Commentaire : Incipit d'Une vie, Guy de Maupassant

Commentaire : Incipit d’Une vie :

Une vie, ayant préalablement été publié en feuilleton en 1883, est le premier roman de Guy de Maupassant, célèbre écrivain du XIX° siècle. Dans cet ouvrage, Maupassant souhaite rejeter le mouvement romantique afin de se rattacher au mouvement réaliste. Il obéit donc à un principe de simplicité et de banalité, que ce soit le titre ou encore les personnages, ce qui permet aux lecteurs de se rapprocher de l’histoire.       …………L’incipit ici étudié, est d’autant plus important car il implante les principaux éléments caractéristiques de l’histoire. Cette première page introduit tout d’abord l’implantation du décor dans sa première phrase, suivie de la présentation du contexte. Le personnage principal, Jeanne, est ensuite présentée, ainsi que son père, le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds, et enfin, la description de l’éducation qu’a reçu Jeanne. Cette présentation des personnages permet aux lecteurs d’entrer immédiatement au cœur de l’histoire, ainsi que de comprendre le caractère du personnage principal, ainsi que celui de son géniteur. _______________ _______ ______ ______ ____ ___    _____Nous allons ici étudier comment Maupassant s’approprie le réalisme dans son incipit. Pour cela, nous parlerons d’abord de la narration avec l’alternance de deux points de vue, puis la présentation des deux personnages ainsi que du symbolisme de la nature.

  Nous remarquons l’absence de longs paragraphes dans cet incipit. À la place s’entremêlent, dans de courts paragraphes, de la narration, de la description, des dialogues, etc. Les deux premières lignes par exemple, sont de la narration, alors que le paragraphe suivant est descriptif, lui-même redonnant place à de la narration, et seulement un paragraphe plus loin apparaissent deux lignes de dialogues. _______    ______ Comme le stipule la convention réaliste du XIX° siècle, le narrateur n’apparait pas dans ce texte, ni dans le reste du roman. Il se doit d’être d’apparence neutre, étant anonyme et impersonnel. Cette narration permet à la fois de donner l’illusion du réel, mais permet aussi le changement de point de vue.

L’incipit s’organise ici en deux points de vue dissemblables. Tout d’abord nous partageons le point de vue de Jeanne, notre personnage principal, dans la première partie du texte. Mais par la suite le point de vue a changé, c’est celui du narrateur que nous partageons dans la seconde partie du texte, afin d’établir la description du père.

Lorsque nous commençons notre lecture, tout est perçut selon le point de vue de Jeanne. Nous comprenons rapidement qu’il s’agit du personnage principal grâce au début in media res qui crée un sentiment de familiarité avec elle. C’est effectivement à travers ces sens que nous découvrons donc le cadre spatio-temporel dans lequel elle évolue, que ce soit lorsqu’elle approche de la fenêtre et qu’elle voit la pluie, craignant l’orage, qu’elle ressente la chaleur sur sa peau, ou qu’elle nous dévoile la date de 1819 lorsqu’elle prend le calendrier. Il s’agit toujours de son propre ressentit, jusqu’au moment où, lorsque « son père parut », le point de vue devient celui du narrateur.

Le père de Jeanne, le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds, incarne la noblesse normande, classe sociale à laquelle appartient Maupassant. Nous l’apercevons selon le point de vue du narrateur, et non celui de Jeanne. Ce point de vue extérieur et omniscient permet de juger cet homme en tant que « Homme de théorie » qui « méditait tout un plan d’éducation pour sa fille ». Cet homme qui s’identifie en tant que gentilhomme du siècle passé, sert à Maupassant d’une synthétisation et d’une analyse de cette classe sociale à son époque. Ainsi le point de vue change afin de mieux caractériser les personnages présents dans cet incipit, Jeanne et son père.

Jeanne est le premier personnage à apparaitre, dès la première ligne du texte. Nous comprenons de suite qu’il s’agit du personnage principal, grâce notamment à la focalisation interne. Son apparence physique n’est point décrite, contrairement à son profil psychologique, décrite comme une jeune fille de 17 ans naïve, rêveuse et sensible, ainsi que l’histoire de son éducation.       _________________                   _________________    -____ Jeanne est une jeune fille qui est sur le point de quitter le couvent où elle étudiait depuis ses douze ans. Cette éducation, c’est son père qui l’a choisi, c’est lui qui l’a « sévèrement enfermée, cloîtrée, ignorée et ignorante des choses humaines », afin qu’elle devienne une parfaite épouse digne de sa classe sociale, c’est-à-dire qu’elle devienne « heureuse, droite et tendre », et ceux malgré les pleurs de la mère, ne voulant pas être séparée de sa fille.  Cette éducation était donc nécessaire pour qu’elle soit conforme aux normes qu’exige l’aristocratie, à l’image de son père.

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