La Fontaine, l'Huître et les plaideurs
Commentaire de texte : La Fontaine, l'Huître et les plaideurs. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar narrosse • 27 Mars 2021 • Commentaire de texte • 1 207 Mots (5 Pages) • 493 Vues
LA FONTAINE, L’HUITRE ET LES PLAIDEURS ; FABLES, Livre IX, 9
Jean de La Fontaine, auteur du XVIIème siècle a publié trois tomes de Fables ; elles lui servent à dénoncer certains travers de son temps, le plus souvent à l’aide d’animaux. Son objectif est à la fois de plaire et d’instruire. Dans « L’Huître et les Plaideurs », deux pèlerins se disputent la propriété d’une huître qu’ils désirent manger. Un troisième homme arrive, qu’ils choisissent comme juge pour désigner le propriétaire. Mais cet homme mange lui-même l’huître ? laissant les écailles aux demandeurs.
Comment La Fontaine fait-il une satire de la justice de son temps par un récit comique ?
La fable est écrite comme une scène de théâtre, en quatre mouvements : vers 1 à 4 les personnages découvrent l’huître, vers 5 à 15 chacun expose ses arguments pour se l’approprier, vers 16 à 21 le juge arrive et dénoue la situation en mangeant l’huître, les quatre derniers vers présentent une morale explicite.
Les quatre premiers vers présentent les personnages et mettent en place les circonstances de l’action, le tout sur le mode comique.
« Un jour », « sur le sable », le cadre spatio-temporel est flou pour donner une valeur universelle au récit. Le récit se donne au passé « venait », « il fallut », mais utilise le présent de narration « se rencontrent », « avalent », « montrent » qui donne vivacité et réalité à la scène. La rapidité est donnée également par l’enjambement vers 1 et 2 et le rejet du nom « Une Huître » qui crée un effet d’attente et de surprise. Le décalage entre le verbe « rencontrent », utilisé généralement pour des humains, et l’objet de la convoitise des personnages, une simple huître. La convoitise est amenée par les : qui introduisent le vers 3 où les pèlerins sont mis en mouvement, leurs gestes étant exprimés dans une structure en chiasme. « l’avalent des yeux, du doigt ils se la montrent », l’inversion du nom « yeux » et du verbe « avalent » introduit un comique de geste, doublé d’un comique de caractère qui met en évidence la gloutonnerie des deux hommes.
Les personnages sont des « Pèlerins » personnes qui font un pèlerinage vers un lieu religieux, mais La Fontaine joue sur le deuxième sens du mot, homme quelconque, désignation donc ironique. La nécessité de la dispute s’impose « il fallut contester ».Le registre comique imprègne cette présentation.
Le deuxième mouvement, vers 5 à 15, présente le litige argumenté entre les deux personnages.
L’échange se fait entièrement au discours direct, dans un dialogue vivant et rapide, sans nuance
La confrontation est notée par l’opposition en début de vers des pronoms indéfinis « l’un », « l’autre » « dit l’autre », et l’expression anonyme« son compagnon ».
Avant la discussion, les deux compères se montrent avides, pressés et violents en gestes « se baissait déjà », « le pousse ». Ce comique de gestes se double d’un comique de mots : l’huître est qualifiée de « proie », montrant une disproportion burlesque.
Les arguments sont sans nuances, affirmés de façon péremptoire, affirmative : « il est bon de savoir », « en sera le gobeur », « l’autre le verra faire », « celui qui le premier a pu l’apercevoir », « j’ai l’œil bon et je l’ai vu avant vous », « et moi je l’ai sentie », toujours avec l’opposition dans les pronoms « qui de nous » « celui qui » « l’autre « , « je l’ai vue » vous l’avez vue », « et moi ». Les pronoms sont interchangeables, les arguments sont vides, spécieux, opposant voir et sentir. Le vocabulaire accentue le ridicule de la querelle « le gobeur », employé dans un double sens par le narrateur : celui qui avale tout rond et celui qui est crédule. La dispute est burlesque.
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