Commentaire, "Ma dernière métamorphose » de Jules Supervielle
Commentaire de texte : Commentaire, "Ma dernière métamorphose » de Jules Supervielle. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Maëva Choyer • 29 Janvier 2017 • Commentaire de texte • 986 Mots (4 Pages) • 1 560 Vues
Maëva 1ESLA
CHOYER 31/11/2016
Français
« Ma dernière métamorphose » est un poème de Jules Supervielle extrait du recueil Le corps tragique paru en 1959. Dans ce poème, Supervielle exprime sa volonté de se métamorphoser en Rhinocéros ; être robuste et fort, ce qui est tout le contraire du poète qui souffre de problèmes pulmonaires et cardiaques. En effet, Jules Supervielle est un poète Franco-Uruguayen né en 1884 et décédé en 1860 très affaiblie par des complications de santé. De par son vécu de malade Jules Supervielle évoque dans « Ma dernière métamorphose » la perte d’humanité comme protection de la vulnérabilité. Après avoir étudié le déroulement de la métamorphose de Supervielle, nous étudierons la symbolique que représente le rhinocéros dans ce poème.
Tout d’abord, « Ma dernière métamorphose » est écrit en prose, reflet de l’envie de modernisation de Jules Supervielle. Par ailleurs, Supervielle dans ce poème nous fait part de ses sentiments, états d’âmes ; « J’étais de fort mauvaise humeur », « j’en voulais à mes meilleurs amis » ... Puis, il commence à évoquer son intention de métamorphose mais de manière implicite. C’est ainsi que l’on apprend que Supervielle ce veut « affreux, répugnant » … Le poète a « absolument besoin » de se métamorphoser, il se situe dans un état psychologique de rêve où il commence à s’imaginer à l’état d’animal et c’est pour cette raison qu’il mélange le registre humain au registre animal : « Pour m’amadouer on me faisait des offres de services ». Supervielle exprime le « besoin urgent » de se métamorphoser et ce voit « comblé » lorsque cette pulsion est exaucée. J’observe alors une rupture marquée par le passé simple (« Soudain je me sentis ») avec la première partie écrite à l’imparfait. Le poète semble vivre un rêve éveillé ce qui explique l’importance du champ lexical du plaisir ; « délices », « chef d’œuvre », « comblé » … Il n’y a plus de rêve celui-ci s’est réalisé, la métamorphose n’est plus un mirage. Néanmoins, on apprend à la fin du texte que la métamorphose est un échec après une nouvelle rupture marquée par un passé simple ; « lorsque j’entendis distinctement deux vers de Mallarmé dans ma tête dure et cornée. Décidément, tout était à recommencer. » Ici, Mallarmé sert de chute, Supervielle fait un jeu de mot entre le rhinocéros « bien armé » et lui-même malade soit « mal armé ». Mallarmé n’est donc pas explicitement la raison de l’échec bien qu’il puisse, peut-être, être la représentation des amis de Supervielle qui le ramène à la raison.
Par ailleurs, Supervielle nous fait part dans son poème qu’il ne veut pas se métamorphoser en « tatou ou même tapir », qu’il « ne trouverait aucun apaisement du côté des sauriens ». En effet, le poète a « absolument besoin d’une corne sur le nez, d’une bouche fendue jusqu’aux oreilles, d’une peau coriace genre crocodile », « de boucliers indurés aux jambes et sur un ventre de mammifère ». A travers cette description très détaillée de son apparence idéale, Supervielle nous représente un animal fort, robuste, effrayant, monstrueux, invincible tout son contraire puisqu’il est malade, faible et dans une phase de décrépitude bien qu’il puisse encore écrire des poèmes. Cependant, Supervielle évoque seulement l’aspect physique de l’animal, il n’est pas question d’une certaine profondeur intellectuelle. Peut-être, Supervielle désire juste un corps et non une tête. Il laisse place au suspens pendant plus de la moitié du poème et ne révèle, qu’au moment même où il le devient, qu’il s’est métamorphosé en rhinocéros. Dans le texte et en dehors du texte le rhinocéros a une valeur très symbolique. En effet, en premier lieu, il représente pour le poète l’espoir de la guérison. Puis, en second lieu, le rhinocéros est également un parallèle avec l’œuvre « Rhinocéros » de Ionesco. Supervielle serait atteint de la « rhinocérite » ; une maladie qui transforme les humains en rhinocéros. Ainsi, le rhinocéros, être grossier et au plus haut point éloigné de toute humanité symboliserait la perte de l’humanité, le fanatisme se répandant comme une sorte de maladie qui détruirait tout sur son passage.
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