Fiche analytique, Chacun sa chimère, Charles Baudelaire
Commentaire de texte : Fiche analytique, Chacun sa chimère, Charles Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alice.trolle • 4 Janvier 2018 • Commentaire de texte • 2 142 Mots (9 Pages) • 7 997 Vues
« Chacun sa chimère », Charles Baudelaire,
Le Spleen de Paris, n°6
Ce poème est extrait du recueil Le spleen de Paris, écrit par Baudelaire et publié en 1869, 2ans après sa mort. Baudelaire avait, en effet, commencé à écrire et publié des poèmes, dès 1855, dans diverses revues littéraires avant de les regrouper dans un recueil. Le spleen de Paris, ou de son nom d’origine Petits poèmes en prose, est composé de poèmes en prose et constitue le pendant du recueil en vers Les Fleurs du mal et en particulier de la section « Tableaux parisien
Le XIX° rime avec modernité. C’est le siècle de l’industrialisation, de l’avènement de la bourgeoisie et du capitalisme, mais aussi de l’urbanisation. Les poètes, qui sont aussi des témoins de leur temps, s’ouvrent également à cette modernité tant dans les thèmes qu’ils abordent que dans leurs recherches de nouvelles voies d’écriture poétique. Ainsi, Baudelaire, précurseur du symbolisme, se veut être « le peintre de la vie moderne », titre d’un essai consacré au peintre et dessinateur Constantin Guys, dont il va s’inspirer, qui réussit à saisir dans ses œuvres le spectacle ordinaire de la rue, mêlé de grotesque et de tristesse.
Baudelaire, dans ce recueil aux formes et registres très variés, a pour ambition de « faire tableau » en s’inspirant de la vie moderne, il veut donner à voir une galerie de personnage et de paysage nouveaux. Il renonce à l’Ideal, et opte pour un réalisme inédit en abordant le thème de la ville. Néanmoins, il s’intéresse à une réalité plus ordinaire, celle de la violence, des misères urbaines, de la pauvreté, de la vieillesse, de la prostitution, de tous les marginaux, parias exclus de la société parisienne sous le second empire (1852, Napoléon III, monarchie constitutionnelle) Baudelaire parle alors de Spleen, c’est en quelques sortes l’angoisse générées par cette réalité. Il va ensuite vouloir saisir le mystère, l’étrangeté du quotidien. C’est par cette transfiguration de la ville et de sa misère, que ce recueil annonce des récits surréalistes.
Il s’agit ici du poème n°6, intitulé « Chacun sa chimère ». Cet œuvre onirique et fantastique traite à travers la rencontre du narrateur avec des hommes mystérieux, de la condition de l’homme moderne, de son aliénation, de sa privation de liberté et de son irrévocable renoncement au bonheur. Ce poème semble échapper à la thématique du réalisme urbain, mais en réalité il s’inscrit totalement dans cette logique et dans la modernité du recceuil.
Comment le registre fantastique permet-il d’exprimer le réalisme urbain et de le renforcer ?
D’abord nous nous pencherons sur le registre fantastique du poème puis nous verrons en quoi ce poème est un poème allégorique.
- Le registre fantastique du poème
- Un cadre propice à la manifestation du surnaturel.
Idées | Citations | procédés |
La description du paysage ouvre le poème et insiste sur l’aridité, la stérilité du lieu, sa désolation. C’est un lieu inconnu Un lieu immense, beaucoup d’ampleur On observe la vacuité du lieu Cette désolation est croissante C’est aussi un paysage sans couleur Cet endroit semble rempli de poussière | « Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un charbon, sans une ortie » | On ne peut localiser ce lieu puisque l’auteur utilise des articles indéfinis : « un », « une » Répétition de l’adjectif « grand » La répétition de la préposition « sans » qui caractérise la négation de la nature Gradation dans la privation, on observe d’abord une terre stérile, puis l’absence d’hommes et de leurs inventions, jusqu’à même l’absence de toute végétation même sauvage et hostile. Cette gradation montre la non vivacité de ce lieu, voir même la mort qui hante ce lieu. Utilisation de l’adjectif « gris », fusion du noir et blanc Adjectif « poudreuse », un paysage lunaire minéral. |
Le paysage présenté, prend une dimension irréelle, voir apocalyptique, il évoque la fin du monde. Cette impression de désolation est aussi reprise, approfondie et rendu explicite au 5ème paragraphe par le terme « désolé » utilisé dans la comparaison d’égalité entre le ciel et la terre. (= analogie)
Cette idée de vacuité est à son paroxysme au 6ème paragraphe « s’enfonça dans l’atmosphère de l’horizon, à l’endroit où la surface arrondie de la planète se dérobe ». Ici Baudelaire exprime le néant puisque le ciel et la terre disparaissent. Nous pouvons alors dire qu’il y a une gradation dans la description du lieu et de sa désolation, en effet on passe d’un lieu désolé, au ciel et à la terre désolée jusqu’à la disparition totales de ces espaces. Le terme « planète » donne à cette désolation un caractère universelle.
Dans la suite du poème, ce paysage devient lui-même fantastique. Il est personnifié à travers la phrase « sous la coupole spleenétique » puisque l’adjectif spleenétique renvoie à la mélancolie, cela signifierait que le ciel éprouve des sentiments et est donc vivant. De plus cette idée de spleen est reprise par le nom « coupole », qui symbolise l’enfermement, l’étouffement, l’écrasement et par l’allitération en « s » qui évoque l’idée d’angoisse. Le terme « désolé », vu juste avant, peut-être à la fois pris au sens propre, c’est un paysage désertique mais aussi au sens figuré c’est un paysage qui engendre le mal-être, le spleen.
Par ailleurs ce paysage fantastique, de désolation symbolise le paysage mental, intérieur du poète, c’est donc une métaphore.
Ainsi ce paysage, qui lui-même devient surnaturel, fantastique par son caractère inanimé, apocalyptique est propice à une intrusion surnaturelle.
- L’intrusion du surnaturel :
L’intrusion du surnaturel se fait avec la description des Chimère. Il faut savoir que la Chimère est un motif courant du fantastique et que ce mot à deux sens. Au sens propre c’est un monstre mythologique composé d’une tête de lion, d’un corps de chèvre et d’une queue de dragon au sens figuré, c’est un synonyme d’illusion. Baudelaire va jouer sur ces deux chances.
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