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La distance par rapport aux conventions et la nouveauté poétique qu’assume Apollinaire ne sont-elles qu’une rupture nette et franche avec le passé ?

Dissertation : La distance par rapport aux conventions et la nouveauté poétique qu’assume Apollinaire ne sont-elles qu’une rupture nette et franche avec le passé ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Septembre 2021  •  Dissertation  •  3 119 Mots (13 Pages)  •  520 Vues

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Sujet : « La distance par rapport aux conventions et la nouveauté poétique qu’assume Apollinaire ne sont-elles qu’une rupture nette et franche avec le passé ? »

Alcools est un recueil de poèmes de Guillaume Apollinaire, paru en 1913. Ce recueil, qu'Apollinaire mit 15 ans à élaborer, annonce la quête de modernité, de jeu avec la tradition, de renouvellement formel de la poésie de l'auteur. Ce dernier est le créateur d’un mouvement : celui de l’ « Esprit Nouveau ».

« La distance par rapport aux conventions et la nouveauté poétique qu’assume Apollinaire ne sont-elles qu’une rupture nette et franche avec le passé ? »

La négation restrictive du sujet, invite à penser que l’ « Esprit Nouveau » ne rompt pas complètement avec la tradition, mais qu’il peut s’en appuyer. Pour autant, s’il s’inspire de ses prédécesseurs, le mouvement sait s’en émanciper.

Comment Apollinaire s’inspire de la tradition pour aller vers la modernité dans son recueil ?

L’écrivain s’inspire des pratiques poétiques habituelles [I] puis fait usage de techniques novatrices dans ses écrits [II].

Premièrement, Alcools est un recueil qui innove tout en s’inspirant du passé et de la tradition.

L’écriture d’Apollinaire est d’abord inspirée par le Moyen-Âge et l’Antiquité.

Dans l’Antiquité, la poésie est d’origine divine. Elle est inspirée par les Muses, les neuf filles de Zeus et de Mnémosyne, déesse de la mémoire qui aurait inventé le langage. Trois autres figures mythologiques soutiennent le processus de création poétique : Orphée, Apollon et Dionysos. Ce premier est, dans Alcools, évoqué dans le poème « Cor de chasse » et plus précisément dans les vers : « Passons passons puisque tout passe/ je me retournerai souvent ». Leur lecture rappelle ainsi le mythe d’Orphée. Ce dernier ayant perdu sa belle Eurydice, afin de la retrouver, s’est rendu au Enfers, y a charmé Cerbère qui les gardait ainsi que les dieux s’y trouvant. Ces derniers, envoûtés, acceptent de rendre vie à son aimée avec pour unique condition que sur le chemin du retour vers la Terre, Orphée ne se retourne pas. Alors qu’ils approchent de la sortie, Orphée n’entend plus les pas d’Eurydice derrière lui et se retourne pour se rassurer : elle disparaît définitivement. Orphée passe le reste de sa vie à chanter son amour perdu. De plus, lorsque Guillaume Kostrowitzky choisit Apollinaire comme pseudonyme, il le fait, certes, en souvenir de son grand-père qui se prénommait ainsi mais également parce que ce prénom évoque d’emblée Apollon, père des Muses, le dieu des arts et des lettres. D’autres références classiques, grecques ou romaines, à l’instar d’Icare dans « Fiançailles » ou encore Médée dans « les Colchiques » figurent dans ses écrits. Alors que Dyonisius, renvoie au vin, la célébration de ce dernier est présente de manière récurrente dans le recueil au titre éloquent, Alcools, notamment dans Zone, premier poème de l’œuvre où il y a la présence des vers : « Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie / ta vie que tu bois comme une eau-de-vie », mais aussi dans Vendémiaire qui clôture l’ouvrage et dans lequel se lit : «Je suis ivre d’avoir bu tout l’univers », « et je boirai encore s’il me plaît l’univers ».  Par ailleurs, Le titre initial du recueil lorsqu’il était encore en projet était Eau-de-vie, jusqu’en 1910 où Apollinaire le change pour Alcools. Le choix tardif du mot « Alcools » renvoie de manière plus explicite aux autres poètes de l’ivresse tels que Baudelaire ou Rimbaud.

Apollinaire est également inspiré par sa propre vie, ses propres expériences. C’est notamment le cas alors qu’il s’identifie à Orphée en évoquant ses amours perdues et teinte ainsi sa poésie d’une dimension élégiaque. Ainsi, ses premiers poèmes, les « rhénans » sont souvenirs de son séjour en Allemagne, durant lequel il a rencontré Annie Playden. Cette dernière a quitté le poète afin de se rendre aux Etats-Unis comme l’indique le poète éponyme « Annie ». Cette dernière est aussi présente dans « La Chanson du Mal-Aimé » qui relate de l’amour malheureux du poète.  Plus encore qu’Annie Playden, c’est Marie Laurencin qui est au centre du lyrsime amoureux du recueil. Le poème « Le pont Mirabeau » conte la rupture entre les deux amants ; « Marie », plus élégiaque encore, évoque également la fuite du temps liée au deuil du sentiment amoureux. Ce qui est plutôt inhabituel et novateur, c’est qu’à la place de faire l’éloge de ses muses à l’instar de beaucoup de poètes, Apollinaire préfère montrer son angoisse et sa douleur face aux rejets qu’il subit : « Et mon mal est délicieux » peut-on lire dans « Marie ». Ici l’oxymore fait état de la souffrance du poète et étonnamment de sa délectation à souffrir. « L’amour est mort et j’en suis tremblant » de « Aubade », le titre même de « La chanson du Mal-Aimé », mais aussi « Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne » de l’œuvre « Les Colchiques » sont des expressions qui soulignent le fait que l’amour est toujours source de tourment.

Aussi, à l’aide d’anaphores régulières de formes interrogative : « Sais-je où s’en iront tes cheveux ? » « Marie », se fonde sur le topos de l’ « Ubi sunt » locution latine qui constitue les premiers mots de la question « Ubi sunt qui antes nos fuerunt ? » ou autrement « Où sont passés ceux qui nous ont précédés » ? Cette réflexion sur le temps est par ailleurs remployée tout au long du Moyen-Âge. Une variation en est faite dans « Le voyageur », avec une autre anaphore : « Te souviens-tu », qui interroge le poète dans un même regard en arrière sur un passé disparu. De même, les disparus du recueil sont nombreux : il s’agit principalement des femmes aimées, Annie et Marie, mais d’autres poèmes évoquent plus largement les morts. Le poème « j’ai eu le courage de regarder en arrière » s’ouvre sur ces disparus : « Les cadavres de mes jours/ marquent ma route et je les pleure/ les uns pourrissent dans les églises italiennes/ ou bien dans de petits bois de citronniers ». Le très bref poème « La dame » parle lui aussi d’un mort inconnu : « Quel est donc ce mort qu’on emporte ». 

De même, le poète s’inspire du romantisme alors qu’il reprend l’automne comme saison symbolique du deuil comme le montrent le vers « Mon automne éternelle ô ma saison mentale » dans « Signe ». Aussi, il fait de cette saison l’expression de la nostalgie face au temps qui s’écoule dans « Automne malade » alors que les feuilles qui tombent sont les métaphores des larmes qui coulent : « Le vent et la forêt qui pleurent/ Toutes larmes en automne feuille à feuille ». Mais le cliché est renouvelé puisque c’est l’automne

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