La Princesse de Clèves (Duc de Nemours)
Fiche de lecture : La Princesse de Clèves (Duc de Nemours). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 1foisbb • 16 Novembre 2019 • Fiche de lecture • 2 356 Mots (10 Pages) • 1 077 Vues
Commentaire composé
« Entrée de New York sous l’orage »
Concentration d’artiste du monde, New York, pendant la seconde moitié du XXe siècle se voit comme le nouveau Paris pour les artistes contemporains. Quand bien même elle ne vécut jamais là-bas, la fascination que procure cette métropole de l’est Américain n’échappera pas aux yeux d’Andrée Chedid, qui dans ce poème entreprend une description de cette dernière. « Entrée de New York sous l’orage », est un composé de neuf strophes et écrit par Andrée Chedid, une artiste poète de nationalité française ayant des origines syro-libanaises. Le poème étudié, est extrait du recueil « Poèmes pour un texte » (1991), et traite de thèmes essentiellement centrés sur la modernité de par l’urbanisme ainsi que la solitude urbaine, par le biais d’une description de New York avec un ton intimiste voir même lyrique. Nous pouvons ainsi considérer ce poème comme étant de la poésie moderne, étant donné qu’il n’existe pas de réel mouvement littéraire précis à l’époque de sa publication.
L’optique de ce commentaire composé est de comprendre en quoi cette description est à la fois moderne, intimiste et évoque la solitude urbaine. Pour faire ainsi, nous divisons cette étude en trois parties distinctes. Dans un premier lieu nous verrons comment la description présente dans ce poème peut être qualifiée de moderne, de par sa forme et son cadre. Ensuite, nous nous pencherons sur l’aspect subjectif du poème, qui crée une description tantôt intimiste que empirique. Enfin, nous étudierons l’autre grand thème de ce poème, qui est l’expression de la solitude urbaine.
Ce poème, bien qu’il soit lyrique, personnelle ou sentimentale, est aussi et surtout une description intimiste de New York. Voyons dans ce premier axe en quoi il s’agit d’une description et pourquoi cette dernière est qualifiée de “moderne”.
Nous qualifions de poèmes « modernes », les poèmes ne respectant pas, ou seulement partiellement, des règles standardisées de la poésie (tel qu’une métrique homogène, la présence de rimes, des strophes régulières ou encore de forme générale du texte) instaurées pendant la période du classicisme notamment. « L’art poétique » de Boileau instaure un certain nombre de ces règles par exemple. «Entrée de New York sous l’orage », ne suit aucun de ses standards. En effet, nous remarquons que le poème, quand bien même il est composé de strophes, n’a pas un nombre de vers par strophe constant et ne suit pas un style précis tel un sonnet ou une chanson. Alors que la première strophe est un quatrain, la suivante est-elle un quintile, la troisième un tercet et ainsi de suite. Notons également que les vers sont irréguliers, le nombre de pieds change d’un vers à l’autre, il s’agit d’hétérométrie. Les rimes sont eux aussi très irréguliers. En effet, mis à part au sixième vers, où l’on remarque un quatrain avec des rimes suivies, ces derniers sont inexistants. Enfin, remarquons qu’il n’existe au cour du texte, absolument aucune marque de ponctuations. Ces irrégularités donnent la sensation d’un désordre à la fois chaotique mais aussi quelque peu organisé, puisque le poème suit tout de même une évolution cohérente. L’absence de toute ponctuation accentue cette impression, en ajoutant une ambiance frénétique au décors. Ces éléments permettent de bien décrire New-York, une ville qui ne cesse de bouger de par sa diversité et son dynamisme effréné. Cela peut rappeler les artistes de New-York de l’époque, tel que Keith Haring par exemple. De plus, la forme du poème fait penser aux calligrammes de Guillaume Apollinaire. Lorsque nous mettons le poème sur le côté, les différentes longueurs des vers dessinent des gratte-ciels et des immeubles, et les sauts de ligne entre les strophes nous rappelles les étroites rues New-Yorkaise.
Dans ce poème, Chedid évoque un cadre (New-York), considéré comme moderne. En effet cette ville du nouveau monde, diffère fortement des villes d’Europe, les villes de ce monde ancien, classique et lassant. Pour caractériser ce monde moderne, la poète va employer un certain nombre de mots faisant référence à des objets appartenant à un monde moderne, tel que : « Gratte-ciel » (v.2), « taxis » (v.11), ou encore « pare-balles ». A ce champ lexicale s’ajoute également des accumulations, plus particulièrement à la quatrième strophe (v.13-v.16) où il est écrit : « Parcours linéaire /Signalisations casquées/Rues sans nom/Exaltation du chiffre ». Ces termes utilisés pour décrire le paysage New-Yorkais s’oppose à ce qui est retrouvé en Europe et en France notamment, où les rues ont un nom et ne sont non pas organisées en “blocs” mais centrées sur des axes (tel que l’Arc de triomphe à Paris par exemple). Enfin, les vers liminaires de ce poème : « la pluie des gratte-ciesl/incise l’averse », créent un paradoxe opposant gratte-ciels et pluie. La pluie, du moins les gouttes d’eau qui la constitue ont deux caractéristiques importantes : elles sont de très petite taille et forment dans l’ensemble, un nombre très conséquent. Ces attributs sont, dans ces vers, attribués aux gratte-ciels, qui dans l’exagération créée par l’opposition entre grand et petit, nombreux et peu nombreux, nous donne cette impression que les grattes ciels sont plus nombreux que l’infinité de gouttes pluie qui sont-elles, véritablement « incisée » par ce nombre immense de gratte-ciels. En outre, tout cela nous donne un visage moderne et différent du monde dans lequel les Français de l’époque vivent. Au lieu d’une ville aux bâtiments historiques et dont les rues et les habitations ont déjà plusieurs siècles d’histoire, on retrouve une ville qui à ses rues numérotées, toutes en blocs, aux immeubles rivalisant avec le nombre de gouttes d’eau que la pluie ne peut produire, et dans l’histoire vient à peine de commencer.
Andrée Chedid n’est pas une cartographe, mais une poète. Face à un paysage urbain, elle magnifie l’anodin et rend personel le quotidien banal de la foule. Dans le cadre d’une description, elle ne se voudra pas empirique, mais lyrique. C’est ce qu’elle fait dans ce texte, en donnant son point de vu intimiste de New-York.
Ce texte, comme nous l’avons répété plusieurs fois précédemment, est une description. Dès lors, nous remarquons que le temps dominant est celui du présent de l’indicatif, pourtant, dans ce texte, ce dernier à une valeur d’énonciation et non pas de description. Il est donc d’autant plus intéressant de repérer le sujet conjuguant ces verbes, puisque ces derniers sont tous des noms communs. Nous comprenons dès lors que ces verbes au présent forment des personnifications, tel que : « la pluie des grattes ciel / incise l’averse »(v.1-v.2), « Les trombes d’eau se rabattent / sur la ville »(v.5-v.6), « La foule /(…)/se délaie dans l’aqueuse grisaille »(v.17-v.19). Par le biais de ces diverses personnification, Chedid souhaite donner à la vie à cette ville un aspect humain, un aspect vivant et surtout un aspect dynamique. Tout comme de par sa forme, le poème retransmet le dynamisme frénétique qui rôde au-dessus des rues de New-York. Au lieu de décrire les attributs empiriques de la ville, Andrée Chedid décrit la sensation que la ville dégage, son énergie. Cette énergie frénétique est aussi retransmise par l’emploie du participe présent « surgissant », qui mêlée aux verbes d’action formant les personnification évoquée précédemment, nous rappelle quelque peu le registre lyrique. En effet le participe présent permet ici de décrire deux actions simultanées. Ceci permet, dans le cadre de la première strophe, de donner non seulement un mouvement global à tout le poème, mais aussi au sujet décrit assidûment dans cette première strophe : les gratte-ciels de New-York. Aux yeux de Chedid, ces gratte-ciels, bien qu’il soit haut et statique, sont aussi source d’une rayonnante énergie.
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