Au-revoir là-haut de Lemaître

Commentaire au revoir là-haut

Dans cet extrait, le narrateur décrit deux personnalités, Edouard et Albert,  qui ont une relation forte et passionnée mais dont les caractères qui s’opposent. Edouard, la gueule cassée est un artiste exubérant et révolté, quant à Albert c’est un personnage partagé entre la peur et l’amour.

        Edouard est un artiste excentrique, qui a de l’ardeur difficile à contenir : « Edouard d’abord hurla de bonheur » l.1, ici le narrateur a décidé d’introduire une hyperbole pour accentuer le coté enthousiaste d’Edouard ou bien « Edouard, lui, trépignait de joie » l.10. On remarque ligne 3 que les paroles sont rapportées indirectement, ce qui permet de ne pas rompre le fil du récit, car les paroles des personnages en font alors partie. Edouard, étant un excellent artiste, montre son désintérêt total pour l’argent en décidant de se fabriquer un masque, « entièrement fait de billet » l.5. Son œuvre d’art agit sur les émotions : « Albert avait été séduit » l. 8, le narrateur utilise même deux comparaisons : « comme des volutes de pognon, comme si les coupures se consumaient et enveloppaient son visage d’un halo de fumée » l.6. D’ailleurs, ces phrases nous permettent de comprendre à quel point Edouard a un intérêt relatif sur sa vie car il n’a plus rien à perdre, il est déjà mort. En s’inventant un visage dans ce masque de billets, que la guerre lui a volé, il nous montre que l’art et l’amitié sont plus importantes pour lui que la chirurgie.

        Albert, lui, est dominé par sa morale et le moindre écart à ce que lui dicte sa raison, engendre en lui une profonde détresse. Ses émotions varient, elles passent de la peur à l’exaltation : « Albert avait été séduit mais aussi choqué » l.8. Le narrateur utilise le pronoms « on » pour marquer la distance entre la pensée intime d’Albert et la pensée morale, les règles sociales « on ne fait pas ça avec l’argent » l.8. Le narrateur utilise une phrase interrogative : « que faire ? » l.18, et aussi « sauf qu’ » l.20, permettant de faire ressortir le doute d’Albert qui n’est pas confiant ; il n’est pas sûr de lui. A partir de la ligne 18, l’auteur utilise le point de vue interne d’Albert, qui nous livre sa conscience, ses pensées, ses sentiments. Il se désigne comme un menteur, un escroc, un malfaiteur et pourtant le lecteur voit en lui un ancien combattant exemplaire, attentif et tendre, un ami fidèle.

Ces deux personnages qui s’opposent, tant par leurs caractères que leurs situations sociales, s’unissent pour développer une arnaque et fuir la France. Mais tout cet argent, qu’ils gagnent de façon immorale, l’un pour se venger de sa mutilation et de son père fortuné, l’autre par culpabilité pour soutenir son camarade qui lui a sauvé la vie, est-il le cœur du roman ?

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