Incipit, Un barrage contre le pacifique, Marguerite Duras
Commentaire de texte : Incipit, Un barrage contre le pacifique, Marguerite Duras. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Yanis Berradj • 18 Juin 2017 • Commentaire de texte • 3 073 Mots (13 Pages) • 5 278 Vues
Support : incipit de « Il lui avait semblé » jusqu’à « mauvaises idées.
Démarche de la séance :
Rappel sur les fonctions d’un incipit de roman
La tradition littéraire = entrée dans la fiction romanesque par :
-Fonction informative sur :
Le cadre spatio-temporel
Les personnages (caractères, situation sociale).
Mise en place de l’intrigue
-Fonction programmatique = annoncer, mettre en place les thèmes clés qui jalonnent l’œuvre.
-Fonction dramatique = mise en place de l’intrigue
-Répondre à l’horizon d’attente du lecteur / susciter la curiosité.
Contexte de l’écriture
-Dimension autobiographique = enfance de la romancière en Indochine.
-Univers exotique
-Suzanne, personnage romanesque qui correspond à la vie de la romancière.
Situation du passage
-Début in média res : lecteur directement plongé dans l’action
-3 personnages : la mère, le fils, la fille.
-Achat et mort d’un cheval.
Problématiques possibles
1)Dans quelle mesure cet incipit romanesque est-il déroutant, original pour le lecteur ?
2)Comment cet incipit déroutant laisse-t-il présager la suite de l’histoire ?
3)Comment l’auteur incite-t-elle le lecteur à entrer dans la fiction romanesque ?
4)Quelle image des personnages et de l’homme cet incipit expose-t-il ?
5)Pourquoi peut-on dire que cette première page de roman a une dimension programmatique ?
6)Cet incipit de roman répond-il aux attentes du lecteur ?
7)Quelles sont les fonctions de cet incipit romanesque ?
8)Pourquoi peut-on dire que cet incipit est efficace pour faire entrer le lecteur dans la fiction du roman ?
9)Comment cet incipit, tout en annonçant les thèmes de l’œuvre, place d’emblée le lecteur dans une réflexion sur la condition humaine et sur le monde ?
Les grandes idées directrices :
I)Originalité de l’incipit (Quoi ?)
1)Un début in media res
2)Une écriture particulière / un style proche de l’oralité
3)L’absence / le refus de la description réaliste et de l’incipit balzacien traditionnel.
II) La dimension programmatique (Comment ?)
4)Les thèmes présents
5)Les thèmes en devenir / esquissés
III) La réflexion sur l’homme (Pourquoi ?)
6)L’échec face à l’espoir
7)La volonté d’agir
I)Le caractère déroutant mais efficace dans l’incipit (Quoi ?)
Un début in media res
-Le lecteur est directement plongé dans la fiction romanesque : la 1ère phrase de l’extrait en témoigne :
Usage du pronom référentiel « leur »
Indice numéral « tous les 3 »
-Absence de référent précis
-Pas de description précise du lieu, ni d’époque claire, nous plongeons directement dans le récit de l’action rapportée par un narrateur omniscient : une voix narrative qui commente l’action passée :
Usage du plus que parfait « avait semblé »
Utilisation de la modalisation épistémique
Tournure impersonnelle « il leur avait semblé ».
-La voix narrative commente les impressions et sentiments des personnages ou l’action accomplie.
-Ce n’est que dans la suite du texte qui se construit au fur et à mesure de la lecture que le lecteur recompose le sens et fixe le cadre.
-L’originalité de l’incipit tient au désir d’imprécision = refus de la tradition = volonté de rendre le lecteur actif dans sa lecture et de procéder à un travail de composition et recomposition du sens.
-Lecteur placé en déroute par cette imprécision
Aucune indication d’époque, de date
Rien de précis quant à la localisation
-Le narrateur laisse cependant aux lecteurs quelques indices qui participent à la construction du cadre spatio-temporel.
1)La localisation
-Pas de description réaliste précise mais plutôt symbolique.
Complément circonstanciel de lieu « à Ram » pas une ville connue mais plutôt un nom forgé sur celui d’une ville réelle = Réam, ville du Cambodge : le lecteur est ainsi plongé dans un espace exotique, évocation d’un ailleurs, du voyage, par phénomène d’écho implicite à la mention du titre « Pacifique ». Mais un espace plus symbolique que réaliste. Nous entrons dans un espace-temps qui est celui de la fiction romanesque.
Lieu symbolique clairement dessiné = celui de la plaine, repris deux fois « coin de plaine saturé ». Caractérisation : un espace clos.
Répétition du terme « coin » + « jusqu’à » adverbe. Souligne l’isolement des personnages.
Impression d’être au bout du monde // avec le titre.
Métaphore de la plaine associée à celle du « désert », « où rien ne pousse ».
Espace clos où les personnages
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