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La Princesse de Clèves

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Par   •  9 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  1 724 Mots (7 Pages)  •  574 Vues

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La Princesse de Clèves

Scène d’espionage

INTRODUCTION :

En 1678 paraît un roman entouré de mystères, anonyme, et original pour l’époque par son court format : quatre tomes et quelques deux cents pages, là où les romans s’écoulaient sur plusieurs milliers de pages. Ecrit par Madame de La Fayette, une figue de la noblesse proche de Madame de Sévigné ou de La Rochefoucault, la Princesse de Clèves rencontre immédiatement le succès. Contant l’histoire tragique d’un amour impossible entre une jeune aristocrate, mariée au Prince de Clèves plus âgé qu’elle, et le duc de Nemours à la cour d’Henri II (1558-1559), l’auteur invente le genre du roman psychologique, et offre évidemment un témoignage des mœurs de son époque à la cour de Louis XIV. (accroche avec informations sur l’oeuvre). 

Le passage étudié se situe à la fin du livre, il annonce le dénouement. M. de Nemours observe la Princesse de Clèves à la dérobée et se rend compte qu’il occupe ses pensées, que leur amour est partagé, qu’ils sont animés par la même passion. 

PBQ : Comment l’auteur nous mène à penser que leur amour est impossible ?

ANNONCE DU PLAN : Tout d’abord, nous montrerons que ce passage est descriptif et réaliste. Ensuite, nous analyserons à l’inverse le caractère idyllique de cette scène sentimentale. Enfin, nous expliquerons comment la distance entre les deux amoureux transparaît dans le texte.

1er Partie :

a) Une description complète. 

  • Passage descriptif avec le temps de l’imparfait : « était »(l.1), « aviat »(l.1), « Il faisait »(l.8), « Elle était »(l.9)…
  • éléments spatio-temporels : « ce jardin »(l.3), « le cabinet »(l.4), « au milieu de la nuit »(l.21), « Il faisait chaud »(l.9). Mise en place d’un cadre et d’une atmosphère. 
  • Description précise des objets l.10 à 19 : « lit de repos »(l.10), « table »(l.10), « plusieurs corbeilles pleins de rubans »(l.11), « canne des Indes »(l.13), « grande table »(l.17), « tableau du siège de Metz »(l.17), « portrait de M. de Nemours »(l.18). Cette accumulation d’objets nous permet d’avoir une vision précise du cabinet de Mme de Clèves. 
  • Enfin, description des personnages, physique pour Mme de Clèves : « si admirable beauté »(l.8), « cheveux confusément rattachés »(l.9), « grâce et douceur de Mme de Clèves »(l.15), psychologique pour les deux : « un trouble et une émotion »(l.5-6) pour M. de Nemours, « les sentiments qu’elle avait dans le coeur »(l.16). 

b) une description organisée. 

  • Point de vue omniscient marqué par le pronom impersonnel « on »( l. 1 et 20), et la distance avec le personnage principal, M. de Nemours, marquée par l’utilisation de la troisième personne du singulier, « il » tout du long. 
  • Cette distance permet de peindre un tableau complet de la scène. En même temps, description qui progresse au rythme de la découverte et des mouvements de Nemours, qui renforce le réalisme. Le lecteur accompagne le personnage. 
  • Structure de la description de l’extérieur vers l’intérieur : à la bordure du domaine « Les palissades »(l.1), entrée dans le domaine « ce jardin »(l.3), à l’intérieur de la maison « le cabinet »(l.4), rapprochement vers Mme de Clèves « il la vit »(l.7), la description de la pièce et des objets, puis de ses sentiments « la passion »(l.19), enfin de ses émotions à lui « hors de lui-même »(l.23), et la peur exprimée dans les trois dernières lignes. 
  • Le texte progresse aussi donc de l’apparence aux sentiments, progression vers l’introspection des personnages, vers leur intimité. 
  • De l’inconscience du départ à l’indécision de la fin : verbes d’action « en se glissant le long des palissades, il s’en approcha… »(l.5), « immobile »(l.23), et les exclamations, qui ressemblent à des questions.

2eme Partie :

a) la figure du chevalier courtois. 

  • Nemours est décrit comme un chevalier, qui affronte les épreuves pour conquérir sa belle : « « Les palissades » sont « forts hautes », il est « assez difficile de se faire un passage » (l.1,2), cependant, il « en vint à bout néanmoins »(l.3). Il se bat donc pour arriver vers elle. 
  • Il apparaît comme un guerrier courageux et accompli : « qu’il avait portées au tournoi »(l.12), « vis-à-vis du tableau du siège de Metz »(l.17) qui est mis en parallèle avec son portrait. Ainsi, il apparaît comme sachant se battre. 
  • Il adore la femme de son cœur, et lui voue une grande admiration : « si admirable beauté »(l.8) hyperbole, « grâce et douceur »(l.15), image classique de la femme, « une personne qu’il adorait »(l.21). 
  • Respect et pudeur dans l’attitude du héros : « Quelle crainte de lui déplaire ! »(l.29). Peur de lui déplaire, de la déranger. Un chevalier courtois, courageux, mais aussi respectueux des femmes, fidèle et amoureux. 

b) Une passion commune. 

  • Amour idéalisé. Comme dit avant, la femme possède toutes les qualités classiques : beauté, grâce, douceur. De plus, l’environnement bucoliqueparticipe à cette vision : répétition du jardin (l.3), « le jardin »(l.26), « le plus beau lieu du monde », hyperbole( l.21). Écrin magnifique pour cet amour si intense et pur.
  • Comme vu au-dessus, position du soupirant transi, avec éloge de sa belle, et mise sur un piédestal : « c’est ce qui n’a jamais été goûté ni imaginé par nul autre amant »(l.23), « On ne peut exprimer ce que sentit M. de Nemours dans ce moment »(l.20), hyperboles qui expriment le caractère unique de son amour inconditionnel pour Mme de Clèves. 
  • Amour réciproque de Mme de Clèves : plusieurs élément relient directement la princesse au duc « c’étaient des mêmes couleurs qu’il avait portées au tournoi »(l.12), la canne (l.13-15), le portrait (l.18), « toute occupée de choses qui avaient rapport à lui »(l.22). 
  • Champ lexical de l’amour dans le passage : « coeur »(l.16), « flambeau »(l.16), « passion »(l.19), « passion »(l.22), « amant »(l.23)

3eme Partie :

a) Le jeu des regards à la dérobée. 

  • omniprésence du champ lexical du regard : « il vit »(l.4), « Il vit », « il la vit »(l.7), « cette vue »(l.8), « remarque »(l.11), « voir »(l.20),  « voir »(l.21), « la voyait », « voir »(l.22), « regarder »(l.24)… Sens pratiquement unique dans le texte. 
  • Regard direct de Nemours. Il observe Mme de Clèves : « il n’eut pas de peine à démêler où était Mme de Clèves »(l.3-4), il la dévisage même « sur son visage »(l.16), c’est encore le regard qui lui fait peur « et de le voir devenir plein de sévérité »(l.30). Peur du regard que Mme de Clèves peut porter sur lui, c’est pourquoi il la regarde caché. 
  • Regard indirect de Mme de Clèves, puisqu’elle voit Nemours à travers des objets : les rubans, la canne. Elle le regarde comme un miroir quand elle voit son portrait. Elle le voit encore dans ses pensées : « se mit à regarder ce portrait avec une attention et une rêverie que la passion seule peut donner »(l.18-19)
  • phrase au centre du texte qui pose tout l’enjeu du regard caché et indirect : «  Voir, au milieu de la nuit, dans le plus beau lieu du monde, une personne qu’il adorait ; la voir sans qu’elle sût qu’il la voyait ; et la voir toute occupée de choses qui avaient du rapport à lui et à la passion qu’elle lui cachait ». Les regards ne se croisent pas tout en existant. 

b) La position inconfortable de Nemours. 

  • Nemours est tel un voyeur, un espion : « en se glissant le long des palissades »(l.5), « Il se rangea derrière une fenêtre »(l.6). Il vole des moments d’intimité de cette femme : « rien sur sa tête, ni sur sa gorge que ses cheveux rattachés »(l.9), alors qu’à l’époque les femmes sortaient évidemment couvertes. Il se permet de le faire d’ailleurs car elle n’a pas de compagnie « Il vit qu’elle était seule »(l.7).
  • Il est pris par ses émotions, et éprouve des difficultés à les contrôler :« avec un trouble et une émotion »(l.5,6), « à peine fut-il maître du transport »(l.8), « hors de lui-même »(l.24), « un peu remis »(l.26). Il est dépassé par ses émotions, et peine à prendre des décisions. 
  • En effet, peur de la réaction de Mme de Clèves, on le voit à la fin dans les dernières lignes : 3 exclamations des lignes 29 à 31, anaphore « Quel », « Quelle », « Quelle », insistance sur ce doute et cette peur. Plusieurs expressions matérialisent ces sentiments : « trouble », « crainte », « peur », ou pour le doute « il crut »(l.26), « pourrait », « serait », « mais » (l.27). Résolution qui paraît immédiatement ébranlée (l.28). 

CONCLUSION :

Ce passage de la Princesse de Clèves ressemble à l’oeuvre. Le réalisme et l’organisation progressive de la description nous offre une plongée dans la psychologie des deux personnages. Dans le même mouvement, l’auteur idéalise la relation platonique et sentimentale des deux amoureux, dans un décor bucolique. Le duc de Nemours prend l’image d’un chevalier courtois des temps passés. Seulement, la relation reste distante, et passe par des regards qui ne se croisent jamais. Cette situation existe d’ailleurs par l’espionnage indiscret du duc, qui n’arrive pas à se décider. (réponse à l’annonce de plan)

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