La Princesse de Clèves
Cours : La Princesse de Clèves. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lonie Wissang • 25 Février 2022 • Cours • 1 532 Mots (7 Pages) • 355 Vues
Autour de 1660, le récit court fait un retour en force et malheureusement, les romans riches et merveilleux de la période précédente déclinent. Certains auteurs comme Mme de La Fayette adoptent les codes du classicisme : le goût pour la mesure, la sobriété et le naturel. Ils simplifient l’intrigue et la situent dans un cadre historique réel. Comme nous le voyons pour cette soliloque, qui est un extrait de La Princesse de Clèves se situant dans les dernières années du règne de Henri II. Mme de Clèves tient un discours résolu et lucide à Mr de Nemours, en femme libre et réfléchie. Nous allons donc nous demander en quoi Mme de Clèves fait-elle des choix en fonction de ses valeurs. Dans un premier temps, nous analyserons l’amour reliant notre héroïne et Mr de Nemours. Puis dans un second temps, la jalousie interférant dans cet amour sera étudiée.
Premièrement, nous verrons le point de vue de Mme de Clèves sur le mariage. Le début du texte donne le ton de la prise de parole de Mme de Clèves. Grâce à « je sais que », elle s’affirme mais émet également d’emblée une objection « Mais ». Son propos repose sur la concession et introduit une réfutation de l’argument, que Mr Nemours utilise pour essayer de la faire flancher. Pour Mme de Clèves, se marier reviendrait à perdre sa liberté fraîchement acquise, comme nous permet de le voir le verbe « savoir » qui, accompagné d’une triple subordination, met en premier plan la liberté de Mr Nemours, libre depuis toujours et ne connaissant pas la contrainte avant sa liberté et la liberté de Mme de Clèves, très récente suite au décès de son époux. Mme de Clèves oppose le passé et le présent, associés à l’amour, au « bonheur », à la « félicité », et le futur possible, où l’amour laisse place à la souffrance et qui est souvent associé à la « douleur mortelle ». La question « Mais les hommes conservent-ils la passion dans les engagements éternels » qu’elle pose, invite à une réponse négative et est presque assénée comme une vérité. Deux notions semblent s’opposer « la passion » et l’éternité « engagements éternels ». Selon elle, la passion ne peut subsister dans les engagements du mariage, et cela ne ferait qu’ajouter à sa propre souffrance.
Ensuite, nous allons analyser les passions reliant Mme de Clèves et Mr Nemours. L’adverbe « néanmoins » à la ligne 25 souligne moins une opposition des deux phrases qu’un renforcement de la valeur sentimentale des propos de Mme de Clèves : la « souffrance » est un mot fort, montrant l’intensité de ses sentiments mais en même temps sa résignation puisqu’elle ne sait même pas si elle « oserait » se plaindre. La plainte est liée aux gémissements, à la souffrance et donc à l’amour extrême. Mais tous ces termes soulignent la partie négative d’un amour trop fort et sincère. Et cette souffrance ne peut naître qu’après une relation officielle. Donc officialiser cette relation avec la mariage, reviendrait à restreindre ses passions et augmenter sa souffrance, pour Mme de Clèves. Elle dit aussi « Rien ne me peut empêcher de connaître que vous êtes né avec toutes le dispositions pour la galanterie » de la ligne 14 à la ligne 15. Avec cette phrase, elle affirme son doute envers l’amour de Mr Nemours. Mme de Clèves sait qu’il aura d’autres « passions » comme il en a déjà eu auparavant.
Enfin, nous allons voir pourquoi Mme de Clèves doute du réel amour de Mr Nemours. Mme de Clèves porte un regard pessimiste sur l’amour, ce qui nous prépare à son augmentation. Avec le terme « miracle » à la ligne 5, le texte nous montre déjà la valeur impossible de cet amour et le fait que Mme de Clèves n’y croit pas beaucoup. La phrase, dans lequel ce mot apparaît, est l’association des deux questions rhétoriques, soulignant le scepticisme de la Princesse de Clèves. Le rappel de son défunt époux montre l’opposition entre cet homme dit « saint » par son attitude de « l’unique homme », ce qui est une exception parmi les siens, et Mr de Nemours, avec sa capacité à aimer pour toujours. Nous voyons dans ce texte, que l’amour est souvent associé à la « douleur mortelle ». L’emploi du conditionnel (« je ferais, je n’aurais pas, je ne ferais plus, j’en aurais »), qui exprime le futur envisagé, renvoie à la crainte de souffrance du personnage et à la « douleur mortelle » de ne plus être aimée. L’amour apparaît comme un sentiment pathétique et tragique, comme une passion renforcée par l’obstacle (métamorphose guerrière sur l’amour) mais éteinte en devenant accessible. Le vocabulaire de Mme de Clèves, comme « je sais que, connaître mon expérience », montre son absence totale d’illusions.
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