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La comédie châtie les mœurs en riant

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Par   •  23 Janvier 2022  •  Dissertation  •  2 354 Mots (10 Pages)  •  819 Vues

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Dissertation

        Molière, dans le placet représenté au roi sur la comédie Tartuffe (1664) écrit : « Le devoir de la comédie est corriger les Hommes en les divertissant ». Vous en discuterez dans un développement argumenté sur Le Malade Imaginaire et les autres textes étudiés dans le cadre du parcours « Spectacle et Comédie ».  

                     La comédie fonctionne sur le registre de l’humour, du comique. La définition du mot « comique » renvoie en effet à tout ce qui « provoque le rire, et qui appartient à la Comédie ». Autrement dit, le comique est nécessairement lié au rire et plus largement au divertissement. Le roi Louis XIV aime se divertir et divertir la cour avec des ballets ou bien des pièces de théâtre. Les comédies de Molière comme le Malade Imaginaire qui est l’une des favorites du roi, en sont un exemple. Ce dramaturge français s’inspire du genre de la farce notamment des pièces italiennes : la Commedia dell’arte. Cependant, le principal but de la comédie n’est- il que de divertir et amuser ? Les auteurs qui nous font rire ne veulent-ils pas nous éduquer ou nous corriger sur ce qui ne va pas dans notre monde ? Nous verrons dans un premier temps que, certes, la comédie apparaît comme un pur divertissement proposé au spectateur, mais nous nous demanderons ensuite si, malgré tout, elle n’offre pas aussi une critique, voire une correction de la société et/ou des Hommes.

              La comédie étant née de la farce, elle propose un spectacle humoristique pour nous divertir. D’ailleurs l’étymologie du mot « comédie », comme nous venons de le voir, le montre bien. Par ailleurs elle suscite aussi un certain plaisir théâtral. En effet, pour Louis XIV et sa cour au XVIIIe siècle, assister à une comédie était un moment de divertissement et d’allégresse. A cette époque, les personnes allaient voir une pièce de théâtre comique d’un esprit léger puisqu’elle propose principalement des dénouements heureux. Le spectateur sait que tout finira par s’arranger, il peut rire sans penser à ses problèmes et apprécier le moment.

              Dans une comédie, le dramaturge ne se limite pas seulement à une situation amusante, il étend le comique en apportant des situations grotesques comme des quiproquos qui rendent la pièce encore plus drôle. Les dénouements, les rebondissements inattendus, toutes ces intrigues exagérées font rire grâce à ce comique de situation. En variant l’utilisation des différents procédés humoristique, les auteurs permettent aux spectateurs de s’échapper d’une certaine réalité. La pièce de théâtre Le Malade Imaginaire de Molière en est un bon exemple car Toinette, la servante, à plusieurs reprises outrepasse son rôle face à son maître Argan. Lors de la scène 2 de l’acte I, elle dirige toute la conversation et elle énerve son maître jusqu’à le pousser hors de lui. Elle aime se jouer de lui et le faire tourner en bourrique. Le maître est soumis à sa servante ce qui amène le rire. De plus, dans Les Fourberies de Scapin, les coups de bâtons donnés par Scapin à son maître caché dans un sac, durant la scène 2 de l’acte III, provoquent aussi le rire général. Ici les rôles sont inversés ; au lieu que le maître bat son valet, c’est le valet qui roue son maître de coups par traîtrise et ceci déclenche le rire des spectateurs. « Il donne plusieurs coups de bâton sur le sac. » Par ailleurs, le dramaturge étend aussi la dimension humoristique grâce au comique de geste. Les mimiques, la gestuelle des personnages exprimés soient par les didascalies lors de la lecture soient par les comédiens lors de leur représentation, suscitent aussi le rire. Une gestuelle déterminée et excessive permet d’être reconnaissable et identifiable de tous. Effectivement, lors de la scène 5 de l’acte I du Malade Imaginaire, Argan poursuit sa servante Toinette avec son bâton à la main. Les didascalies montrent bien le dynamisme apporté par tous ces mouvements :

« Argan, courant après Toinette

Ah ! Insolente, il faut que je t’assomme.

Toinette, se sauve de lui

Il est de mon devoir de m’opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer

Argan, en colère court après elle autour d’une chaise son bâton à la main

Viens, viens que je t’apprenne à parler. »

Enfin, le comique des mots a aussi une place très importante dans le divertissement que procure les comédies. Au théâtre, la volonté d’amuser peut-être montrer par le langage employé dans les différentes répliques : les répétitions, les contresens, les mots vulgaires et trop savants ou ceux mal prononcés s’accumulent pour amplifier le comique. Dans cette même pièce, Argan demande à Toinette dans la scène 2 de l’acte I, si son lavement a été efficace. Cette dernière, réplique par un jeu de mots « c’est à monsieur Fleurant d’y mettre son nez ». « Fleurant » venant du verbe fleurer, il s’allie avec « nez » pour faire rire.  La comédie a donc pour première fonction de provoquer le rire. Cependant, d’autres aspects de la dimension comique peuvent susciter le divertissement du spectateur.    

             

              Ainsi, la comédie met en scène des sujets légers par opposition au sérieux de la tragédie par exemple ; des personnages ordinaires, principalement des bourgeois, sont représentés dans des situations quotidiennes ou légères. La scène 1 de l’acte I de Tartuffe de Molière est un bon exemple car nous sommes témoin d’une dispute d’une famille bourgeoise moyenne. Madame Pernelle, qui est la mère d’Orgon est déçue et en colère face au train de vie que mènent ses petits-enfants. « Que d’eux je me délivre » dit-elle dès le début de la scène ; en effet, Molière pose dès le départ les spectateurs dans l’histoire, il capte leur attention car ils voudront comprendre les raisons de cette soudaine colère par la suite. De plus, la comédie s’appuie sur différents arts comme le ballet et la musique. Ces comédies, appelées comédie ballet, permettent d’interpeller tous les sens du public, de les émerveiller et d’apporter de la joie. Par exemple, la comédie ballet Le Malade Imaginaire, intègre justement ces moyens artistiques : elle est composée de trois intermèdes. Ils animent la pièce entre chaque acte comme le montre la didascalie d’entrée du deuxième intermède : « Le frère du Malade imaginaire lui amène, plusieurs Egyptiens et Egyptiennes, vêtus en Mores, qui font des danses entremêlées de chansons. » Par ailleurs, le plaisir théâtral naît aussi d’une certaine illusion : la mise en abyme.  Le théâtre se met en scène dans le théâtre lorsque les comédiens joue eux-mêmes la comédie sur la scène. Le divertissement du spectateur repose sur ce processus qui permet d’apporter une nouvelle dynamique pour rythmer la pièce et faire jubiler le spectateur. Dans l’acte I scène 6 du Malade Imaginaire, Toinette met justement en place ce mécanisme quand elle se déguise en médecin et joue donc un nouveau rôle. Elle se dédouble face aux yeux du spectateur : « Je suis médecin passager » dit-elle à Argan en voulant l’examiner. On peut aussi prendre comme exemple la pièce la Dame de chez Maxim de Georges Feydeau qui présente aussi une abyme dans la scène 7 de l’acte I. La Môme incarne un metteur en scène, Mme Petypon qui n’est pas au courant de la tromperie de son mari incarne le spectateur et Mongicourt et Petypon font office de figurants car chacun répète ce que dit l’autre. Le spectateur peut donc apprécier une comédie pour sa richesse théâtrale. Néanmoins, il peut aussi voir ou lire la comédie sous un autre angle et trouver une dimension critique qui amène à la réflexion.

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