Au bonheur des dames, Zola

Tout d’abord, nous allons voir dans une première partie que le roman Au Bonheur des Dames est un roman réaliste. Zola peint le réalité de son époque, celle du capitalisme naissant à travers l’univers du grand magasin Parisien.

Et c’est en partie grâce à ses personnages, en particulier celui de Denise que Zola inscrit son roman dans la réalité.

Denise n’est pas une héroïne mythique, c’est une jeune femme modeste. Au décès de son père, elle quitte la Normandie, accompagnée de ses deux frères pour se rendre à Paris chez son oncle. Denise espère y trouver du travail. Elle est portée par un désir de réussite, elle cherche à sortir de sa condition misérable. Elle possède  ainsi toutes les caractéristiques du héros réaliste.

Zola va lui faire tenir un rôle important. C’est elle qui dénonce les conditions de vie difficiles des vendeurs et qui va réussir, progressivement à les améliorer. En effet, une fois devenue première elle va proposer à Mouret des changements dans son magasin comme la fin des renvoies en masse lors des mortes saison ou la création d’une caisse de solidarité par exemple.

Toutefois, Denise se distingue du héros réaliste classique par le fait qu’elle connaît une fin heureuse. Elle réussit à sortir de la misère, accomplit des choses et vit une histoire d’amour avec Octave Mouret. Mais nous y reviendront.

        Ce dernier est un autre personnage clé du roman. Octave Mouret est un personnage qui apparaît déjà dans un autre roman du cycle des Rougon-Macard, roman appelé Pot-bouille. Ce roman raconte les débuts de son ascenssion sociale. Ainsi, Mouret évoque parfois sont ancienne vie, celle de Pot-bouille et cela a pour effet de rendre le récit encore plus réaliste par exemple dans le chapitre 2 il se souvient de madame Hédouin :  « Depuis qu’elle n’était plus, Octave lui gardait un souvenir attendri, se montrait reconnaissant à sa mémoire de la fortune dont elle l’avait comblé en l’épousant. Aussi, avant de se mettre à signer les traites posées sur son buvard, adressa-t-il au portrait un sourire d’homme heureux. N’était-ce pas toujours devant elle qu’il revenait travailler, après ses échappées de jeune veuf, au sortir des alcôves où le besoin du plaisir l’égarait ? » Le personnage a donc des souvenirs qu’il partage avec le lecteur.

 Mais il y a bien d’autres personnages dans ce roman et ils permettent à Zola de montrer la  la diversité des milieux sociaux de cette période du 19 ième siècle.

Ainsi le romancier crée des personnages type qui lui permettent se saisir l’évolution de la société par exemple il propose différents caractères de femme comme madame Desforges ou bien madame Bourdelai ou encore madame Guibal et il dresse ainsi le portrait de la nouvelle classe sociale, la bourgeoisie.

Mais Zola va aussi employer différents procédés que l’on peut nommer des effets de réel afin de susciter cher le lecteur une véritable impression de réalité.

Ainsi dès l’incipit, Zola va établir de manière très précise le cadre spatial du roman,

Le roman se déroule à Paris et Zola multiplie les détails géographiques. Il est extrêmement précis et donne même des noms de rue par exemple : «C’était à l’encoignure de la rue de la Michonière et la rue neuve st Augustin». Il évoque aussi la gare st Lazare « Denise était venue à pied de la gare st Lazare » Ou encore page 390, « rue neuves des petits champs ». Zola utilise donc des lieux réels ce qui lui permet d’ancrer son roman dans la réalité.

D’autre part, l’utilisation d’un vocabulaire technique extrêmement précis, montre combien Zola attache de l’importance à la présence du détail vrai. Ainsi, une attention particulière est donnée aux tissus et tout au long du roman Zola va évoquer les étoffes « cachemire blanc, flanelle, la gaz de chambéry, la dentelle de bruge». Le lecteur est complètement immergé dans l’univers spécifique du grand magasin à travers l’emploie de ce lexique professionnel. C’est comme si, par de là le roman, Zola proposait un véritable documentaire.

Et l’on pourrait presque dire que le romancier se transforme parfois en véritable sociologue comme par exemple lorsqu’il décrit dans le chapitre 9 la naissance de la publicité. « La grande puissance était surtout la publicité. Mouret en arrivait à dépenser par an trois cent mille francs de catalogues, d'annonces et d'affiches. Pour sa mise en vente des nouveautés d'été, il avait lancé deux cent mille catalogues, dont cinquante mille à l'étranger, traduits dans toutes les langues.
Maintenant, il les faisait illustrer de gravures, il les accompagnait même d'échantillons, collés sur les feuilles. C'était un débordement d'étalages, le Bonheur des Dames sautait aux yeux du monde entier, envahissait les murailles, les journaux, jusqu'aux rideaux des théâtres. »

Ce passage du roman est un réel témoignage historique et il est aujourd’hui utilisé dans les écoles de commerce. On voit combien ici le réalisme est pousser à son extrême.

        Par moment même, dans le roman, Zola décrit des scènes de façon tellement réaliste que le lecteur à  l’impression qu’elles se déroulent sous ses yeux.  Le romancier fait appelle à des sensations visuelles, auditives mais aussi olfactives. Il en est ainsi de la scène du chantier du chapitre 5 : «Sans arrêt, on entendait le grincement des treuils montant les pierres de taille, le déchargement brusque des planchers de fer, la clameur de ce peuple d'ouvriers, accompagnée du bruit des pioches et des marteaux. Mais, par-dessus tout, ce qui assourdissait les gens, c'était la trépidation des machines ; tout marchait à la vapeur, des sifflements aigus déchiraient l'air ; tandis que, au moindre coup de vent, un nuage de plâtre s'envolait et s'abattait sur les toitures environnantes, ainsi qu'une tombée de neige. [...]

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