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Cyrano de Bergerac ( Acte III scène 7)

Commentaire de texte : Cyrano de Bergerac ( Acte III scène 7). Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  2 057 Mots (9 Pages)  •  9 511 Vues

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                    Explication linéaire : Cyrano de Bergerac Acte III, Scène 7

  Edmond Rostand est un dramaturge, essayiste et poète du XIXème siècle dont Cyrano de Bergerac, son œuvre majeure, rencontra un grand succès dès sa première représentation. Il est également l’auteur de l’Aiglon et de Les romanesques ainsi que de recueils de poèmes.

    Cyrano est secrètement amoureux de sa cousine Roxane qui éprouve des sentiments pour Christian. A la demande de sa cousine, Cyrano prend le jeune homme sous son aile et décide de l’aider à séduire la belle Roxane. Après lui avoir envoyé des lettres d’amour écrites par Cyrano, Christian décide de lui déclarer sa flamme de vive voix.  

Extrait étudié : Acte III, scène 7. Scène ou sont en présence Roxane, Cyrano et Christian. Après l’échec de Christian à faire sa déclaration à Roxane, Cyrano propose de lui venir en aide. Se faisant passer pour Christian, il se livre directement à Roxane et lui fait, dans une déclaration enflammée, l’aveu de son amour et de sa souffrance.

Problématique : Comment cette déclaration montre-t-elle le déchirement de Cyrano entre sa passion pour Roxane et la souffrance qu’elle engendre ?

Partie I : une déclaration d’amour passionnée (v. 1440-1456)

Partie II : un aveu tragique et émouvant (v. 1457 à 1480)

Partie I : une déclaration d’amour passionnée (v. 1440-1456)

Alors que Cyrano a finalement pris la place de Christian car le stratagème mis en place par les deux hommes pour que Roxane tombe amoureuse de Christian fut un échec et après quelques échanges entre Cyrano et Roxane, cette dernière permet enfin à Cyrano,qui se fait passer pour Christian, de lui déclarer sa flamme : « quels mots me diriez-vous ? ». Dans l’hémistiche du vers 1442, Cyrano lui répond par la répétition de « tous ceux » dont le rythme souligne son émotion qu’il a du mal à contrôler ainsi que la multitude des mots qu’il a depuis longtemps rêvé de lui dire et qu’il va enfin avoir l’occasion de lui dire. Jusque là, le discours de Cyrano était bien construit, son objectif étant d’amener Roxane à l’autoriser à lui faire sa déclaration. Mais, à présent, il la prévient que cette déclaration va être plus décousue car plus spontanée : « tous ceux qui me viendront » : il ne choisira pas ses mots car il laissera parler son cœur : « je vais vous les jeter en touffe».  A noter l’antithèse « touffe /bouquet » qui insiste sur le changement de style du discours. D’ailleurs « mettre en bouquet » est une métaphore pour désigner le style raffiné qu’il utilisait jusque là. Puis il se libère enfin : « je vous aime, …, c’est trop »  accumulation désordonnée durant laquelle il lui avoue son amour et la souffrance qu’il endurait à devoir garder pour lui ses sentiments et la délivrance de pouvoir enfin soulager son cœur. L’alternance entre le tutoiement et le vouvoiement « je vous aime », « je t’aime » montre la confusion de Cyrano qui est submergé par l’émotion, confusion soulignée par la ponctuation donne un rythme très rapide et haché. Au vers 1445, il semble se ressaisir et se lance dans une déclaration passionnée comme le souligne la présence du champs lexical de l’amour « cœur », « frissonné », « tout aimé ». Il se met à tutoyer Roxane qu’il vouvoyait jusque là, ce qui montre sa volonté de se rapprocher d’elle et de créer une certaine intimité entre eux. Cela souligne aussi la spontanéité et la sincérité de sa déclaration. Le chiasme « ton nom ...comme un grelot, /.../le grelot s’agite et le nom sonne » :  met en relief la comparaison entre le cœur de Cyrano et un grelot qui sonne à l’évocation de son nom. « De toi » est placé en début de vers pour en souligner l’importance.

    Cyrano idéalise Roxane qu’il compare au soleil : il est ébloui par sa chevelure qui par métonymie fait référence à Roxane. L’hyperbole « Sur tout mon regard ébloui pose des tâches blondes »  souligne sa présence permanente dans ses pensées. Ce vers fait écho à son nom qui fait sonner « tout le temps » son cœur comme un grelot. L’hyperbole « les feux dont tu m’inondes » ou l’intensification du pluriel souligne la force de la passion de Cyrano. Elle est renforcée par l’antithèse « feux/inonde » ou « inonde » ramène à l’eau, élément opposé du feu. La déclaration de Cyrano a touché Roxane qui lui répond avec « une voix troublée ».

Partie II. Un aveu tragique et émouvant(v. 1457 à 1480)

    Dans sa seconde tirade, Cyrano poursuit sa déclaration d’amour encouragée par la réponse de Roxane mais il évoque également la souffrance que cet amour fait naître en lui. Le contre-rejet « Certes, ce sentiment » qui débute par l’adverbe « certes » souligne ses sentiments contrastés comme le confirment les adjectifs « terrible et jaloux » qui évoquent cette douleur : Cyrano souffre que son amour pour Roxane ne soit pas réciproque et il souffre d’autant plus qu’elle amoureuse d’un autre ce qui provoque naturellement de la jalousie. Le contre-rejet « C’est vraiment » insiste sur la sincérité de ses sentiments. On peut noter dans les vers 1457, 1458, 1459  la présence d’un contre-rejet « Certes ce sentiment / qui m’envahit... » et d’un enjambement « ...c’est vraiment/de l’amour » qui cassent le rythme harmonieux des alexandrins et montrent ainsi le trouble de Cyrano. L’anaphore « De l’amour » insiste sur la force de sa passion. La construction inversée du vers 1458 souligne les symptômes de cet amour considéré comme une maladie comme l’atteste l’hyperbole « toute la fureur » qui fait écho aux vers 1444/1445 « j’étouffe, je suis fou, je n’en peux plus , c’est trop». Cette hyperbole est renforcée par l’oxymore « fureur triste » qui souligne le caractère tragique de cette passion : elle crée en lui deux sentiments opposés : un amour si passionné qu’il en devient incontrôlable (« fureur ») et la tristesse. Il explique, de manière détournée, les causes de cette souffrance. En effet, Cyrano est censé se faire passer pour Christian et son discours ne peut pas dévoiler toute la vérité. « Et pourtant, il n’est pas égoïste » : le terme « égoïste » est mis en relief par une diérèse : Cyrano fait comprendre que malgré la douleur causée par la jalousie qu’il éprouve, il accepte l’amour de Roxane pour Christian. Dans les vers 1460,1461, il lui fait comprendre que par amour pour elle, il souhaite avant tout son bonheur et qu’il place celui-ci au-dessus du sien. L’utilisation du conditionnel souligne le caractère hypothétique, bien que réel, de la situation car il ne doit pas éveiller les soupçons de Christian et Roxane en dévoilant ses sentiments. Le sacrifice de son bonheur au profit de celui de Roxane est souligné par la rime et la diérèse « mien/rien ». L’évocation de ce sacrifice est reprise et amplifiée dans les deux vers suivants 1462/1463 ou il affirme que le  moindre bonheur (adverbes « parfois, « de loin », « un peu ») justifie ce sacrifice. Son amour pour Roxane l’emporte sur sa tristesse et sa jalousie. Les enjambements :

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