Evolution de la poésie française au fil des siècles

Florent                                                    Dissertation

PIFFRE

1S1  

  Depuis l'Antiquité, les humains ont tentés d'extérioriser leurs passions ainsi que leurs idées par l'intermédiaire de la poésie. De sa forme traditionnelle épique ou lyrique jusqu'à sa forme la plus engagée, la poésie n'a cessé d'évoluer. Mais comment les poètes ont-ils fait pour réussir au fil des époques à remanier et à insuffler sans cesse un second souffle aux écrits poétiques ? Dans un premier temps, nous verrons comment les différents courants ont permis de faire varier la poésie puis dans un second temps, nous verrons les modernités stylistiques que les poètes ont utilisés pour innover et enfin nous verrons que de tout temps, les thématiques abordées ont changés.

  En effet, c'est à partir du Moyen-Age que l'on retrouve des traces de la poésie française. Variant entre ballades, rondeaux ou autres formes de poésie classique, il fallut cependant attendre la seconde moitié du XXème siècle pour avoir un courant poétique revendiqué. Grâce aux grandes découvertes, un attrait humaniste se développe. C'est de là que le courant dit de l'humanisme provient. Ce courant prône l'homme comme modèle de perfection intellectuelle et morale. On peut retrouver ces idées par exemple dans la poésie de Pierre de Ronsard bien que sa vie chevaucha deux courants. « Le sonnet 19 », dans le recueil Amours de Marie épouse la forme traditionnelle du sonnet pour mettre en avant l'amour qu'il éprouve pour Marie. En effet, Ronsard, bien qu'il ne déifie pas Marie, il la décrit de beauté physique. Il y eut ensuite à la seconde moitié du XVIème siècle le courant dit baroque. En antithèse avec l'humanisme, le baroque est basé sur la découverte d'un univers dont l'homme n'est plus le centre. Cette prise de conscience est du au fait des nombreuses guerres de religions qui ravagèrent l'Europe dans cette période. Il s'en traduit par une poésie plus libérée avec la virtuosité de l'invention qui prime avant tout. On retrouve notamment « Les tragiques », Jugement d'Agrippa d'Aubigné qui bien qu'il soit écrit dans une forme classique d'alexandrins, dépasse les 9000 vers, chose jamais faite auparavant. Après l'époque du baroque vient celle du classicisme. Cette doctrine datant du XVIIème siècle a pour piliers l'ordre, la raison et l'équilibre qui illustre parfaitement l'autorité du Roi. Avec le respect des règles héritées des Grecs et des Romains, le poète François de Malherbe composa notamment « Prière pour le roi allant au Limousin », composé d'une dizaine de strophes, en sizains. Suite au classicisme, vint le rationalisme des Lumières, époque d'avancés sociales et scientifiques. On retrouve assez peu de poésies dans ce mouvement, si ce n'est par exemple l'épigramme satirique de Voltaire « Épigramme contre Jean Fréron ». En Effet, ennemi des philosophes, Fréron eut une joute verbale avec Voltaire, ce qui lui valu l'attaque de celui-ci dans cette épigramme. Il y eut ensuite le romantisme à partir de la première moitié du XIXème siècle ; un siècle très important pour l'évolution de la poésie.

  Au contraire de l'humanisme qui envisageait l'homme comme idéal et que le rationalisme était pour eux les connaissances objectives, le romantisme ouvre à la subjectivité et au lyrisme, à l'imagination et l’exaltation des passions. Cette période vint après la Révolution Française qui se solda par l'époque de la Terreur et le retour à la Monarchie. Grande figure du romantisme, Victor Hugo écrivit notamment le poème « Mont-L'am... » qui y décrit une fille qu'il aime mais aussi ses propres sentiments qu'il éprouve pour elle, chose rarement faite dans les courants d'avant. Ayant vécu de 1802 à 1885, Victor Hugo vécut aussi dans la seconde partie de sa vie dans l'époque du réalisme. L'ère industrielle avec ses injustices, le malheur que subissent les indigents et les comportements qu'imposent la bourgeoisie sont une source d'inspiration pour beaucoup d'auteurs et le poème « Mélancholia » de Victor Hugo. Dénonçant le terrible travail qu'énormément d'enfants subissent dans les usines, ce poème est bien dans la veine du réalisme. En opposition au réalisme se créent deux courants distincts, dont le décadentisme à la fin du XIXème siècle. Avec la volonté d'essayer d'autres voies que le réalisme en stimulant l'imagination et la sensibilité des lecteurs, le mouvement traduit une crise de confiance désespéré du poète envers lui-même. Stéphane Mallarmé expose ses craintes de la mort dans son poème « Angoisse » par une métaphore filée de la femme. Le second courant qui se développa à partir de 1870 fut le symbolisme. Les écrivains et artistes cherchent à retrouver le mystère de la rêverie ainsi qu'à établir des correspondances entre l'homme et la nature. Des poètes à l'instar d'Arthur Rimbaud pousse ce courant aux extrêmes notamment avec « Aube », poème en prose qui y décrit le voyage d'un homme à travers la nature. On retrouve aussi durant ce siècle un style totalement différent à savoir Le Parnasse; Le poète y est absent, et le courant peut être traduit pour son refus des épanchements sentimentaux. C'est l'art pour l'art. José Maria de Hérédia écrivit notamment le poème „les Conquérants“, retraçant la vie de ses ancêtres conquistadores. On peut rapprocher ce sonnet aux sonnets épiques de la Grèce Antique.

  Le XXème siècle fut une période mouvementée, avec pour pics culminants les deux guerres mondiales. Cette époque traumatisante créa beaucoup de courants poétiques aussi différents que variées. L'un des courants qui se démarqua fut le surréalisme. Certains poètes ne veulent plus se cantonner aux valeurs rationnelles et pour cela, il refuse toutes constructions logiques de l'esprit. Du rêve, au désir en passant par la révolte, des poètes comme Apollinaire poussent les thématiques de leurs poèmes assez loin dans cette idée. L'épigramme « l'écrevisse » d'Apollinaire en est un exemple concret car il compare simplement l'homme aux écrevisses. Pouvant s'apparenter au surréalisme, le courant de l'absurde fit des premiers pas. Comme son nom l'indique, les poètes ne cherchent plus forcément la cohérence de ce monde et c'est ainsi que Francis Ponge écrivit en 1942 « le cageot ». Ce poème décrit tout simplement un cageot et sa fonction. En parallèle de ces deux mouvements se crée

la poésie engagée. Principale figure de la résistance française, elle fut créee pour dénoncer les absurdités de la guerre mais aussi ses horreurs. Les poètes ont pour seule arme leur plume des poètes à l'instar de Louis Aragon, qui, grâce au poème « La Rose et le Résèda », dénonce qu'en temps de guerre, peu importe que vous soyez croyant ou non-croyant, car le même sort vous attends, celui du trépas. Les XXème siècle se démarque aussi avec ses essais plus expérimentaux. De la recherche de la perfection rythmique la plus parfaite des vers, à tout simplement faire ressortir l'effet comique que la poésie peut avoir, en passant par des exercices stylistiques où les poètes écrivent par exemple un poème sans utiliser une voyelle précise, ces expérimentations ont permis de créer des œuvres atypiques et uniques. À l'instar du poème « Le Martinet » de René Char, ces œuvres sont le plus souvent personnelles et traduisent sûrement une finalité dans l'évolution poétique.

...