Est-ce qu’on peut dire que le survenant est un être libre et qu’il incarne cette valeur de liberté dans le roman ?
Dissertation : Est-ce qu’on peut dire que le survenant est un être libre et qu’il incarne cette valeur de liberté dans le roman ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Pascal Chenard • 11 Décembre 2017 • Dissertation • 1 184 Mots (5 Pages) • 1 360 Vues
En 1839, le rapport de Lord Durham prônant l’assimilation des francophones du Canada forcera ces derniers à se replier sur eux même et leurs traditions ainsi qu’à adopter un mode de vie de survivance. Cette nouvelle condition culturelle donnera naissance à un type de récit, le roman du terroir, consistant, grossièrement, à valoriser ce mode de vie plus traditionnel. Celui considéré comme le dernier d’entre eux, Le Survenant de Germaine Guèvremont, paru en 1945, sera l’objet de cette dissertation. Je m’intéresserai plus précisément à la valeur de la liberté de la façon dont elle est présentée dans le roman en posant la question suivante: Est-ce qu’on peut dire que le survenant est un être libre et qu’il incarne cette valeur de liberté dans le roman? Je relèverai d’abord les éléments prouvant que oui, suivi des aspects du personnages étant en opposition avec cette incarnation de la liberté, puis synthétiserai la balance entre les deux extrêmes.
Tout d’abord, il ne fait aucun doute que le survenant, ne serait-ce que par la signification du nom qu’il porte, est un être libre et qu’il incarne cette liberté de différentes façons. D’une part par sa façon de vivre en s’abandonnant à ses passions, contrastant avec celle si chaste et primitive des habitants du Chenal du Moine. L’extrait: “Il buvait avidement et il buvait pieusement. Tantôt triste, tantôt exalté. Son verre et lui ne faisait plus qu’un. Tout dans la chambre, dans le monde qui n’était pas son verre s’abolissait” (p.108) est un bon exemple de cet abandon, dans ce cas ci à l’alcool. L’hyperbole crée un effet d’insistance, d’amplitude et d’intensité à une si simple action pour nous faire ressentir le geste passionnel qu’il est en train de poser
D’autre part, il est question du fort sentiment de liberté qu’il inspire à chacun. Alphonsine et Amable diront même de lui qu’il a “le don”: “Le survenant, lui, avait le tour et il possédait le don! […] Le don de tout prendre avec de l’air et de donner mer et monde.” (p. …). Le Survenant est un personnage qui chamboulera la vie et la façon de penser de toute une communauté.
L’extrait: “Sa voix n’était pas belle […] et pourtant elle parlait au coeur. Dès qu’elle s’élevait il fallait l’écouter sans autre occupation. Chacun alors se laissait emporter par elle sur le chemin de son choix, un chemin où chacun retrouvait […] l’objet de son rêve.” (p.109), exprime clairement, à l’aide d’une métonymie avec la voix du Survenant, à quel point son charisme ensemence le rêve et la liberté dans l’esprit de chacun. Comme si ces gens victimes de leur mode de vie se permettaient, à travers l’énergie dégagée par le survenant, l’accès au bien être de l’idée de leurs utopies.
Toutefois, au fil de la progression du récit, on constate que le survenant songe de plus en plus à se sédentariser, ce qui est en soi un changement drastique par rapport à l’idéologie avec laquelle il est arrivé chez les Beauchemin. Il s’attache tout d’abord au Chenal du moine lui même comme on peut le lire dans l’extrait suivant: “Je pense que nulle part j’ai resté aussi longtemps que par ici. Avant, quand j’avais demeuré un mois à un endroit, c’était en masse. Mais, au Chenal, je sais pas pourquoi…” (p.165). Le procédé de ponctuation des trois points met l’emphase sur la profondeur de la conversation et témoigne du réel questionnement intérieur qu’il a ainsi que de la perplexité qu’il éprouve face à ce comportement qui lui est inhabituel.
Mais il s’attache d’autant plus à Angélina, comme on peut le constater presqu’immédiatement après, au cours de la même conversation: “Y’a pas autre chose qui te retient, par hasard? Venant regarda au loin: À supposer que je te le dirais, la Noire, après serais-tu plus riche?” (p.165 - 166). Il est à supposer que le regard de venant au loin est métaphorique et représente plutôt une projection dans le futur. Leur relation continue de prendre de plus en plus d’importance dans leur vies respectives jusqu’à ce qu’arrive le moment charnière quant aux plans de sédentarisation du nouveau couple (Angélina parle): “Puis je voulais t’apprendre que mon père est prêt à passer la terre à mon nom. […] Celui qui me prendra pour femme sera pas tellement à plaindre.” (p.192). On peut donc voir que tout est en place pour se concrétiser et qu’il n’en tient plus qu’à Venant de prendre une décision.
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