Explication linéaire Antigone (l'annonce du messager)
Commentaire de texte : Explication linéaire Antigone (l'annonce du messager). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nanou6271 • 8 Juin 2020 • Commentaire de texte • 1 274 Mots (6 Pages) • 1 568 Vues
Le récit du messager
Premier mouvement : lignes 1 à 22 (la découverte du corps d’Antigone)
L’agitation du messager. Le récit s’ouvre sur une phrase nominale, brève, hyperbolique qui traduit l’agitation du messager, annonce le contenu du récit à suivre et crée un effet d’attente chez le spectateur : « Une terrible nouvelle ». La première phrase, courte, traduit également un certain bouleversement du locuteur de même que l’emploi de l’imparfait et du plus-que parfait et du pronom « on » dans « on venait de » « on n’avait pas encore fini » lignes 1 et 2 qui rendent compte d’un passé immédiat, donc d’événements récents. Le vocabulaire utilisé pour désigner la tombe d’Antigone, le « trou » est volontairement cru et sera filé dans la suite du récit.
Un effet d’attente. Le récit bascule ensuite grâce à la proposition subordonnée circonstancielle de temps introduite par « lorsque », au passage du passé au présent de narration et à l’adverbe de temps « soudain » ligne 5. Le champ lexical de l’ouïe va être développé, opposant le silence avec « chacun se tait et écoute » et le bruit avec la répétition du nom « plainte » lignes 5 et 7 un cri presque animal, « qui sort des profondeurs du trou » ligne 8 (remarquons ici la reprise du nom « trou » déjà utilisé au début du récit), avec le cri de désespoir de Créon accentué par l’hyperbole et la comparaison de la ligne 11 qui lui fait perdre son statut de roi (dans toute la pièce Créon est caractérisé par sa rigidité) et le réduit à celui de père , il « hurle comme un fou » , avec les paroles rapportées au discours direct marquées par la répétition de l’injonction « enlevez » lignes 11-12 qui révèlent son angoisse. Cette précision sonore créé ainsi une tension auditive. L’effet d’attente est accentué par l’identité de la source sonore qui n’est pas dévoilée, elle est différée pour le spectateur qui veut savoir contrairement à Créon qui a compris : l’anaphore de « lui qui » le distingue ainsi des autres personnages et du spectateur laissé dans l’ignorance. De même le jeu des regards qui sera également filé dans la suite du récit participe de la tension dramatique créée.
L’agitation rendue perceptible par les verbes de mouvement « se jettent » ligne 13, « bougent » et « se glisse » ligne 15 qui rompt ensuite avec le silence précédent renforce l’effet d’attente de même que la vision saisissante du roi « suant dont les mains saignent » ligne 14. La tension touche à son terme grâce à l’adverbe « enfin » ligne 15.
La découverte. La révélation de la mort d’Antigone est rendue brutale par l’emploi du participe passé « pendue » ligne 17 qui renvoie à la tragédie familiale : sa mère, Jocaste s’était elle-même pendue en apprenant la vérité sur l’identité du meurtrier de son mari : Œdipe, son propre fils, devenu son mari et le père de ses enfants. La vision de son corps est rendue perceptible pour le spectateur grâce aux détails colorés donnés par le messager qui rompt avec la brutalité de la révélation : l’énumération « des fils bleus, des fils verts, des fils rouges » ligne 18 offre ainsi un spectacle visuel coloré et la comparaison « comme un collier d’enfant » ligne 19 donne une dimension enfantine au personnage d’Antigone, inscrivant le récit dans une tonalité pathétique. Notons que le mot « tombe » ligne 17 remplace cette fois le nom trou précédemment utilisé et souligne davantage l’idée de mort. La douleur d’Hémon renforce le registre pathétique. Les différentes précisions visuelles « [il] la tient dans ses bras », « le visage enfoui dans sa robe » lignes 20-21 rendent la scène visible pour le spectateur. De même le verbe « gémit » ligne 20 explique la « plainte » entendue ligne 7. Le premier mouvement s’achève sur l’arrivée de Créon qui rejoint son fils. Remarquons le retour du pronom personnel « on » et la reprise de l’adverbe « enfin » qui clôt définitivement l’effet d’attente et de tension créé dès le début du récit.
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