Acte 5, scène 5, Illusion comique, Corneille
Commentaire de texte : Acte 5, scène 5, Illusion comique, Corneille. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Aube Nicoleau • 22 Mars 2017 • Commentaire de texte • 2 906 Mots (12 Pages) • 6 120 Vues
Analyse scène 5 acte 5 de l’Illusion comique de Corneille
L’Illusion comique est une pièce de théâtreécrite par Pierre Corneille en 1635. L’Illusion comique résume donc tout l’univers théâtral ; à travers cette pièce Corneille démontre qu’il maîtrise tous les genres théâtraux. Dans l’introduction à sa pièce Corneille dit ainsi que « Le premier acte n’est qu’un prologue, les trois suivants font une comédie imparfaite, le dernier est une tragédie, et tout cela cousu ensemble fait une comédie ».
Dans cette pièce, Pridamant cherche à retrouver son fils disparu depuis dix ans. Pour l'aider, il demande au magicien Alcandre sur conseil de son ami Dorante. Ce dernier, dans sa grotte, va lui retracer tous les périples de son fils Clindor en ouvrant un immense rideau qui donne accès à une scène. Clindor est au service de Matamore, un fanfaron, qui est secrètement amoureux d'Isabelle, que Clindor aime aussi. Après avoir tué le prétendant d'Isabelle, Clindor est jeté en prison, mais est libéré par Isabelle et Lyse, la suivante d’Isabelle qui est amoureuse également de Clindor. Deux ans après ces évènements. Clindor a epousé Isabelle, mais la trompe avec Rosine. Plus tard, Clindor et Rosine sont tués par les hommes de main du Prince Florilame. Isabelle quant à elle est emmenée au Prince Florilame, qui est en réalité amoureux d'elle. La scène étudiée se situe après ces évènements. Dans cette scène, se mêlent illusion et réalité. C’est la scène finale, le dénouement de cette pièce de théâtre qui permet d’expliquer pleinement le titre de cette œuvre de Corneille et le but de l’auteur.
Nous nous demanderons dans quelle mesure et par quels moyens cette scène constitue un éloge du théâtre.
Dans un premier temps, nous verrons que le début de la scène est surtout typique de la tragédie et nous parlerons du comportement ambigu d’Alcandre. Ensuite, nous étudierons le passage de l’illusion à la réalité que l’on peut observer du vers 23 au vers 42. Enfin, nous verrons l’éloge du théâtre faite par Alcandre.
Vers 1 → 22 : Un début de scène typique de la tragédie où l’on peut entrevoir un Alcandre dans la confidence de l’illusion se déroulant sous leurs yeux
Idée de fatalité
Dans le discours d’Alcande :
- Parle de roue de la fortune → cf mythologie → fortune = déesse qui tourne la roue de la fortune aléatoirement changeant ainsi la position des humains sur cette dernière : sont tantôt chanceux, tantôt malchanceux.
- Registre tragique car idée de fatalité typique de ce registre → idée que les héros sont condamnés à se sacrifiés, sont soumis à une force supérieure qui fait que quelque soient leurs actes, ils ne seront jamais pleinement libre du cours de leur vie.
- De plus mythologie employée aussi caractéristique de la tragédie. Quand Aristote, dans la Poétique, met au point les différences entre les deux types de registres théâtraux existant il met en avant le fait que les sujets nobles tels que la mythologie sont du fait de la tragédie et non de la comédie.
- Alcande met ainsi en avant le rôle de la fortune dans la mort de Clindor → la fortune « régit l’univers », et « Tout s’élève ou s’abaisse au branle de sa roue » → personnification de la fortune pour la mettre encore plus en exergue.
Dans le dicours de Primadant :
- « bonheur fatal » à la césure vers 12 afin de mettre en valeur la fatalité
- oxymore mettant en évidence la nature capricieuse du destin qui l’a privé de son fils.
- Il était heureux et venait de renouer des liens avec sa femme, de se rendre compte de son amour puis il se fait assassiner.
On peut de plus remarquer une allitération récurrente durant les deux discours du son « r » pouvant évoquer le son de la roue de la fortune évoquée précédemment.
La mort omniprésente dans la réplique de Pridamant
La mort est aussi un thème récurrent dans la tragédie. Une tragédie se clôt souvent par la mort du héros ou d’un des personnages principal.
Omniprésence de la mort dans la réplique de Pridamant :
- Champ lexical de la mort : « mon fils assassiné », « périr », « bonheur fatal », « adieu je vais mourir puisque mon fils est mort »
- ACCENTUATION + REPETITION des mots « mourir » et « mort » avec le mot « mort » souvent soit en fin de vers comme vers 12 et 16, soit placé à la césure comme au dernier vers de sa tirade
- A l’aide d’une ENUMERATION, le rythme est assez lourd. Il y a une GRADATION de l’émotion. Le dernier vers est tragique : « adieu ». Pridamant parle ici comme un héros. Il est victime de l’illusion, il croit vraiment en celle-ci. Il en arrive à vouloir se suicider. Le terme « Adieu » est d’ailleurs mis en exergue, il est en début de vers et précède une césure du vers 16.
Pridamant déplore la mort de son fils
- lexique du chagrin : « déplorable sort », « plaisir foudroyé », « douleur », « âmes blessées »…
- hyperbole avec « plaisir foudroyé », « déplorable sort »→ exagération de sa peine
- exagération aussi avec accumulation « après avoir vu mon fils assassiné, / Mes plaisirs foudroyés, mon espoir ruiné »
- Il met en avant sa qualité de père au premier vers de sa tirade, il montre qu’il est seul face à Alcandre.
- Adverbe « peut être » → l’incertitude, le conditionnel → Alcandre se sent incompris et seul avec le magicien qui est d’ailleurs très distant
La distance d Alcandre
Alcandre pousse l’illusion jusqu’à son paroxysme et laisse Pridamant dans sa douleur. Il fait preuve de froideur.
- Champ lexical de la justice : « juste désespoir », « légitime », « crime » →aucune compassion pour Pridament, il tient un discours froid.
- L’allégorie de la fortune tend de + à banaliser la situation.
- Il joue même avec la vie de pridamant. Il l’encourage à se suicider
- c’est une consolation à l’envers « suivez », « épargnez », et « laissez faire » → 3 verbes à l’impératif. Il n’a aucune compassion.
- Violence de ces propos par rapport à la situation → « aux douleurs qui rongent vos entrailles » et « pour les redoubler » à la fin de sa 2ième réplique
- Douleur au pluriel pour mettre en exergue le chagrin de pridamant et la froideur d’alcandre
- « rongent vos entrailles » = vocabulaire cru
- Idée de redoubler la douleur qui était déjà présentée au pluriel → exagération, hyperbole → comme si alcandre se délectait de la situation tragique qui se déroule sous ses yeux.
Transition : Nous pouvons nous demander pourquoi Alcandre apparaît si distant et cruel envers Pridamant. Mais nous allons voir que si Pridamant se comporte comme ça c’est parce qu’il est dans la confidence, il sait que ce qui se déroule sous ses yeux est une mise en scène.
...