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Dissertation Mallarmé : "Le poème est un mystère dont le lecteur doit trouver la clé."

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Par   •  27 Mai 2022  •  Dissertation  •  1 855 Mots (8 Pages)  •  817 Vues

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DISSERTATION

"Le poème est un mystère dont le lecteur doit trouver la clé."

INTRO

La poésie est une rencontre entre celui qui par ses mots se livre, dévoile son monde et le lecteur qui reçoit et partage cette découverte.

Stéphane Mallarmé, poète français du XIXème siècle, est reconnu comme le précurseur et le plus représentatif du symbolisme en raison de son style poétique antiréaliste.

Il affirme qu"un poème est un mystère dont le lecteur doit chercher la clé". Il conçoit donc la poésie comme une oeuvre obscure que le lecteur a pour rôle de déchiffrer.

Nous pouvons alors nous interroger : la poésie doit-elle systématiquement engendrer un décryptage de la part du lecteur ou est-elle simplement un partage d'émotions et de sensations ?

L'analyse des propos de Stéphane Mallarmé sera menée sous trois aspects. D'abord nous expliquerons que certains poètes proposent volontairement des textes hermétiques qui s'adressent à des lecteurs avisés.

Puis nous évoquerons la poésie comme simple langage direct et intelligible privilégiant les émotions.

Enfin, nous verrons que la poésie est avant tout un moyen d'expression à visée universelle.

I - Le poème est un mystère

        Le poète a la particularité de créer sa propre langue pour jouer avec elle.

Pour comprendre un poème, le lecteur doit effectuer un travail d'analyse en traitant la sonorité des mots, les rythmes, la musique, les figures de style, les répétitions mais aussi la sémantique, l'univers sensoriel et sentimental.

Ainsi par exemple dans le Sonnet de voyelles, Rimbaud tente de réduire la syntaxe, ce qui rend la compréhension de sa prose très ardue pour le lecteur.

Le propre de l'art poétique est d'ouvrir au monde des signes et du déchiffrement.

Evoquons par exemple le mouvement romantique : à la fois épique et lyrique, intime et collectif, il exploite le mystère allégorique des mots.

"Se faire voyant" écrivait Rimbaud. Il s'agissait pour lui de trouver un langage unique qui inviterait le lecteur à comprendre une nouvelle réalité.

        Le mouvement symboliste pousse davantage la richesse de la réflexion et de la création. Le symbolisme est un mouvement littéraire qui encourage les poètes à exprimer leurs idées au moyen de symboles plutôt que de déclarations explicites.

Ainsi Paul Verlaine, un des artistes les plus apprécié de la seconde moitié du XIXème siècle, prone la nuance qui permet une poésie en demi teinte, suggestive et non descriptive. Il utilise un registre lyrique pour détourner des sonnets.

Dans Clair de lune, il développe avec force et subtilité plusieurs thèmes : l'éloignement progressif des illusions et mensonges des fêtes galantes qui coïncide avec un retour mélancolique à l'apaisement. Les codes poétiques romantiques et galants dont s'inspire le poète sont également repris dans une perspective symboliste. Le lecteur doit comprendre qu'il faut dépasser les faux-semblants et découvrir le sens caché et profond du monde. Dans cette perspective, la citation de Mallarmé prend tout son sens : il appartient au lecteur de décoder la double signification du texte verlainien.

        Certains poètes trouvent des avantages artistiques à s'éloigner de la clarté et de l'intelligibilité pour s'acheminer vers des textes plus obscurs, voire hermétiques.

Ainsi Stéphane Mallarmé est d'avis que "toute chose sacrée doit s'entourer de mystère".

Il annonce également : "que les masses lisent la morale, mais de grâce ne leur donnez pas notre poésie à gâter". Selon cet auteur, la poésie ne semble donc réservée qu'à quelques initiés, seus capables d'en saisir le sens.

Dans Le sonnet en yx, les vers suivants illustrent bien la volonté de ce poète à faire disparaître le sens ou la forme :

"Sur les crédences, au salon vides : nul ptyx

Aboli bibelot d'inanité sonore

(Car le maître est allé puiser des leurs au Styx

Avec ce seul objet dont le Néant s'honore.)

Emil Cioran enfonce le clou au sujet de la renommée du poète : "Il est oublié, ce n'est que justice, il n'a pas su prendre toutes ses précautions pour être mal compris".

Mais la poésie qui vise à traduire et créer des émotions, ne repose-t-elle pas avant tout sur des textes clairs et compréhensibles ?

II La poésie est un langage direct et clair

        Dans la poésie traditionnelle ont été développés un grand nombre de moyens pour aider le lecteur à comprendre et à ressentir justement les textes.

Jacques Prévert ne prétend offrir aucun mystère à ses lecteurs, il se sert de la poésie réaliste pour transcrire la poésie quotidienne "Les mots, disait-il, sont les enfants du vocabulaire, il n'y a qu'à les voir sortir des cours de création. Ils se réinventent et se travestissent, ils éclatent de rire". On reconnaît dans cette citation toute la tendresse de celui qui sut traduire les imageries populaires les plus universelles.

Baudelaire, par exempe, nomme, décrit, représente de façon directe l'objet visé : "l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis". Il identifie directement une partie de l'émotion que le lecteur est censé éprouver. Il visualise une image et y associe la passion, sans déguisement, de façon claire.

La métaphore ou la comparaison peuvent être une façon plus indirecte, puisqu'elles établissent un rapport entre deux objets, tel Baudelaire dans le Spleen "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle". Il enrichit la compréhension du lecteur en y apportant une présentation visuelle. Le lecteur comprend clairement ce qu'il doit ressentir, sans que cela ne soit un grand mystère.

        Les poèmes romantiques provoquent l'exaltation des sentiments et ont pour but d'engendrer davantage une émotion chez le lecteur qu'une réelle réflexion.

Dans Mémoires D'outre-tombe, Chateaubriand retrace son malheureux et triste destin :

" Je n'ai plus rien à apprendre, j'ai marché plus vite qu'un autre, et j'ai fait le tour de la vie. Les heures fuient et m'entraînent ; je n'ai pas même la certitude de pouvoir achever ces Mémoires. Dans combien de lieux ai-je déjà commencé à les écrire, et dans quel lieu les finirai-je?" Précurseur du romantisme, Chateaubriand a ébloui par ses descriptions pittoresques et son style splendide. Les Mémoires constituent un long poème lyrique en prose dont le thème récurrent est la fuite du temps, texte clair et descriptif qui emmène le lecteur dans sa mélancolie autobiographique.

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