Guy de Maupassant
Fiche de lecture : Guy de Maupassant. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Matthis03 • 10 Avril 2022 • Fiche de lecture • 2 797 Mots (12 Pages) • 557 Vues
Perrot-Bosselet 04/04/2022
Matthis
BTS MCO
Fiche de lecture
Une vie, Guy de Maupassant
PRESENTATION DE L’AUTEUR
Guy de Maupassant est un écrivain et journaliste littéraire français né le 5 aout 1850 en Seine-Inférieure et mort le 6 juillet 1893 à Paris. Lié à Gustave Flaubert, Maupassant a marqué la littérature française par ses six romans dont Une vie en 1883, Bel-Ami en 1885 et Pierre et Jean en 1887-1888. Guy de Maupassant, disciple de Zola, est surtout célèbre pour ses nouvelles de veine réaliste, parfois intitulées contes, comme Boule de Suif en 1880 ; elles sont souvent situées dans sa Normandie natale (La Maison Tellier) ou fantastique (Le Horla). Dans sa préface au roman Pierre et Jean, Maupassant présente les caractéristiques du réalisme et du naturalisme et analyse le rapport singulier que les romanciers appartenant à ces écoles, véritables « illusionnistes », entretiennent à la réalité : « Le romancier, au contraire, qui prétend nous donner une image exacte de la vie, doit éviter avec soin tout enchainement d’évènements qui paraitrait exceptionnel. ». Il aime la concision et propose des textes aérés avec des dialogues dynamiques et des phrases courtes sans longues descriptions. Écrivain reconnu de son époque, Maupassant aura marqué son siècle malgré sa courte carrière. Il est par ailleurs l’un des romanciers français dont les œuvres sont les plus adaptées à l’écran. Parmi la centaine de ces adaptations, on peut citer Une vie, adaptée pour la première fois au cinéma en 1958 par Alexandre Astruc et récemment de retour sur grand écran grâce à l’adaptation de Stéphane Brizé en 2016.
PRESENTATION DE L’ŒUVRE
D’abord publié sous forme de feuilleton dans le journal quotidien Gil Blas, Une vie paraitra en livre plus tard sous le titre de L’Humble Vérité. Une vie, titre minimal, sans sujet, sans complément. Une vie parmi d’autres ; n’importe laquelle, celle de n’importe qui. Entre le titre et la fin se déroule l’histoire d’une vie moyenne. C’est l’histoire d’une série de deuils : une jeune fille, Jeanne, sort du couvent, se marie, découvre la jouissance sexuelle, mais, découvrant aussitôt que son mari désire ailleurs, elle en fait le deuil ; elle perd sa mère, son époux, son fils part au loin, son père meurt, et, ruinée, elle doit quitter le château familial aussi, le lieu où gisent ses souvenirs. « La fatalité s’est acharnée sur ma vie » conclut-elle. Pourtant, le roman se termine par la naissance d’une petite fille, d’une nouvelle vie. Lorsque le deuil est mort, lorsque la perte n’est plus qu’un souvenir dont, peu à peu, on se sépare, on s’ouvre à l’espoir. Une vie est un roman de deuil. C’est pourtant le premier roman de Maupassant, commencé par un débutant promis à des grands espoirs et terminé par un écrivain qui vient d’accéder au plein épanouissement de ses forces créatrices. C’est à sa grisaille et sa lenteur qu’Une vie doit sa réputation de roman naturaliste exemplaire. Mais c’est grâce au dépassement du deuil, sa sublimation, que Maupassant parvient à réaliser un des grands idéaux esthétiques de son époque : du titre à la dernière page, il démontre la valeur significative de l’insignifiant, il dote de profondeur la banalité en décrivant la condition morale et conjugale de la femme dans cette société du début du XIXème siècle.
ANALYSE DU THEME « DANS MA MAISON »
Le roman commence avec Jeanne quittant le couvent, les espoirs de la jeune femme sont immenses, elle aspire désormais à la liberté « Jeanne, sortie la veille du couvent, libre enfin pour toujours, prête à saisir tous les bonheurs de la vie dont elle rêvait depuis si longtemps » (Chapitre I). Le couvent se présente ainsi comme symbolique de l’enfermement et de l’ignorance dans laquelle on garde les jeunes femmes par rapport au monde. Il s’agit d’une naïveté et d’une ignorance qui présage déjà combien il sera difficile pour Jeanne de se remettre des deuils et des malheurs « Elle sortait maintenant du couvent, radieuse, pleine de sèves et d’appétits de bonheur, prête à toutes les joies, à tous les hasards charmants que dans le désœuvrement des jours, la longueur des nuits, la solitude des espérances, son esprit avait déjà parcouru » (Chapitre I).
Cette aspiration à la liberté et au bonheur est ensuite caractérisée justement par l’acquisition de la maison des Peuples, propriété dans laquelle lui est promit un avenir radieux « Elle allait maintenant passer l’été dans leur propriété des peuples, vieux château de famille planté sur la falaise auprès d’Yport ; et elle se promettait une joie infinie de cette vie libre au bord des flots. Puis il lui était entendu qu’on lui faisait don de ce manoir qu’elle habiterait toujours lorsqu’elle serait mariée » (Chapitre I). La demeure, fidèle à l’exploitation des paysages et de l’architecture normande caractéristique des écrits de Maupassant, plait énormément à Jeanne ainsi qu’à son père, le baron, « Jeanne et le baron soupèrent en tête à tête. Ils souriaient en se regardant ; se prenaient les mains à travers la table ; et, saisis tous deux d’une joie enfantine, ils se mirent à visiter le manoir réparé. C’était une de ces hautes et vastes demeures normandes tenant de la ferme et du château, bâties en pierres blanches devenues grises, et spacieuses à loger une race. » (Chapitre I). La longue description de la demeure qui s’ensuit témoigne de cet émerveillement de la jeune femme de se voir doter d’une telle propriété « En apercevant son lit, la jeune femme poussa des cris de joie » (Chapitre I).
Par ailleurs, le récit infiniment naturaliste de Maupassant, ainsi créé par une observation et une documentation profonde des lieux exploités, révèlent les origines de ce nom de la demeure, « Les Peuples », : « Cette espèce de parc était borné à droite et à gauche par deux longues avenues de peupliers démesurés, appelés peuples en Normandie, qui séparaient la résidence des maitres des deux fermes y attenantes, occupées, l’une par la famille Couillard, l’autre par la famille Martin. Ces peuples avaient donné leur nom au château » (Chapitre I). Cette propriété des Peuples se révèlent donc au début du récit comme un lieu symbole d’espoir pour Jeanne, un lieu dans lequel elle projette déjà sa vie et son bonheur « Avec lui elle vivrait ici, dans ce calme château qui dominait la mer. Elle aurait sans doute deux enfants, un fils pour lui, une fille pour elle » (Chapitre I).
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