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Dissertation poésie

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Par   •  26 Juin 2018  •  Dissertation  •  3 124 Mots (13 Pages)  •  714 Vues

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Dissertation

 « La poésie est cette musique que tout homme porte en soi » écrivait William Shakespeare.  Plus encore, Victor Hugo estimait que « La poésie doit marcher devant les peuples comme une lumière et leur montrer le chemin ».  Dès lors, de telles affirmations conduisent forcément à une interrogation sur la fonction de l’écriture poétique. La poésie a-t-elle pour vocation de réunir les Hommes ?  En d’autres termes, le chant possède-t-il une mission unificatrice ? Afin de tenter d’apporter une réponse à la question posée, il importe tout d’abord d’étudier la capacité de la poésie à lier les êtres humains, ensuite il apparaît intéressant de s’interroger sur d’autres buts éventuels du chant.

Certes la poésie peut s’avérer être un moyen efficace afin de regrouper les Hommes. En effet, le chant possède dans certaines mesures la capacité de créer des liens entre les êtres humains.         
            (Parce que)
D’abord, de nombreux poètes adoptent une position de voyant à travers laquelle ils entreprennent de guider l’ensemble de la société afin d’en abolir les conflits : Rimbaud considérait que le poète doit « être voyant, se faire voyant ». Cette fonction de la poésie est également présente chez Baudelaire qui estime avoir « l’œil impartial » dans « Le Joujou du pauvre » extrait du Spleen de Paris.  En effet, c’est à travers ce poème en prose que l’héritier du Romantisme indique sa capacité à voir au-delà de la « patine de la misère». Ainsi, il annonce le poète prophète : celui capable de voir outre la « barrière » symbolique qui sépare et éloigne les Hommes. Par ailleurs, le poète voyant est également celui qui parle au nom de tous, notamment les plus faibles. C’est par exemple le cas de Léopold Sédar Senghor dans « Poème liminaire » extrait d’Hosties noires paru en 1948. En effet, le poète affirme sa vision du poète : celui qui est le  « rythme et [le] cœur » « [la] bouche et [la] trompette » des Hommes. Ainsi, Senghor réinvestit le poète prophète en lui conférant le pouvoir de sonoriser l’opinion de son « peuple » caricaturé par « les rires banania ». Le poète de la négritude est alors en capacité de lutter contre ces actes racistes qui marginalisent les Noirs. Ainsi, le poète en s’exprimant pour tous, peut parvenir à  mettre fin aux conflits qui divisent les Hommes.        
        
Ensuite, le chant peut s’identifier à un point d’ancrage réunissant des Hommes même physiquement séparés. D’abord, de nombreux poètes livrent à travers leurs œuvres des descriptions de leurs terres et cultures natales, leur permettant alors de renouer avec leurs traditions et leur peuple. Plus encore, cette poésie peut s’avérer être un moyen pour les lecteurs de s’identifier aux cultures qui y sont évoquées ou d’y transfigurer ses propres origines. C’est par exemple le cas de Mahmoud Darwich qui évoque « le pain », le « café » et l’ « herbe » de son pays natal dans « A ma mère » extrait de La Terre nous est étroite. Ce chant en vers libre, où le poète expatrié exprimer le souhait d’un retour,  constitue alors un lien entre lui et sa mère patrie. Par ailleurs, elle permet aux autres palestiniens condamnés à l’exil de se relier entre eux et à leurs origines.  En outre, la poésie peut constituer un cri du poète pour la préservation de sa culture. C’est ainsi le cas dans le poème  « Le Renégat » extrait de Coups de Pilon datant de 1956. En effet David Diop met en garde son peuple en dressant un portrait péjoratif du Noir qui a renié ses origines : celui au « visage blanchi » et aux « yeux rendus bleus ». Plus encore, il prévoit, par l’emploi de verbes au futur, le retour certain de celui-ci qui « [foulera] la terre amère et rouge d’Afrique », celle-ci mécontente de son désaveu. Ainsi, il incite son peuple à assumer fièrement sa culture et ses traditions et se porte garant de l’héritage  réunissant de nombreux Africains.                  
        
Ainsi, la poésie s’illustre à nombreuses reprises comme un moyen de réunir les Hommes. Seulement, ne serait-ce pas réducteur d’affirmer que la vocation du chant est de relier les êtres humains ?

En effet, la poésie peut détenir d’autres vocations que cette de réunir les Hommes. En d’autres termes, la réunion des êtres humains n’est pas l’unique objectif de la poésie. En effet, le chant peut également n’avoir de but que lui-même.  Théophile Gautier, affirmait d’ailleurs qu’ « Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien,  tout ce qui est utile est laid. ». A l’instar du parnassien, Charles Baudelaire souhaite « La vie en Beau ! La vie en Beau ! » dans « Le mauvais vitrier » » extrait du Spleen de Paris. Dans ce poème, le poète maudit explique avoir reproché à un vitrier de ne pas avoir de « verres roses, rouges, bleus, des vitres magiques, des vitres de paradis ». Ainsi le poète maudit attribut à la poésie une fonction purement esthétique dans la mesure où il la considère comme une manière d’embellir un monde prosaïque. Par ailleurs, Jacques Roubaud, explicite ce poète artisan du langage dans « Le lombric » extrait des Animaux de tout le monde paru en 1983. En effet, il crée « le poète lombric » qui « mâche,  digère et fore » et « laboure les mots ». La poésie peut donc également cultiver l’art pour l’art : elle ne se donne alors pour que vocation que de plaire.        
         
En outre, la poésie permet également d’exprimer les sentiments personnels du poète en omettant toute vocation universelle. C’est par exemple le cas du poème « Tant que mes yeux » écrit par Louise Labé et extrait de Sonnets datant de 1555. Dans ce sonnet, le membre de l’Ecole Lyonnaise exprime ses sentiments duels à travers les « sanglots » et le « mignard  luth ». Par ailleurs, grâce à l’oxymore placé dans la pointe « noircir mon plus clair jour » la poétesse exalte la poésie qui lui est salvatrice. Dès lors, ce sonnet reste très empreint par l’implication personnelle de Louise Labé et ne semble posséder pour but que l’épanchement des sentiments propres à l’écrivaine. La poésie intimiste est également présente chez Gérard de Nerval dans « El Desdichado » extrait des Chimères, recueil poétique datant de 1854. Ce sonnet, à  l’instar de « Tant que mes yeux », est un écrin pour le lyrisme du « ténébreux, […], veuf […] inconsolé ». En effet, le poète multiplie les références à des éléments de sa vie personnelles comme les réminiscences du « Pausilipe et [de] la mer d’Italie ». Ainsi, le caractère très personnel du poème atteste de sa visée intimiste. Dès lors, le chant peut également avoir pour fonction le lyrisme.         
           Enfin, la poésie peut avoir pour vocation de diviser les Hommes et non pas les réunir. En effet, certains poèmes incitent à la haine d’autrui et participe à l’exclusion de certaines.  C’est par exemple le cas  du poème « A l’homme qui a livré une femme » extrait des Chants du crépuscule  où Victor Hugo annonce que « C’est l’honneur […] / Voilà ce que ce juif a vendu lâchement!». Les propos antisémites tenus par le poète sont une invitation à la marginalisation, entrave à la réunion des Hommes. Ainsi, la poésie peut se donner pour mission de désunir les Hommes lorsqu’elle diffuse des considérations immorales.

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