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La conscience immédiate nous permet-elle vraiment de nous connaître ?

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Par   •  30 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 567 Mots (7 Pages)  •  743 Vues

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Sfar

Yanis

TGA

DM de Philosophie

       Pour le philosophe la conscience a toujours été un sujet des plus intéressants et des plus complexes car il veut prendre conscience de son « moi » intérieur, il veut se rendre compte de ses préjugés, de ses phobies ou encore de ses complexes. Or cet exercice n’a pour but que de se connaître intérieurement. Et cette volonté de se connaître toujours mieux est intimement liée à la philosophie. Car si le philosophe veut se connaître c’est pour se rendre un peu plus maître de lui-même. Mais la conscience immédiate nous permet-elle vraiment de nous connaître ? La conscience immédiate seule est-elle vraiment une connaissance de soi ? La conscience réfléchie n’agit-elle pas aussi ? Nous verrons tout d’abord dans quelle mesure la conscience immédiate nous permet-elle de nous connaître que de façon très subjective et parfois faussée, avant de nous intéresser à la conscience réfléchie. Enfin, nous chercherons à faire le lien entre ces deux consciences.

       Ma conscience immédiate est cette intuition qui accompagne tous mes sentiments, actes, émotions, désirs, perceptions… Elle est dénuée de tout sens critique et s’obtient sans méditation. D’où le fait qu’elle soit appelée conscience spontanée ou immédiate. Je n’ai pas besoin d’entreprendre une réflexion pour la comprendre. Or limiter sa connaissance de soi à la conscience immédiate seule voudrait dire que ma connaissance de moi-même serait entièrement faussée par la vision abstraite et non critiquée que j’ai d’une réaction, émotion, sentiments, acte, à un instant défini. Donnons comme exemple un moment où je ressens de la joie face à une bonne nouvelle. Ma conscience immédiate ne me permettra que de comprendre que je ressens de la joie mais pas d’en analyser les raisons. Ma connaissance de moi n’est alors que partielle. Cependant, elle me donne assez d’indications sur moi pour affirmer que ce que je connais de moi n’est pas totalement faux : la joie que je ressens est réelle et ne peut être fausse.
De plus je peux penser me connaître et me tromper. En effet, différents obstacles se dressent devant moi et m’empêchent de prendre conscience que je me méconnais. Ces obstacles, qui sont les préjugés qui s’imposent comme des vérités indiscutables à mon esprit, ou les illusions du monde, ne semblent pas en être pour moi lorsque je ne cherche pas à prendre conscience de ce qui est inconnu en moi-même. Mais dès que je cherche à expliquer pourquoi j’ai ces préjugés, pourquoi je raisonne ainsi, je prends conscience de mon ignorance et comme l’affirme Socrate, je fais alors un pas vers la connaissance. Mais ce n’est alors plus ma conscience immédiate qui agit. Pour cette réflexion je dois faire appel à ma conscience réfléchie. D’autres obstacles, plus difficiles à contourner car je me les impose à moi-même, m’empêchent de me connaitre : la mauvaise foi, la fuite face à la réalité ou encore la peur de regarder les choses en face. Ces mensonges me trompent, ne m’aident pas à me remettre en question et donc à apprendre à mieux me connaître. Une nouvelle fois, ma conscience réfléchie va devoir être sollicitée.
A cela s’ajoute le fait que ma connaissance de moi est faussée par mon incapacité à expliquer mes réactions, désirs etc. Et la première chose qui me permet de me rendre compte que ma conscience immédiate ne me donne qu’une vision subjective, en surface, est mon impossibilité à expliquer une réaction, un acte ou une émotion. Ainsi, lorsque je suis nerveux, que je suis pris d’une colère incontrôlable, disproportionnée et que je ne peux pas expliquer les raisons d’un emportement aussi peu maitrisé, il est important pour moi de comprendre que ma connaissance de moi-même est limitée. En effet, je peux déduire grâce à ma conscience immédiate que cette colère est justifiée, pourtant, si je n’ai pas d’explication sur mon incapacité à contrôler cet emportement, je suis ignorant et je dois étudier cette réaction plus en profondeur pour connaître une partie de moi. Je ne sais donc pas ce qui se passe dans mon psychisme, et encore une fois, ma conscience réfléchie est sollicitée : je vais devoir m’éloigner de moi-même et procéder à la critique de ce sentiment. Le faux pas est d’envisager que mes émotions sont les causes de mes réactions et d’ignorer l’inconscient. Ce dernier est pour Freud une réalité psychique qui fonctionne d’une manière propre à lui-même et indépendamment de moi. Les phobies et les complexes sont des manifestations de l’inconscient qui sont encore bien difficile à expliquer sans une étude poussée de soi.

       Mais si ma conscience spontanée ne me permet pas de me connaitre parfaitement, qu’est-ce qui pousse les philosophes à entreprendre une connaissance de soi parfaite ? Si ces philosophes ont entrepris cette quête, c’est que la conscience immédiate n’est pas la seule à nous permettre de nous connaître mieux. C’est à ce moment-là qu’intervient la conscience réfléchie. C’est cette conscience qui me donne la capacité d’analyser mes actions et émotions pour les comprendre, les analyser ou même les juger. Or plusieurs obstacles se dressent aussi face à cette conscience réfléchie. Le premier obstacle est la proximité : le fait que nous devons nous juger de nous-même rend difficile cette prise de conscience. Mais cette prise de conscience est importante car elle nous permet d’expliquer d’où viennent nos réactions. Beaucoup de philosophe refusent de décrire la conscience immédiate comme connaissance de soi, comme par exemple Spinoza, philosophe du 17ème siècle, qui la considère comme source d’illusion. En effet, grâce à la conscience spontanée, nous avons une vision, un jugement, sur le monde immédiatement, sans provoquer de réflexions. Or, le monde n’est autre qu’une construction d’illusions que notre conscience rend plus encore illusoire. Car lorsque je vois un objet, la vision que j’en ai dépend de mon état de conscience à ce moment-là, de mon caractère, ou même encore de mon inconscient (resté inconnu pendant longtemps, il fait lui-même partie des illusions du monde car il était resté « caché » à nos yeux). D’autres facteurs peuvent nous tromper, comme la mémoire qui déforme nos souvenirs et qui agit quand nous faisons appelle à notre conscience réfléchie. Si je veux me rappeler d’une fête de Pâques de mon enfance, ma mémoire aura gardé les souvenirs de la chasse aux œufs, du chocolat et du repas de famille, mais peut-être pas celui, moins agréable, de la crise de fois qui a suivi. Notre conscience subit alors des illusions à deux niveaux différents : au niveau du monde que nous percevons, mais aussi au niveau de notre conscience même qui créé de nouvelles illusions.

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