Dissertation: La poésie doit-elle selon nous décrire la réalité du monde ou la transfigurer ?
Dissertation : Dissertation: La poésie doit-elle selon nous décrire la réalité du monde ou la transfigurer ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mherve • 20 Avril 2020 • Dissertation • 1 688 Mots (7 Pages) • 9 258 Vues
Hervé Marianne
Dissertation
La poésie est un genre littéraire ancien, écrite de différentes formes, généralement en vers mais aussi en prose. La poésie est l’art de créer des textes afin d’exprimer ses sentiments sur divers sujets. La poésie apparaît dans l’Antiquité, d’abord dans un cadre religieux, avec différents mythes apparus en même temps que les croyances. La poésie s’est constamment renouvelée au cours des siècles, avec des orientations différentes selon la civilisation et l’époque. C’est une forme particulière de communication puisqu’elle transmet des messages au monde de manière artistique et non direct. La poésie doit-elle selon nous décrire la réalité du monde ou la transfigurer ? C’est pourquoi il serait opportun de se demander si la poésie doit nous révéler la réalité afin de mieux la comprendre ou si elle doit la transfigurer afin de nous en éloigner. Tout d’abord nous verrons que la poésie prend ses sources dans le réel mais qu’elle la dévoile à sa manière. Et pour finir, malgré tout, la poésie s’éloigne du réel pour révéler d’autres réalités, loin du monde.
La poésie s’inspire effectivement du réel. En effet, le poète imite la réalité et l’éclaire, et la poésie nous en fait prendre conscience.
L’objectif fondamentale de la poésie est de percer les mystères de la réalité. La poésie est une peinture de notre monde réel qui nous aide à voir. En effet, le poète est attentif aux choses qui l’entoure, il s’inspire des choses même de la vie : la nature, les villes, les objets, les expériences passées... Cela reprend la notion philosophique de « mimesis » introduite par Platon qui consiste à reproduire une imitation exacte du réel, pour que le lecteur puisse contempler la réalité. La poésie ne se contente pas seulement de la décrire mais de l’éclairer et lui redonner vie à travers ses actions quotidiennes et ses banalités. Ce mode d’écriture se retrouve dans le recueil Le Parti pris de choses de Francis Ponge. Celui-ci porte un regard neuf sur les choses elles-mêmes. Ponge est très novateur et décide de décrire soit des objets du quotidien, soit des animaux, soit des éléments de la nature. Il ne les décrits pas de façon réaliste mais utilise toutes les ressources du langage pour les faire ressentir au lecteur. Ainsi le poète s’attache à la réalité et décrit les objets familiers pour les faire apparaître sous un nouveau jour. Tels qu’on le voit dans « Le Pain », Ponge décrit cet objet familier et universelle de manière insolite. Il le compare aux plus hautes chaines de montagnes et lui donne une tournure poétique « Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent ». Ponge donne une toute nouvelle image à cet objet si banale à travers un univers minéral et végétal qui en devient fascinant. En plus d’imiter et d’éclairer la réalité, la poésie nous fait aussi prendre conscience.
En outre, après la révolution française du XVIIIe siècle naît une nouvelle sensibilité fondée sur l’exaltation du moi. Le poète se tourne vers la société et utilise la poésie comme une arme pour dénoncer les injustices, les inégalités et montrer la réalité. Le poète romantique est un être engagé qui porte en lui le destin des peuples et détient aussi un engagement politique. Ainsi Victor Hugo dans la préface des Contemplations dit « Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous, ô insensé qui crois que je ne suis pas toi ». En effet dans la poésie « Les Châtiments », Victor Hugo dénonce deux crimes. Ces vers sont pour le poète une arme destinée à discréditer et à renverser le régime de Napoléon III. La parole poétique dénonce le crime en parlant, l’acte de verbalisation est dénonciation « Puis elle dit, et tous pleuraient près de l’aïeule : Que vais-je devenir à présent toute seule ? ». Le poète est donc l’observateur de la dure réalité et tout ce qu’elle a de plus révoltant. La poésie engagée chercher à ouvrir les yeux du lecteur et lui prendre conscience du monde qui l’entoure. Elle lui sert de miroir pour lui permettre de réfléchir sur cette réalité perçue par un poète.
C’est en faisant prendre conscience de la réalité, en l’imitant et en l’éclairant que l’on peut constater que la poésie prend ses sources dans le réel.
De plus, la poésie dévoila la réalité à sa manière en la transfigurant par le langage poétique et la rêverie du poète.
Le langage poétique à une fonction artistique : il transfigure la banalité du réel en quelque chose de beau. Chaque poète à sa propre réalité et l’exprime de manières différentes à travers ses mots. Beaucoup de poètes emploient le registre lyrique cherchant à émouvoir le lecteur et lui permettre de s’évader dans un autre monde. Guillaume Apollinaire dans son recueil Poème à Lou va transformer la laideur de la guerre en beauté poétique. Son écriture va nous faire oublier la cruauté de la guerre et laisser place à l’amour. Tel qu’on le voit dans son poème Poèmes à Lou par l’opposition de ses premiers et derniers vers « Si je mourrais là-bas sur le front de l’armée, Ô mon unique amour et ma grande folie ». De plus, son écriture lui permet de dépasser sa douleur amoureuse pour la transformer en chant poétique. Puis, le poète montre une image subjective du réel en la déformant par sa sensibilité et ses émotions. La description que fait Baudelaire dans Une Charogne tiré du recueil Les fleurs du Mal, cette capacité d’écriture à transformer cet objet trivial et horrible qu’est une charogne en une singulière beauté. Tout au long du poème il la compare à une femme « les jambes en l’air, comme une femme lubrique » et illumine son apparence repoussante « Le soleil rayonnait sur cette pourriture ». Ainsi l’écriture poétique arrive à déguiser la réalité en quelque chose de plus doux et moins violent qu’est le monde réel. Il n’y a pas que le langage poétique qui transfigure la réalité mais aussi la rêverie du poète.
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