Dissertation Jean-Paul Sartre / Les Mots
Dissertation : Dissertation Jean-Paul Sartre / Les Mots. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Magmary Biban • 28 Novembre 2022 • Dissertation • 2 846 Mots (12 Pages) • 487 Vues
En 1791, un des textes les plus célèbres de la littérature d’idée a vu le jour : il s’agit de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Cet écrit est un des premiers témoignages d’une lutte féministe. Or son autrice, Olympe de Gouges, a connu une fin tragique et rapide, guillotinée en partie pour ses idées. Est-ce pour autant que son œuvre est vaine ? Vu le retentissement assez relatif qu’elle a eu pendant la révolution, a-t-elle fait tout cela pour rien ? C’est ce à quoi nous invite à réfléchir Jean Paul Sartre avec cette phrase sur le combat d’idée qui ne sert à rien mais qui est quand même nécessaire et utile. Nous essayerons de réfléchir à se paradoxe.
Pour certains écrivains, les mots sont une arme de persuasion. Toute la question réside dans l’utilité de la lutte, ne faut-il pas lutter même si c’est vain ? Le combat d’idée n’est-il pas un cheminement qui peut mettre du temps à aboutir sans que la finalité ne soit certaine ?
Nous nous demanderons alors en quoi la littérature d'idées permet de mener un combat contre les inégalités ? Notre raisonnement s’appuiera d’abord sur le combat mené contre les préjugés, puis sur les formes variées des combats et enfin sur les espoirs suscités par ces combats.
L’analyse portera dans un premier temps sur le combat mené contre des préjugés. Afin d’obtenir les mêmes droits que les hommes, les femmes ont fait face à des préjugés bien ancrés.
Les femmes étaient considérées la majeure partie du temps comme de beaux objets à convoiter ou à regarder. La femme se devait d’être jeune et belle et ce jusqu’à sa mort. La littérature, et plus précisément la poésie, ont construit cette image de la femme idéale et les poètes ont essentiellement mis les travers physiques des femmes en avant et non leur intelligence, force ou personnalité. Ronsard est un des grands personnages qui a renforcé cette vision de la femme objet. Il associe la beauté de la femme à sa jeunesse dans le sonnet pour Hélène « quand vous serez bien vielle », « du temps que j’étais belle ». Une fois leur jeunesse passée, les femmes sont considérées comme de vieilles filles, contraintes uniquement à « s’occuper du foyer », ne pouvant plus jamais plaire à aucun homme.
De plus, derrière cette retranscription de la jeune femme à travers son physique, se cache le cliché de celle qui n’aurait pas d’esprit, d’intelligence. L’instruction des filles, s’est longtemps limitée à l’apprentissage de textes prônant une conduite vertueuse et réservée, à la tenue d’un foyer et comment s’acquitter des tâches ménagères. Celles qui commençaient à revendiquer une instruction identique aux hommes, comme la philosophie ou les sciences étaient vues comme des objets curieux, particuliers. Ces femmes étaient même souvent ridiculisées. C’est de ces femmes savantes dont il est question dans les Caractères de La Bruyère, qui remet en cause le comportement de certaines femmes voulant se hisser au même niveau que les hommes. Il est selon lui de leur propre nature que celles-ci ne parviennent pas à devenir « des savantes » : « Pourquoi s’en prendre aux hommes de ce que les femmes ne sont pas savantes ». Molière en fait de même dans Les femmes savantes où il fait comprendre qu'il est inutile, voire même dangereux, de trop éduquer les filles.
Finalement, les caractères de La Bruyère est également relié au faite que les hommes se croient supérieurs naturellement aux femmes. Les femmes seraient inférieures car c’est la nature qui les a faites ainsi. Et ce cliché construit des inégalités même dans un siècle qui lutte, justement contre ces inégalités. Jean-Jacques Rousseau dans Émile ou de l’éducation élabore toute son argumentation autour du fait que l’on ne peut pas changer le statut de la femme car « la femme est faite spécialement pour plaire à l’homme » et que ceci « n’est pas la loi de l’amour « mais celle de la nature ». Nous sommes bien loin des idées de l’auteur du Discours sur les inégalités. Il est même dans l’opposition totale de ses idées visant à l’égalité de tous. Olympe de Gouges lutte très fortement contre ces préjugés en réécrivant les articles de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen dans la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (Pastiche de l’œuvre original), « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ».
Pour obtenir les mêmes droits que les hommes, les femmes ont du lutter contre ces préjugées en émettant des revendications.
Les femmes souhaitaient notamment participer aux instances de la société, c’est à dire accéder au domaine réservé à ce moment là exclusivement aux hommes. Les femmes étaient destinées uniquement à s’occuper du foyer et des enfants, comme le dit Marivaux avec sa pièce de théâtre la Colonie qui montre la place de la femme dans la société et les inégalités illégitimes qui leur sont infligées. « C'est-à-dire à vous marier quand vous serez filles, à obéir à vos maris quand vous serez femmes, et à veiller sur votre maison: on ne saurait vous ôter cela, c'est votre lot. » Les femmes apparaissent peu dans l’espace public. Comme cela semble naturel et prescrit par la loi divine, elles sont écartées des fonctions sociales assurant le pouvoir. Elles n’ont, officiellement, aucune place en politique et très peu dans l’administration publique. La Révolution a été l’occasion pour les femmes d'apparaître dans l’espace public, de devenir actrices du changement. Cette situation de crise, propice aux revendications et aux actions violentes, leur a ouvert le champ politique. Néanmoins, la Révolution peut aussi apparaître comme une occasion manquée pour l’accession des femmes aux droits politiques car malgré leur combat et leur dévouement lors de la révolution, elles n’obtiennent à aucun moment le droit de s’exprimer par le suffrage, ni celui d’exercer des fonctions officielles de responsabilité, mêmes locales. Les hommes les pensent incapables de voter, car elles seraient fragiles, émotives, faibles et influençables. Elle ont tout fait pour devenir actrices de la politique mais en ont été empêchées par les hommes qui considèrent qu’elles se mêlent de chose ne les regardants pas comme le dit Marivaux dans La Colonie, « Nous voulons nous mêler de tout ». Les femmes luttent pour avoir accès à la politique et donc pouvoir montrer leurs opinions comme le dit Olympe de Gouges dans la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne où elle invoque le droit des femmes de monter à l’échafaud et donc de s’exprimer, « La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune. » et souhaitent montrer qu’une femme peut faire de la politique.
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