LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Explication linéaire Lettre Persane 24

Dissertation : Explication linéaire Lettre Persane 24. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Janvier 2021  •  Dissertation  •  2 781 Mots (12 Pages)  •  1 539 Vues

Page 1 sur 12

Lettre persane 24 de Montesquieu

-Présentation générale du roman : Le philosophe des Lumières Montesquieu fait paraître anonymement son roman épistolaire Lettres persanes en 1721 à Amsterdam pour éviter la censure. Les deux Persans Usbek et Rica, partis d'Ispahan en mars 1711 sont arrivés à Paris depuis la lettre 24 en juin 1712. Le choc culturel est considérable pour ces lointains voyageurs venus d'Orient.

Situation : Rica  dans la lettre 24 s'adresse à son ami Ibben à Smyrne et manifeste d'abord son étonnement concernant les immeubles de la capitale et la démarche rapide des Parisiens. Puis il passe à des considérations plus sérieuses.

-Lecture :

-Plan :le passage se compose de deux mouvements. -§1 et 2 jusqu'à « sur les esprits » :  la puissance du roi de France

                                                                                   - §3 : celle du pape

-Enjeu : en quoi le regard amusé du Persan constitue-t-elle aussi une dénonciation satirique ?

I. §1 et 2 jusqu'à « sur les esprits » :  la puissance du roi de France

Procédé

Citation

Interprétation

thème

Périphrase

phrase attributive

superlatif

négation antéisagoge

comparaison

conjonction de coordination

comparatif de supériorité

subordonnée de cause

comparatif de supériorité

exemple illustratif

sub.infinitive

négation restrictive

conj. de coordina.

Hyperbole par dénotation

parallélisme syntaxique et ellipse du verbe « être »

Le roi de France

est

le plus puissant prince de l'Europe

Il n' a point de mines d'or,

comme le roi d'Espagne son voisin ;

mais

il a plus de richesses que lui

parce qu'il la tire la vanité de ses sujets,

plus inépuisable que les mines

On lui a vu entreprendre

ou soutenir de grandes guerres,

n'ayant d'autres fonds que des titres d'honneur à vendre ;

et,

par un prodige de l'orgueil humain

ses troupes se trouvaient payées, ses places munies, et ses flottes équipées.

-Nouvellement arrivé, Rica ne connaît pas forcément le nom du roi. Désignation indirecte de Louis XIV. L'absence de nom précis permet également de donner une portée plus large à la phrase qui pourrait s'appliquer éventuellement à d'autres monarques. En 1712, Louis XIV a 74 ans. ( il règne déjà depuis 69 ans).

-Rica donne une définition : ton didactique : il veut expliquer à Ibben ce qu'il découvre. Présent de vérité générale

-définition apparemment élogieuse

-Origine de sa puissance pas économique : mystère cultivé pour retenir l'attention de Rica ; mise en œuvre de la fonction phatique du langage

-Allusion aux richesses rapportées du Nouveau Monde depuis le XVIe siècle.

-retournement de situation : rend la lettre dynamique. (fonction phatique)

-proposition positive qui accentue le contraste entre les deux monarques (deuxième partie de l'antéisagoge. Exemple hors texte : « Ce n'était pas un lion, c'était un tigre »).

-Explication du mystère ; origine morale de sa richesse : l'orgueil. Première critique indirecte

-Trait satirique. Orgueil stigmatisé

-Voix causative ; lettre argumentative

-Allusion aux guerres que Louis XIV a menées : guerre de Hollande (vers 1670) ; guerre de succession d'Espagne (1701). Sur son lit de mort, il aurait confessé « avoir trop aimé la guerre ». Utile de dépenser de l'argent pour la guerre ?

-ironique. Confirme la vanité des sujets. On pouvait acheter à prix d'or  des charges qui permettaient d'exercer des fonctions administratives, voire des titres de noblesse.

-la conjonction est mise en évidence par une pause (la virgule) ; crée un certain suspense et laisse attendre la suite

-[Un « prodige » désigne un événement qui est ou paraît être en contradiction avec les lois de la nature]. Simple valeur hyperbolique ici ; critique double, à la fois morale (l'orgueil est un péché capital) et politique : intelligence de Louis XIV mais aussi origine de la richesse fragile économiquement. Portée universelle de la réflexion soulignée par l'adjectif « humain »

-Rythme ternaire dans cette énumération : l'ellipse accélère le rythme pour montrer l'efficacité du système choisi par le roi  dans tous les domaines militaires, aussi bien sur terre que sur mer.

Pittoresque du regard éloigné

didactisme

éloge apparent

retient l'attention du destinataire

richesse

trait satirique

idem

argumentation

trait satirique

pique la curiosité d'Ibben

trait satirique

lettre argumentative

éloge apparent du roi

Locution adverbiale

adjec. Démonstratif

attribut du sujet

deux points

champ lexical

adjectif indéfini

clausule

parallélisme syntaxique

négation restrictive

subordonnée complétive

périphrase

clausule

adverbe

forme d'hyperbole

subordonnée complétive

gérondif

subordination implicite

doublet synonymique

clausule

D'ailleurs,

ce roi

est un grand magicien

:

exerce son empire

même

il les fait penser comme il veut

S'il n'a qu'un million

S'il a une guerre difficile

il n'a qu'à leur persuader

il n'a qu'à leur mettre dans la tête

qu'un écu en vaut deux ;

-qu'un morceau de papier est de l'argent ;

et ils le croient .

et ils en sont aussitôt convaincus.

Même

jusqu'à leur faire croire

qu'il les guérit de toutes sortes de maux,

en les touchant,

 tant est grande la force et la puissance qu'il a sur les esprits.

La force et la puissance

sur les esprits

-Le deuxième paragraphe va renchérir, ajouter des preuves supplémentaires de cette puissance du roi. Démonstratif à valeur anaphorique : renvoie au § 1

-Humour dans cette « maladresse » ; le Persan ne maîtrise pas encore le vocabulaire adapté ; éloge apparent grâce à l'adjectif « grand »

-Valeur explicative. Montesquieu privilégie la parataxe (le style coupé, par rapport à l'hypotaxe, le style lié qu'on trouve par exemple dans  La Princesse de Clèves)

-Champ lexical de de la puissance ;: cf « Puissant » (ligne 1)

-feinte admiration de Rica

-crée un effet de chute (trois propositions : 10 syllabes : 13 ; 8 syllabes) : capable de manipuler les esprits

-Les deux phrases suivantes sont construites sur le même schéma : Subordonnée de condition (« S'il n'a qu'un million » ; « S'il a une guerre difficile à soutenir ») ; puis une deuxième subordonnée de condition coordonnée (« et qu'il en ait besoin de deux » ; « et qu'il n'ait point d'argent ») ;

-souligne dans la principale à quel point il est facile de manipuler les sujets ; efficacité redoutable de ce monarque « magicien »

-allusion à la dévaluation de la monnaie : 43 dans les 16 dernières années du règne

-allusion à une tentative qui s'est révélée un échec ; Louis XIV a obligé les créanciers du royaume (ceux qui lui avaient prêté de l'argent en or, en argent, en monnaie métallique) à accepter un papier monnaie ; échange déséquilibré : que vaut le papier ? Périphrase du « morceau de papier » dévalorisante. Critique  indirecte de la pauvreté du royaume : richesse fictive, illusoire

-crée une effet de chute car clausule beaucoup plus courte. Montre la crédulité des sujets et l'efficacité du roi. Le verbe « croire » suggère que ce raisonnement n'est pas rationnel.

-nouvel exemple de l'habileté du roi 

-vocabulaire de la manipulation, de l 'illusion (on appelle aussi un magicien un illusionniste), du charlatan

-Nouveau domaine montrant la puissance du roi : celui de la santé

-allusion  au pouvoir de guérison divine du roi, dit « pouvoir thaumaturgique » : lors de son sacrement en particulier, il touchait des indigents ou des malades censés être guéris ensuite. Guérison des écrouelles : inflammation tuberculeuse des ganglions du cou. Mise en doute de ce « miracle » : remet en cause la monarchie de droit divin (Dieu a choisi la famille du roi pour gouverner). Rica n'est pas un naïf bien qu'il soit étranger : au contraire me^me, son regard neuf le rend plus clairvoyant.

-La proposition introduite par l'adverbe d'intensité « tant » est la principale. Elle est précédée de la proposition indiquant la conséquence (remise des propositions dans l'ordre canonique : « La force et la puissance qu'il a sur les esprits est si grande / qu'il va jusqu'à leur faire croire qu'il les guérit...). Les deux propositions sont juxtaposées. Tour qui accentue la vivacité. Retour au sujet de la lettre (cf ligne 1)

-Les deux noms sont redondants : moyen d'insistance. Grammaire : accord du verbe : la preuve qu'ils sont plus ou moins redondants est que l'accord du verbe se fait au singulier : tant est grande «  et non « tant sont grandes » . cet accord peut aussi s'expliquer par le fait que le verbe s'accordait parfois avec le nom le plus proche (comme en latin).

-Ambigu : peut aussi suggérer la fragilité de cette puissance

Lettre argumentative

ton plaisant

éloge apparent

argumentation

éloge apparent

éloge apparent

éloge apparent du roi

éloge apparent

satire des finances du royaume

lettre argumentative

éloge

et satire

trait satirique

lettre argumentative et éloge apparent

trait satirique

→Persan, Rica n'est pas censé connaître le vocabulaire français et ses maladresses créent un décalage humoristique. Toutefois , dans cette lettre argumentative, ces impropriétés ont aussi une portée critique et la métaphore du « magicien » est ambivalente: malgré les apparences, le roi n'est pas si puissant ; sa puissance repose en effet sur la crédulité de ses sujets et sur rien de concret.

...

Télécharger au format  txt (15.7 Kb)   pdf (97.3 Kb)   docx (560.7 Kb)  
Voir 11 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com