Explication linéaire Lettres persanes 161
Fiche : Explication linéaire Lettres persanes 161. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Player Du • 20 Mai 2021 • Fiche • 989 Mots (4 Pages) • 1 707 Vues
Lignes | Procédés | Analyse |
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1-2 | Adverbe « oui » | La lettre qui commence par ce terme prend la forme d’une réponse, et vient confirmer ce que le lecteur a déjà appris dans la lettre 159 de Solim à Usbek, datée du même jour que celle de Roxane : on sait donc qu’Usbek n’est pas encore au courant… Cette affirmation brutale constitue donc un coup de théâtre, qui vient détruire toute la confiance et l’espoir qu’Usbek plaçait dans la vertu de sa favorite… |
Asyndète | Suite de propositions courtes, juxtaposées par des points virgules, ayant le pronom « je » pour sujet : accumulation de tous les crimes que Roxane avoue sans hésiter. Elle devient le sujet de verbes d’action, montrant par là un renversement de la situation. Elle reconnaît sa duplicité avec le verbe « je me suis jouée ». Usbek se retrouve en position d’objet, comme le montrent les pronoms de la deuxième personne en fonction de COD. | |
Antithèse entre « affreux sérail » et « lieu de délices et de plaisirs » | Roxane revendique ses actes au nom du plaisir et de la liberté, qui viennent contrebalancer le caractère « affreux » de la domination et de la répression exercée par Usbek. | |
3-6 | Verbes au futur proche : « je vais mourir » et « le poison va couler dans mes veines » | Deuxième révélation cruelle pour Usbek : Roxane annonce son suicide et sa mort imminente. Elle prend en même temps la dimension d’une héroïne tragique : le processus est enclenché, la fatalité est en marche vers la mort (verbes au futur proche). |
Question rhétorique « Que ferais-je ici…. » « le seul homme » | Justification du suicide : son amour pour un autre homme, exécuté par les eunuques. | |
Polyptote : je vais mourir puis je meurs | La mort se déroule comme sous nos yeux avec le verbe au présent. Dramatisation de la mort, qui s’accomplit « sous nos yeux ». | |
Euphémismes : mon ombre s’envole + je viens d’envoyer devant moi…. | La mort est euphémisée, ainsi que les meurtres qu’elle avoue ici. Retenue toute « classique » qui la fait accéder à la dimension d’héroïne tragique | |
Superlatif « le plus beau sang du monde » | Insistance sur son amour coupable qui acquiert une légitimité par la force des sentiments exprimés… | |
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7-8 | Question rhétorique + tournure restrictive « que je ne fusse dans le monde que pour » | Met en relief la naïveté et l’aveuglement du tyran, en rejetant l’adjectif « crédule » sur lui. Les « caprices » rappellent le caractère infondé du pouvoir tyrannique, et la tournure restrictive insiste sur son aveuglement, consistant à croire qu’il peut maîtriser jusqu’aux sentiments des autres… |
2ème question rhétorique : « que pendant que tu te permets tout… ». parallélisme « tout » et « tous » | « pendant que » exprime l’opposition (=alors que, tandis que). Roxane enlève au pourvoir tyrannique et absolu « qui se permet tout » sa légitimité. Car les « désirs » des autres ne peuvent que lui échapper, même quand il cherche à les « affliger ». La reprise du pronom indéfini tout sous forme de déterminant vient renforcer le caractère illégitime du pouvoir absolu. | |
9 | Non : j'ai pu vivre dans la servitude ; mais j'ai toujours été libre : adverbe négatif + antithèse. « j'ai réformé tes lois sur celles de la nature; et mon esprit s'est toujours tenu dans l'indépendance. » | Refus absolu de ce pouvoir illégitime. Antithèse entre « servitude » et « libre » : le despotisme d’Usbek, sa répression, ne peut réduire la liberté de l’esprit, irréductible à toute oppression. Cette « indépendance d’esprit » s’accorde avec « les lois de la nature » : légitimité de la réforme entreprise par Roxane ; le pouvoir légitime est donc celui qui prend en considération ces lois naturelles, irréductibles à la contrainte (rappelle l’apologue des Troglodytes). Roxane revendique fermement sa liberté de conscience (champ lexical) |
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11-14 | « Tu devrais me rendre grâce » Hyperbole « ce que j’aurais dû faire paraître à la terre entière » | Roxane inverse à nouveau le rapport de force : Usbek est sujet du verbe devoir au conditionnel, elle revendique sa reconnaissance pour avoir porté trop longtemps le masque de la vertu, qui tombe dans ce paragraphe. En témoigne le champ lexical de l’apparence et de la dissimulation : paraître (deux fois), gardé dans mon cœur, « qu’on appelât de ce nom ». Le parallélisme accumule les reproches qu’elle s’adresse à elle-même : elle regrette de s’être soumise aux « fantaisies » d’Usbek, terme qui vient rappeler les « caprices » de la l.8 et qui résume sa tyrannie. L’emploi du conditionnel passé à valeur d’irréel du passé souligne son regret de n’avoir pas révélé son amour, légitime car naturel, à « la terre entière » |
15-16 | Parallélisme, antithèse entre les « transports de l’amour » et « la violence de la haine » | Encore une fois, révélation cruelle, cynique pour Usbek : Roxane lui avoue de façon hyperbolique l’intensité de sa haine, tout en soulignant son aveuglement : « si tu m’avais bien connue » |
17-18 | Champ lexical de l’illusion | La crédulité et l’aveuglement d’Usbek sont martelés (champ lexical de l’illusion : croire, tromper). Inversion du rapport de force avec les pronoms, Usbek devient objet de la tromperie alors qu’il avait l’illusion de tromper |
20-fin | « Langage nouveau » Question rhétorique Asyndète | Souligne le changement de registre, à la fois de Roxane, qui fait tomber tous les masques et renverse la tyrannie d’Usbek, mais aussi de l’œuvre dans son ensemble : coup de théâtre qui vient dresser un portrait à charge d’Usbek, lucide et mesuré lorsqu’il observe la France, aveuglé par sa tyrannie lorsqu’il s’agit de son sérail. Roxane met en avant le courage dont elle fait preuve en révélant la vérité et en revendiquant une liberté en accord avec la nature. |
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