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Analyse linéaire Mme Bovary

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Par   •  25 Avril 2022  •  Commentaire de texte  •  1 519 Mots (7 Pages)  •  1 334 Vues

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Lecture linéaire – Madame Bovary, chapitre 8

Introduction

L’auteur : Gustave Flaubert

  • 1821-1880
  • A vécu et écrit dans sa propriété de Croisset, près de Rouen  toujours dans cette région à l’exception de quelques voyages à Paris et un grand en Orient.
  • Auteur de romans et de nouvelles, et de beaucoup de correspondances avec ses amis (Maupassant, George Sand…) et sa maîtresse (Louise Collet)

L’œuvre : Madame Bovary (1857)

  • 5 ans de travail d’écriture pour donner naissance à son roman le plus célèbre.
  • Récit de la vie d’une jeune femme, Emma, rêveuse et amatrice de lectures romantiques, qui ne trouve pas le bonheur auprès de son mari, un officier de santé médiocre et sans ambition.
  • Emma cherche l’évasion dans ses aventures sentimentales mais en vain 
  • Elle va d’échec en échec et s’endette jusqu’à la saisie de ses biens.
  • Elle ne trouvera une issue que dans le suicide.

L’extrait : chapitre 8

  • Se situe dans la première partie du roman
  • Emma est invitée avec son mari au château de la Vaubyessard.
  • Elle s’émerveille de pénétrer dans ce milieu aristocratique. Cette soirée de bal est pour elle un événement extraordinaire.
  • Pourtant : il y a une grande distance entre cette vie luxueuse et le monde paysan dont elle est issue.

Problématique : Comment la description souligne-t-elle l’écart entre le monde aristocratique et celui de l’héroïne ?

Annonce de plan : 1. Conversation mondaine d’un groupe d’aristocrate (1er §)

2. Incidence des paysans qui regardent au carreaux et surgissement d’un souvenir d’enfance (2ème §)

3. Scène furtive et échange galant entre une dame et un monsieur (3ème à 5ème §)

I – Conversation mondaine d’un groupe d’aristocrate.

  • Scène essentiellement vue du point de vue d’Emma qui surprend une conversation « à trois pas d’elle » (CCL)
  • Description sommaire des locuteurs montrant des clichés du milieu aristocratique : « un cavalier en habit bleu » + « une jeune femme pâle » + « une parure de perles »
  • L’Italie comme sujet de discussion 🡪 pays incontournable du « Grand Tour »[1], symbole d’une jeunesse oisive et fortunée
  • Énumération de noms de lieux touristiques italiens : « piliers de Saint-Pierre, Tivoli, le Vésuve, Castellamare et les Cassines, les roses de Gênes, le Colisée ».
  • Mais des propos peu intéressant et banals : « la grosseur des piliers de Saint-Pierre » + cliché romantique banal « Colisée au clair de lune ».

🡺 On sent une ironie voulue par l’auteur : des jeunes aristocrates qui parlent sans vraiment savoir

  • Conversation entendue et vue par Emma : « Emma écoutait (…) ne comprenait pas »
  • Elle est novice en matière de mondanités, elle ne connait pas ce milieu. Elle ne saisit pas le sens et ne peut donc pas y participer.
  • « On entourait (…) son cheval » : Emma surprend des bribes décousues d’une conversation et n’en comprends pas le sens de ces détails concernant des concours hippiques car le mot cheval n’est donné qu’à la fin.
  • Référence à l’Angleterre qui est un autre pôle important de la géographie mondaine (dandys et chevaux de race).
  • Le rapprochement du nom anglais « Miss Arabelle » et du nom latin « Romulus » (faisant écho à l’Italie)  fait sourire car on retrouve la touche d’ironie vue précédemment.
  • Il y a une disproportion entre « sauter un fossé » et gagner « deux milles louis »

🡺 On comprend qu’Emma ne peut être que perdue face à toutes ces références dans ce paysage sonore qui ne lui est pas familier.

II – Incidence des paysans qui regardent au carreaux et surgissement d’un souvenir d’enfance

  • « L’air du bal (…) billard » : l’atmosphère devient pesante, crée une sorte de malaise pour Emma  manque d’air, baisse de la lumière et mouvement de foule.
  • « Un domestique monta (…) vitres » : passage au passé simple qui marque une rupture.
  • C’est le bruit d’éclat de verre qui sort Emma de la torpeur du bal et qui l’incite à regarder dans les jardins.
  • Elle y découvre des visages de paysans plaqués sur la vitre.
  • « des faces de paysans » : déshumanisation des paysans par le mot « face » et l’utilisation de l’article pluriel et indéfini « des ».
  • On ne sait pas s’ils sont hostiles, envieux ou curieux mais la vitre qui les sépare traduit une opposition entre ces deux mondes qui s’ignorent et s’excluent.
  • « Alors le souvenir (…) la laiterie » : cette vision fait ressurgir chez Emma des souvenirs de son enfance, l’image de la ferme où elle a grandi (« le souvenir des Berthaux »).
  • Les souvenirs affluent malgré elle : « lui arriva ».
  • Les verbes « revit » et « se revit » souligne la focalisation interne
  • « la mare bourbeuse », la « blouse »  du père + « écrémant avec son doigt les terrines de lait » mettent en évidence le caractère rustique de la vie paysanne
  • Allitération en « b » et assonance en « ou » accompagne ce cadre paysan lourd.
  • « Mais (…) tout le reste » : la vision est fugace et Emma revient vite au moment présent
  • « Mais » : conjonction de coordination qui marque la rupture.
  • La vision n’est plus « si nette ».
  • « S’évanouissait » : emploi du verbe montre qu’Emma ressent le besoin de couper les liens avec son passé et donc d’oublier les souvenirs liés à la ferme paternelle.
  • « Fulgurations » (éclairs, lueurs électriques) illumine le bal et la ramène au présent. C’est le présent qui fait qu’Emma se sent exister
  • Au point que le reste de sa vie sombre dans le néant : « elle doutait presque de l’avoir vécue ».
  • « Elle était là » : marque ce constat.
  • « Elle mangeait alors (…) entre les dents » : cette dernière phrase marque un contraste avec les souvenirs de la ferme
  • « Glace au marasquin[2] » est un dessert raffiné servi dans une coupelle elle aussi raffinée et précieuse (« dans une coquille de vermeil »)[3].
  • Emma s’adonne à la sensation que lui procure cette glace : « fermait à demi les yeux » + « cuiller entre les dents ».

III – Scène furtive et échange galant entre une dame et un monsieur

  • « Une dame (…) son bouquet » : les dernières lignes de l’extrait nous montrent que ce bal mondain est aussi un lieu de rencontre amoureuse.
  • On le voit une nouvelle fois du point de vue d’Emma : « Emma vit »
  • Elle observe une scène galante où une dame fait tomber son éventail et un homme lui ramasse avec courtoisie. Pendant qu’il le ramasse, la dame met « quelque chose de blanc, plié en triangle » dans son chapeau.
  • On ne sait pas si Emma comprend tous les tenants et aboutissants de cette interaction qui, aux yeux des lecteurs, ressemble à une interaction entre deux amants.
  • La situation pourrait paraître banale mais elle précède les infidélités d’Emma dans le roman. Ce n’est donc pas un hasard.

Conclusion

Plongée pour la première fois dans le milieu aristocratique, Emma Bovary découvre un monde inconnu, des êtres dont elle ne décèle pas la fatuité et le caractère superficiel, que l’auteur suggère avec ironie.

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