L'autorité en question
Dissertation : L'autorité en question. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hélène Wang • 22 Décembre 2022 • Dissertation • 2 338 Mots (10 Pages) • 247 Vues
Le XVIIIe siècle est un siècle de contrastes marqué par le mouvement philosophique des Lumières. Ce mouvement tire son nom de la volonté des philosophes européens de combattre les ténèbres de l'ignorance par la diffusion du savoir. Confiants en la capacité de l'homme de se déterminer par la raison, les philosophes des Lumières témoignent d'un optimisme, fondé sur la croyance dans le progrès de l'humanité. Certains écrivains de l’époque partagent en partie cette vision optimiste de l’humanité, comme Marivaux par exemple. Dans sa pièce intitulée L’Île des Esclaves parue en 1725, Marivaux adopte une posture humaniste et témoigne d’une croyance en la bonté foncière de l’Homme. Cette vision de l’Homme se reflète notamment dans la scène 10 de la pièce, lorsque Cléanthis affirme “qu’il faut avoir le cœur bon, de la vertu et de la raison ; voilà ce qu’il nous faut, voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu’un homme est plus qu’un autre.” Le valet semble alors promouvoir une vision plutôt progressiste de l’humanité, un homme pouvant devenir “plus qu’un autre”. En effet, un homme peut se distinguer d’un autre et devenir meilleur en ayant “le coeur bon, de la vertue et de la raison”, soit par son humanité, sa moralité et sa raison. Cette attitude étant qualifiée d’estimable et de nécessaire, d’où l’utilisation du verbe “falloir”, l’affirmation de Cléanthis peut être comprise comme un appel au progrès de chacun dans leur moralité. De ce fait, Cléanthis se place en moralisateur : il s’agit de nous inviter à adopter une attitude raisonnée et morale dans l’optique de faire progresser l’humanité dans son ensemble. En ce sens, l’affirmation de Cléanthis présente des similitudes avec l’esprit des Lumières. Le courant des Lumières est marqué par la volonté de faire progresser l’humanité vers le bonheur, le savoir et la liberté en la sortant des ténèbres de l’ignorance. Les philosophes des Lumières amènent les Hommes à une prise de conscience des dérives de la société et les invitent à adopter une posture raisonnée et morale. Mais loin d’avoir pour seul but d’améliorer les cœurs et les esprits de chacun, l’esprit des Lumières aspire à modifier le système en place. Nous analyserons donc en quoi le projet des lumières ne se limite pas à faire progresser l’humain en tant qu’individu mais aspire à une évolution d’envergure sociétale ? Nous verrons tout d’abord que les philosophes des Lumières croient au progrès humain par l’éducation et la raison. (I) C’est donc avec le souci d’éclairer les hommes dans leur quête de bonheur qu’ils les amènent, par une prise de conscience des dérives de l’époque, à adopter une posture raisonnée de tolérance et d’humanité. (II) Or, le combat des Lumières ne se limite pas à changer les cœurs et les esprits de chacun : il s’agit de changer le système pour tendre vers une société qui respecte les libertés et les droits fondamentaux de tous. (III)
Les philosophes des Lumières ont foi en la possibilité d’améliorer la condition humaine par l’émancipation de la pensée, l’éducation et la raison et croient au progrès continu de l’humanité vers le bonheur.
En effet, les philosophes des Lumières croient au progrès de l’humanité par l’émancipation et l’autonomie de la pensée. Dans son ouvrage “Réponse à la question, qu’est ce que les Lumières?”, Kant définit les Lumières comme étant “la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable”. Selon lui, la plupart des Hommes choisissent de rester sous une tutelle par facilité. Or, cette tutelle les rend incapables d’exercer leur raison et leur propre entendement. Même si cela peut sembler fastidieux, les philosophes des Lumières nous appellent à sortir de cette tutelle et nous invite à nous servir de notre propre entendement pour progresser (“Sapere Aude, telle est la devise des Lumières”). Ainsi, les Lumières cherchent à améliorer la condition humaine en émancipant leur pensée.
Or, ce progrès vers l’autonomie de la pensée ne peut être atteint qu’à travers le savoir. En effet, c'est par le savoir que l’on peut penser par soi-même et faire preuve d’esprit critique face aux préjugés de l’époque. Les philosophes des Lumières portent alors un intérêt particulier pour les savoirs et croient au progrès de l’humanité par sa transmission, le savoir permettant d’éclairer les Hommes en les sortant de l’obscurantisme et de l’ignorance. C’est dans cette esprit que Diderot, accompagné de plusieurs philosophes rédigent l’Encyclopédie, œuvre majeure du siècle des Lumières. Ce projet a pour objectif de rassembler en un seul ouvrage toutes les connaissances anciennes et actuelles dans l’optique de rendre le savoir accessible à tous.
En plus de s’appuyer sur les savoirs de l’époque, les Lumières nous invitent à réfléchir en s’appuyant sur la raison humaine. Les philosophes cherchent à raisonner les hommes afin de les libérer de cette tutelle dont ils sont eux-mêmes responsables. Il s’agit d’un réel travail de l’esprit où tout doit être remis en question sous le crible de la Raison. Voltaire nous initie notamment à cette posture de prudence à travers son œuvre Micromégas. “Micro” et “Méga” renvoient à la notion de relativité du monde qui fait l’objet d’une réflexion philosophique développée tout au long du conte. Dans son œuvre, Voltaire nous invite à un raisonnement par observation, doute et humilité où l’on doit faire preuve d'esprit critique et d’incrédulité. Ainsi, il “faut avoir de la raison” et surtout s’appuyer sur la raison pour exercer son esprit critique et penser par soi-même.
Les Lumières croient au progrès continu de l’humanité vers le bonheur par l’émancipation de la pensée, la transmission du savoir et l’utilisation de la raison. Chaque individu est donc capable de progresser et de “devenir plus qu’un autre” en faisant usage de son propre entendement. C’est donc dans cette volonté d’améliorer la condition humaine que les Lumières prônent un esprit de tolérance, d’humanité et de raison en dénonçant les défaillances sociétales de l’époque.
En raisonnant sur les problématiques de l’époque, les philosophes des Lumières nous invitent à adopter une conduite morale et raisonnée. A travers leurs écrits, ils cherchent à raisonner les Hommes en luttant notamment contre l’obscurantisme, le fanatisme et les abus de pouvoir des institutions de l’époque.
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