Beaumarchais, monologue de Figaro, Plan de commentaire

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, 1784

Acte V, scène 3 : La fin du monologue de Figaro

(«Le désespoir m'allait saisir […] Voici l'instant de la crise)

Plan de commentaire proposé

Problématique : En quoi ce monologue dépasse-t-il la comédie ?

Plan : 1- Un récit dynamique, dominé par l’émotion

2- L’âme de Figaro dévoilée.

1- Un récit dynamique, dominé par l’émotion

A.   La fin d’un récit romanesque :

=> Vivacité du récit

-         Utilisation du présent :

L’essentiel du passage observé est raconté au présent, ce qui a pour effet d’actualiser des événements passés, de les donner à voir comme s’ils se présentaient sous nos yeux.

-         Raccourcis narratifs :

Ils donnent beaucoup de vitesse au récit, enchaînant les événements de manière accélérée. Parfois l’enchaînement est si précipité qu’il en devient comique : «Un grand seigneur passe à Séville ; il me reconnaît, je le marie» (l. 84-85).

• Eveiller la mémoire du spectateur : Beaumarchais mobilise la mémoire du spectateur : Figaro revient sur certaines péripéties du Mariage de Figaro et du Barbier de Séville. A la fin du monologue, il résume dans un style quasi télégraphique les trois premiers actes : «pour prix d’avoir eu par mes soins son épouse, il veut intercepter la mienne ! Intrigue, orage à ce sujet. […] mes parents m’arrivent à la file» (l.13).

=> résumés vifs qui permettent au spectateur de se trouver en terrain de connaissance.

 B.     Des paroles où l’émotion domine

➢ «Je » dominant : implication personnelle très grande

➢ Didascalies : Beaumarchais se sert des déplacements et des changements d’attitude corporelle de Figaro pour ponctuer son monologue : ces gestes sont très significatifs de l’état d’esprit du personnage.

-         «Il se lève en s’échauffant» (l. 13) : exprime une agitation intense qui traduit le sommet de l’action.

-         «Il retombe assis» (l. 14) : se conclut par un geste de lassitude, comme si le fait d’avoir parcouru toute sa vie avait épuisé Figaro.

➢ Rôle de la ponctuation expressive « ! », « ? », « … »

-         Lyrisme de l’apostrophe «Ô bizarre suite d’événements !» (l. 15)

-         Le doute marqué par les points d’interrogation : Comment ? Pourquoi ? Qui ? (l. 15-16)

-         Points de suspension très symboliques (l. 24) qui montrent que Figaro se sent trahit + détresse de  «Suzon, Suzon, Suzon !» (l. 23-34)

➢ Ton marqué par des hyperboles : «intrigue, orage » (l. 12) ; «Prêt à tomber dans un abîme» (l. 12)

TRANSITION

Le monologue est l'occasion pour un personnage de théâtre de dire sans contrainte ce qu'il ressent, de réfléchir sur soi, sur son passé : ici, Figaro, en se parlant à lui-même, nous dévoile toute l'épaisseur de son expérience et de sa psychologie. Il met son âme à nu, une âme désenchantée.

II - L'AME DE FIGARO DEVOILEE

A.  Le désarroi présent :

➢ Connotations très négatives du lexique : termes dévalorisants

...