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Jean-Paul Sartre : Les mots

Fiche de lecture : Jean-Paul Sartre : Les mots. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  28 Mars 2022  •  Fiche de lecture  •  1 782 Mots (8 Pages)  •  471 Vues

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Comment le jeune garçon prend-il conscience de ce qu'il est vraiment et comment l'auteur

adulte décrit-il l'enfant qu'il était?

1. La rencontre avec les autres enfants révèle au jeune Sartre une dure réalité. (L. 1 – 5)

a) Sartre précise les circonstances de l'anecdote : « Sur les terrasses du Luxembourg, des enfants

jouaient » : CC de lieu + verbe à l’imparfait: Sartre évoque un souvenir pour lequel il précise le lieu, les

personnages .

b) Il décrit ensuite sa tentative de nouer un contact avec les autres et leur indifférence :

• « je m’approchais d’eux, ils me frôlaient sans me voir, je les regardais… »: Série de propositions

juxtaposées à l’imparfait : actions habituelles, répétées. Alternance de pronoms 1ère /

3ème personne, formule négative « sans… » : succession d'actions, tentative d'approche mais la

relation aux autres ne se fait pas. Le jeune garçon n'existe pas pour les autres. L'indifférence des

autres est soulignée par les deux verbes: « frôlaient sans me voir » > malgré le contact physique, les

enfants ne voient pas le jeune Sartre.

• « avec des yeux de pauvre » : complément du nom = il donne l'impression de mendier le regard

des autres, de les supplier.

c) Il se rend enfin à l'évidence et prend conscience de ce qu'il est réellement : « comme ils étaient

forts et rapides ! comme ils étaient beaux ! » : Deux exclamations avec 3 adjectifs valorisants = mise en

valeur des autres enfants. Admiration démesurée de ceux qu'il envie. Ils deviennent : « ces héros de chair et

d’os » > la désignation hyperbolique sert à mieux les opposer à lui. Le complément du nom insiste sur la

réalité de leurs qualités qu'il trouve extraordinaires. Le regard de l'enfant est à la fois émerveillé et naïf et

fait sourire le lecteur. Lui au contraire perd toutes qualités qu'il s'attribue lorsqu'il est seul ou que lui

attribuent les membres de sa famille qui en ont fait le petit dieu de la maison : « je perdais mon intelligence

prodigieuse, mon savoir universel, ma musculature athlétique, mon adresse spadassine » = énumération de

qualités mises en valeur par des adjectifs mélioratifs hyperboliques + verbe négatif > Côtoyer ces enfants le

ramène à la réalité. Tout est fait pour mettre en évidence l'opposition entre les autres enfants et le jeune

Sartre : tout ce qui est valorisant, positif est de leur côté, tous les aspects négatifs sont du sien. La fin de ce

premier moment aboutit à une première défaite : « je m’accotais à un arbre, j’attendais. » : passivité,

immobilité soulignées par le sens des verbes + imparfait de durée. L’attitude de Sartre enfant (attente,

immobilité) est à l'opposé de celle des autres, (dynamique) des « héros » « rapides » qui « jouaient »

2. Cette dure réalité détruit le rêve secret du jeune garçon auquel personne ne s'intéresse (L. 5 – 10)

a) Le rêve secret...: « Sur un mot du chef de la bande, brutalement jeté : « Avance, Pardaillan, c’est toi qui

feras le prisonnier » : le lecteur peut croire d’abord qu’un des enfants se décide à lui parler, en raison de

l’expression choisie « sur un mot » et de l’emploi du discours direct pour rendre ce désir secret plus vivant :

(les paroles semblent réelles)

b) … rapidement évanoui :

• le verbe au conditionnel passé : « j’aurais abandonné mes privilèges » exprime un irréel du passé >

nous fait comprendre que l’action ne s’est pas réalisée. Sartre est resté seul.

• « Même un rôle muet m’eût comblé ; j’aurais accepté de faire un blessé sur une civière, un mort. » :

succession de conditionnels passés « eût comblé, aurais accepté » + énumération de rôles de moins

en moins valorisants, de moins en moins héroïques. > il aurait tout accepté pour partager les jeux

des autres enfants. Le lecteur hésite entre la pitié et le sourire. Le résultat est exprimé dans une

phrase brève avec un retour au passé simple pour mettre l'action au premier plan. L'indicatif est le

mode de la réalité : « L'occasion ne m'en fut pas donnée »

c) La sentence : « j’avais rencontré mes vrais juges, mes contemporains, mes pairs » : Rythme ternaire

pour évoquer les autres enfants = gravité.

• le vocabulaire est celui de la justice : « juges », « leur indifférence me condamnait ». Au tribunal

des enfants celui qui pensait être un héros, une merveille est ramené à une vérité tout autre et s'en

étonne : « Je n’en revenais pas »

• Opposition entre lui et les autres par les pronoms (me, je, eux) ou adjectifs possessifs (mes, leur)

• « ni merveille ni méduse, un gringalet qui n’intéressait personne. » : répétition de « ni » + termes

valorisants liés au monde extraordinaire des récits héroïques, en opposition avec « gringalet » > Sa

confrontation aux autres lui fait prendre conscience

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