”, “emportés”, inscrivent le locuteur dans l’incapacité tragique de maîtriser son destin. Hugo, quant à lui, exprime son désarroi par le contraste entre la gaieté de la nature, à l’image du “soleil joyeux”, et de son propre état: “je passe, et, refroidi”. Le verbe “refroidir”, soulignant l’effet inévitable de la fuite du temps sur l’homme, s’oppose à la chaleur du soleil. Mobiliser les termes “je m’en irai bientôt, au milieu de la fête” lui permet d’exprimer sa nostalgie, sa résignation. Le nom “fête” crée une vive impression de réjouissance et d’euphorie, accentuant l’impossibilité du départ.
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