Incipit Madame Bovary
Commentaire de texte : Incipit Madame Bovary. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 123Coffee • 1 Décembre 2019 • Commentaire de texte • 1 071 Mots (5 Pages) • 938 Vues
Lecture analytique : Flaubert, Madame Bovary, (1847)
Problématique : Comment le personnage est-il introduit dans cet incipit ?
- Un incipit dynamique
A. Un début in media res
- alternance de récit et de description
- alternance de narration et de discours direct
Contrairement à certains romans réalistes comme le Père Goriot, le roman ne s'ouvre pas sur une longue description du cadre et des personnages.
B. Un début théâtralisé qui rappelle la scène d'exposition
- décor : salles d'étude et de classe
- personnages : nombreux (proviseur, maître d'études, écoliers, professeur...) mais pas le héros éponyme (à l'instar du théâtre classique)
- costumes : la tenue et plus particulièrement la casquette
- le registre comique : de geste (« sa casquette tomba » l30) , de mots (« votre casque » l32), de situation (l'entrée en scène du nouveau).
C. Un dévoilement progressif
Charles Bovary n'est pas entièrement révélé dès le départ mais on le découvre peu à peu :
- une entrée discrète : « à demi-voix » L5, « on l'apercevait à peine » L7
La découverte semble s'effectuer à travers d'un (ou des?) écolier : focalisation interne
->Permet l'immersion, la connivence avec le lecteur et l'utilisation du langage de l'écolier (cf les italiques : mots empruntés au vocabulaire des écoliers)
- Les informations sont partielles : (« un gars de la campagne, d'une quinzaine d'années environ » L7-8, « devait le gêner » L10, « soit qu'il n'eût pas remarqué... ou qu'il n'eût osé » L20)
- Les descriptions se succèdent (physique, attitude, casquette) avant que le personnage de Charles ne s' « éveille » enfin à la vie et prenne la parole.
- Les informations qui parviennent au lecteur sont également partiales car dès le début, le jugement négatif du narrateur se fait ressentir : « Il avait les cheveux coupés droit sur le front, comme un chantre de ville, l'air raisonnable et fort embarrassé » → Charles ne correspond à l'image du « bon » camarade, chahuteur et qui dort pendant l'étude.
- Le portrait d'un antihéros
A. Un personnage inadapté
Charles apparaît comme toujours en décalage et marqué par des contradictions qui l'empêchent de trouver sa place.
- sa tenue : il porte des habits de bourgeois (bas, veste, …) mais est décrit comme un « gars de la campagne » (il a les « poignets rouges », des souliers « mal cirés »). Il n'est clairement pas à l'aise dans cet habit trop petit pour lui.
- son appartenance au groupe : Il ne semble pas appartenir à ce groupe dont il diffère physiquement : « plus haut de taille qu'aucun de nous tous » L8 ; « il passera dans les grands, où l'appelle son âge » L6. Il est isolé comme le rappelle sans cesse la répétition de « nouveau » et Charles est réticent s'associer au « nous » : « le maître d'études fut obligé de l'avertir, pour qu'il se mît avec nous dans les rangs » L16.
B. Un personnage ridicule
- La tenue de Charles tient du costume de perroquet : alliance malencontreuse de nombreuses couleurs, sans aucune harmonie (L10 à 12 : vert, rouges, bleus, jaunâtres (suffixe péjoratif) ). Les bas féminisent le personnage et créent un contraste grotesque avec la grossièreté des « souliers forts, mal cirés, garnis de clous ».
- La timidité et le malaise de Charles pourraient provoquer la pitié du lecteur, mais c'est la bêtise du personnage qui ressort de ce portrait.
Il est incapable d'initiative personnelle : L14-15 « Il les écouta de toutes ses oreilles, attentif comme au sermon, n'osant même croiser les cuisses, ni s'appuyer sur le coude » (le sérieux de Charles est moqué par l'hyperbole « toutes ses oreilles » qui lui confère un aspect monstrueux et ridicule, la comparaison et la répétition de la négation qui souligne son incapacité à agir).
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