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Analyse Incipit de Balzac Ferragus

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Par   •  20 Novembre 2019  •  Commentaire de texte  •  2 078 Mots (9 Pages)  •  2 954 Vues

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Analyse Ferragus p. 87-88

On a un effet de resserrement du texte par rapport à l’incipit qui décrivait Paris en général, ici on se focalise plutôt sur un croisement de 2 rues, on a une sorte de double incipit, d’abord Paris en général, puis introduction de l’intrigue qui confère à Paris un rôle de personnage du texte. Ce texte qui est d’emblée situé par le narrateur qui nous plonge dans les rues sombres et populaire de Paris (rue Pagevin, rue Soly), à une heure tardive (20h30) au mois de février, nous raconte l’histoire d’un jeune homme officier de cavalerie, Auguste de Maulincour, secrètement amoureux de Clémence Desmarets qu’il va rencontrer par pur hasard dans ces rues infâmes, là où pourtant une femme de sa catégorie sociale, ne devrait se trouver. Le texte aborde donc une longue description des sentiments du jeune officier pour cette femme ainsi que son étonnement de la trouver en ces lieux. C’est un passage narratif, dont le narrateur est omniscient (il ne prend pas part à l’action, connait tous les personnages, leurs pensées…). Ce passage est donc également descriptif et dresse un portrait plutôt élogieux mais pas d’abord des qualités physiques, mais plutôt morales. Le narrateur veut donc nous donner un certain nombre de renseignement sur le personnage pour comprendre l’action. On a un topos de la scène d’apparition mais ce n’est pas une scène de première vue (il est déjà amoureux) Balzac joue avec la scène de rencontre. [pic 1][pic 2]

Dans un premier temps on a l’introduction des lieux

Puis les circonstances de la rencontre

Et enfin l’éloge des qualités morales de cette femme et le thème de l’amour

Axe d’analyse : En quoi Balzac joue-t-il avec les codes du roman tout au long du texte ?

Le décor est planté d’emblée, au début du texte, et l’on peut remarquer que cette volonté de situer l’action est primordiale chez l’auteur avec l’anadiplose de « rue Pagevin » répétée 2 fois de manière successive, là où Balzac aurait pu utiliser une périphrase (cette dernière, celle-ci, elle…). On voit donc bien ici que l’importance est donnée au lieu mais aussi au temps, en effet le texte débute avec « À huit heures et demi du soir » et on retrouve plus loin « au commencement du mois de février » et enfin « il y a de cette aventure environ treize ans ». En donnant ainsi la priorité au temps et au lieu, cela prouve bien la volonté de réalisme que Balzac souhaite donner au texte. On a de plus au début du texte une personnification du décor « un mur qui ne répétait pas un mot infâmes », qui donne l’impression d’un lien entre l’intrigue et la mémoire, comme si c’est la rue qui faisaient naître l’intrigue. Puis on a une gradation du blâme de la rue renforcée par des superlatifs (au départ juste « un mot infâme » puis devient « la moins praticable », « la plus déserte »…) cette insistance a pour but d’accroître le caractère infâme de cette rue et pour plus tard créer la surprise avec la rencontre de cette femme délicieuse. Balzac utilise également une antiphrase « le coin le plus fréquenté de la rue la plus déserte », qui fait figure de contraste et interpelle ainsi le lecteur pour capter son attention. « Cette aventure » désigne un récit en train de s’écrire, et rappelle le roman d’aventure. On place le personnage dans ce coin de rue, la phrase « Un jeune homme » est le personnage type du roman d’apprentissage, de l’aventure romanesque, mais ce ne sera pas le héros principal, on insiste pas vraiment sur ce dernier, on lui donne un effet mystérieux rappelant le roman à énigme. Peu après, on a un déterminant discontinue qui fait appelle à une connaissance partagée, une expérience commune au narrateur et au lecteur avec « Un de ces hasards, qui… » très utilisé dans les romans réalistes, ce hasard est aussi le principe même de l’aventure, l’élément déclencheur. On a donc une présentation de la rue qui fait naître le souvenir, qui suppose que le lecteur connaît bien son Paris. On a un effet de complicité entre l’auteur et le lecteur car en n’expliquant pas profondément les lieux il agit comme si le lecteur connaissait ces lieux. On peut également trouver un pléonasme dans la formule « Un de ces hasards qui n’arrive pas deux fois » puisque par définition le hasard ne se répète pas, ici Balzac veut insister sur la coïncidence presque impossible de rencontrer Madame Desmarets en ces lieux. Puis de nouveau, Balzac décrit avec exactitude l’action du jeune officier avec un complément circonstanciel de manière « à pied », et 5 complément circonstanciel de lieu « le coin de la rue Pagevin », « la rue des Vieux-Augustins », « du côté droit », « la rue Soly », « rue de Bourbon » et l’on retrouve donc l’effet de réalisme et de complicité avec le lecteur, voulu par Balzac. Plus loin, on assiste enfin à cette rencontre, qui, au départ est incertaine, « de vagues ressemblances », on sent en effet que le jeune homme hésite, quant à l’identité effective de cette jeune femme qu’il aperçoit. L’auteur rappelle également le caractère improbable de cette rencontre par « il marchait fort insouciamment » et cela désigne également un basculement dans sa vie. Puis on a l’éloge de cette femme qu’il aperçoit avec un superlatif « la plus jolie », qui est même hyperbolique « la plus jolie femme de Paris » ce qui est exagéré. Cet éloge se poursuit avec des qualificatifs tel que « chaste », « délicieuse », qui insiste encore un peu sur la beauté de cette jeune femme, immédiatement il attribue des qualités morales, un jugement de valeur. Tout au long de ce passage on a donc un éloge, un topos romanesque qui cependant se termine plutôt brutalement avec encore une fois une dure réalité qui s’impose au jeune homme « amoureux sans espoir, elle était mariée », : sans espoir nous montre bien que le jeune homme s’est résigné, cela reflète la tragédie de l’amour dont chacun peut avoir fait l’expérience dans la vraie vie, et qui ici comme dans la réalité ne se termine pas toujours bien, mais également la situation de  l’amour impossible typique du roman (Roméo et Juliette) qui quant à lui relève plutôt du fictif. On a donc l’inscription dans le Paris réel d’un début d’intrigue amoureuse original (ce n’est pas une première rencontre) qui ne sera pas le cœur de l’intrigue.

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