Eluard la courbe de tes yeux

1 - La courbe de tes yeux

Texte de Paul Eluard tiré du recueil « Capital de la douleur » - 1926 - Poème

Temps de présentation : 10 minutes

Temps de question : 5 minutes

Paul Éluard, de son vrai nom Eugène Grindel (1895 -1952) est un poète surréaliste, fondateur du mouvement avec André Breton. 

Eluard publie son premier recueil en 1926, qui sera le plus important : Capitale de la douleur d’ou est extrait le poème « la courbe de tes yeux ».

Ce recueil est dédié à sa muse : Gala (qui fût par la suite la compagne de Salvador Dali.

Gala à Nusch et Dominique, les femmes que le poète a aimées ont aussi été des sources d'inspiration d'une importance capitale

Paul Eluard c’est également

• Un engagement contre la guerre, au service des valeurs de paix, d'humanisme et de vie.

Le poème Liberté est un symbole extrêmement fort de cette volonté pacifiste et de l'engagement d'Eluard contre la guerre.

• un engagement social, au travers par exemple de sa défense des personnes aliénées. 

Eluard a voulu, par l'écriture et dans les actes de son existence, célébrer le langage et sa liberté comme un moyen de changer l'existence des hommes, en vue d'un monde meilleur.

Résumé :

Ce poème décrit la joie d’Eluard d’aimer et de partager cet amour avec une femme.

Il la sacralise, elle est pour lui l’origine de sa renaissance en tant que poète.

• Introduction à l’explication : lecture littérale (fond et forme)

1. Forme – technique utilisée, nature du texte (ses règles) – lecture littérale
2. Fond – interprétation (plusieurs axes de lecture ont possibles) – lecture analytique

Dans un premier temps je vais vous parler de la forme du poème.

• Ce poème est un blason – c’est à dire un poème qui fait l’éloge d’une femme par un détail physique : les yeux

1/Le poème est construit de façon moderne : trois quintiles, qui alternent assez librement alexandrins (v.1, 3,4),  octosyllabes (v.2)  et décasyllabes, dominants à partir du vers 5.

2/Ce poème,  reprend le thème traditionnel du blason pour célébrer la beauté de la femme aimée au travers son regard.

3/Ce poème est une métaphorisation des yeux,

a)à travers la thématique de la courbe et du cercle par exemple dans la 1ere strophe : « la courbe »,  « le rond, « auréolé », « berceau ».

b) Le regard est évoqué de façon plus discrète dans la 2eme strophe par les motifs de la feuille et du bateau : « feuilles de jour », « bateaux chargés du ciel et de la terre »

c) Les yeux sont également mis en valeur dans la dernière strophe « le monde entier dépend de tes yeux purs ».

4/Les yeux sont donc au centre du poème et interagissent avec le cœur du poète « la courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur »  et  « Et tout mon sang coule dans leurs regards ».

• L’éloge de la femme à travers les yeux du poète est renforcé par l’influence du surréalisme : les yeux, miroirs du monde

Eluard est à l’origine du mouvement surréaliste

Il s'intéresse à l'imaginaire, au rêve et à l'inconscient et leur impact sur la création littéraire. Mais également au lien entre les images, les mots, la poésie et l’esprit.

Dans ce poème, il redéfinit la réalité à travers des images, des formes

Eluard associe à ces images des impressions visuelles, sonores, tactiles et olfactives.

A la manière des synesthésies baudelairiennes

« ronde de danse et de douleur », « mousse de rosée », « sourires parfumés », « chasseurs des bruits et sources des couleurs », « parfums éclos d’une couvée d’aurores ».

Ainsi, Eluard identifie les yeux comme une fenêtre ouverte sur le monde extérieur. Un monde transformé par l‘amour et le regard de la femme.

Eluard en utilisant le procédé moyenâgeux du poème de courtoisie chante les yeux d’une femme sans se limiter au sens physique.

• L’éloge de la femme va jusqu’à sa Divinisation, elle est la muse du poète

On trouve dans le poème des connotations religieuses : « Auréole », « Ailes », « Ciel »

La femme apparaît comme une déesse toute-puissante et créatrice

Cette idée est soulignée par un bref champ lexical de la maternité et de la naissance : « berceau », « éclos », « couvée ».

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