La poésie est-elle nécessaire à l'être humain? (écrit d'invention)
Discours : La poésie est-elle nécessaire à l'être humain? (écrit d'invention). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Gratu • 14 Juin 2017 • Discours • 764 Mots (4 Pages) • 666 Vues
C’est quelque part au bout des mondes, sur un sommet contemplant tous les autres à moins d’une centaine de lieues des féeries, que se tenaient les deux silhouettes. Deux lycéens ayant gravi ce dôme idéal l’un après l’autre l’un après l’autre. Ophélie tenait un livre bleu nuit. Borée l’observait, debout sur monticule rocheux. Il lui jeta d’abord ces mots au visage
-De la poésie, n’est-ce pas ? Des envolées lyriques, des métaphores, des hypotyposes et toutes ces catachrèses. Des mots dans le vide…
-Tu n’y es pas sensible ? répondit Ophélie en lui dévoilant ses yeux, Tu ne frémis donc pas à la lecture des vers tourmentés de Mallarmé et de tout les mendieurs d’azur ? La puissance des horizons tendus par la poésie de Baudelaire te laisse indifférent ?
-A quoi bon frémir… Ils jouent avec la langue, la tournent dans tous les sens, mais trembler dans le vide ne sert à rien. La poésie est un satellite de la littérature. Ne vois-tu pas que le déversoir d’images mélancoliques que nous proposent Du Bellay dans son « Heureux qui comme Ulysse... » ou Poe dans « Le corbeau » ou « Un rêve » n’est qu’une triste architecture lexicale ?
Les poètes sont des génies inutiles, des statues de marbre qu’on ne fait qu’admirer.
-Pourquoi recherches-tu l’utile ? Le poète te donne l’accès au beau. Saint John Perse te révèle la puissance superbe des océans dans « Amers », et Baudelaire fait naître le sentiment esthétique d’un cadavre dans « Une charogne ». Les mondes déchus dignes de la peinture d’Hubert Robert jaillissent des vers d’ »Evadné » de René Char.
-Des sentiments… Les sentiments font-ils face aux dictatures ? Les romans peuvent être les outils des révolutions, Orwell avec « 1984 ». Les romanciers peuvent saisir l’humanité et en dessiner les plis comme Zola avec la série des Rougon-Macquart. La poésie est impuissante. Elle ne peut vaincre les maux comme le feraient des ouvrages de médecine. Laisse tomber tes pages véreuses et concentre toi sur les écrits nécessaires.
-Tu veux de l’utile à tout prix ? La poésie m’a guérit dans des mesures qui traversent l’univers, Lautréamont évoquait la relation entre le poète et son lecteur en faisant de l’un un malade et de l’autre son garde-malade, les rôles étant intervertis arbitrairement.
Ces deux êtres se consolent, leurs idées se croisent. La poésie reste le meilleur remède pour ceux dont les yeux spleenétiques pénètrent le firmament.
Et puis si tu désires lever une révolution, mieux vaut laisser la force bestiale des des doigts de vers de Vladimir Maïakovski s’exprimer. Le poète produit la sève qui parcoure les veines des révolutionnaires. Si tu mènes une armée d’écorchées vifs, lis-leur « Le Forgeron » ou « Les effarés » de Rimbaud, hurle-leur « Liberté » d’Eluard, crie-leur l’espoir chanté par Noir Désir dans « à ton étoile ».
-Je ne vois rien de tout ça, je dois être aveugle… La poésie ne m‘atteint pas, il n’en reste rien. Ce ne sont que des mots.
-Des mots qui peignent l’indicible.
-Elle me tourne autour sans jamais laisser de cicatrice, je ne la perçois pas, elle n’est qu’une réalité subjective.
-N’importe qui est susceptible de la percevoir !
-J’ai essayé, j’ai englouti des vers, des reflets d’infini, et rien n’en est sorti. La poésie est inutile, elle n’altère pas la vie comme semble le croire tout les albatros.
-Mais que vois-tu au bord de la littérature ? Que vois-tu sur les rives, là où la poésie génère ses ultimes bouillonnements ?
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