A une passante / Analyse linéaire
Cours : A une passante / Analyse linéaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar faustine.delong • 11 Juin 2022 • Cours • 1 918 Mots (8 Pages) • 752 Vues
A une passante
Analyse linéaire
Introduction :
De 1853 à 1870, la ville de Paris connaît d’immenses bouleversements : le paysage urbain est en effet profondément modifié par des grands travaux initiés par Haussmann. Paris se métamorphose : les ruelles insalubres cèdent la place à de grands boulevards dessinant une géographie nouvelle. C’est dans ce contexte que paraît, en 1861, la deuxième édition des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. La première version parue en 1857 s’est enrichie d’une nouvelle section intitulée « Tableaux parisiens » qui répond aux nouvelles aspirations poétiques de l’auteur. Charles Baudelaire trouve ainsi dans la ville et les citadins une nouvelle source d’inspiration : il va désormais rechercher l’idéal parmi la foule hétéroclite et marginale qui peuple la ville : aveugles, vieillards, petites vieilles, saltimbanques. Il s’attache « A une passante » comme l’indique le titre du poème étudié. Ce sonnet raconte une rencontre fugitive avec une inconnue croisée dans la rue.
Problématique
Mais en quoi ce poème est-il représentatif de l’impossibilité pour le poète d’atteindre l’idéal ?
Enjeux de l’explication
Nous pourrons étudier ce texte à travers 3enjeux :
- Une rencontre manquée
- Une exploitation de la forme du sonnet
- L’expression du regret
Mouvement du passage (plan) :
Ce poème est un sonnet, et les mouvements du texte suivent la construction classique de cette forme fixe. Le premier mouvement est constitué des 2 quatrains (Vers 1 à 8). Il raconte la rencontre avec la femme. Le deuxième mouvement va du vers 9 au vers 14 et dans ces deux tercets, le poète exprime le désarroi qui l’a saisi après la disparition de la femme.
Développement :
Dans les deux quatrains, le poète relate une scène de rencontre amoureuse
Premier quatrain : la rencontre.
La rencontre se déroule dans un univers urbain comme le précise le titre « A une passante» qui désigne une inconnue croisée dans la rue.
Vers 1 : désigne le lieu de la rencontre : la rue « la rue assourdissante autour de moi hurlait ». Le décor est celui des « tableaux parisiens ». Il apparaît ici comme agressif, hostile et bruyant :
Allitérations en /s/ et en /r/ désagréables à l’oreille + assonances en /ou/
La rue encercle le poète : préposition « autour » placée au milieu du vers + pronom « moi » : le poète est comme enfermé dans la rue comme ces éléments sont enfermés dans le vers + chiasme sonore : « La rue/hurlait » + rythme du vers en chiasme aussi : 2/4/4/2 = très forte impression d’encerclement (cf. dans Spleen l’impression d’enfermement).
Personnification de la rue = sentiment d’agression extérieure.
Le regard du poète est effectivement irrémédiablement attiré par cet être dont il suit le mouvement.
Les vers 2 à 5
Le poète est comme libéré de cet enfermement par l’arrivée de la femme. Le regard du poète est attiré par cette silhouette dont il suit le mouvement.
Progression de sa vision : simple silhouette au départ, elle semble se rapprocher. Le regard s’immobilise alors sur des détails, « la main » au vers 3, « la jambe » vers 5. L’apparition de l’être admiré est d’ailleurs retardée.
Si le poète est saisi par l’apparition de l’inconnue, c’est avant tout parce qu’elle incarne à ses yeux un idéal de Beauté. Le narrateur insiste d’abord sur l’élégance aristocratique et la beauté altière de la jeune femme.
Vers 2 : série d’adjectifs et de noms communs apposés mélioratifs.
rythme particulier. Multiplication de coupes + cadence majeure (groupes de mots de plus en plus longs qui mime la démarche dansante de l’inconnue et qui allonge l’attente du lecteurs.
beauté particulière : la silhouette est élancée (« longue, mince »), loin des codes de beauté de l’époque qui célèbrent les courbes généreuses. Elle peut représenter l’Idéal.
elle est « en grand deuil », c’est-à-dire tout habillée de noir, mais l’expression connote aussi l’idée d’un vêtement somptueux.
Dès cette première description, l’ambiguïté de la femme est perceptible : beauté qui attire et lien avec la mort.
Vers 3 : le sujet de la phrase n’arrive qu’au début du vers suivant. « Une femme passa » joue ici bien son rôle : il désigne un être animé inconnu ; il peut aussi retrouver sa valeur numérale : la jeune femme est unique dans la beauté qu’elle incarne. Le verbe « passa » au passé simple insiste lui sur la fugacité de la vision.
Vers 4 : allitération en [L] associée aux gérondifs au vers suivant « soulevant, balançant, le feston et l’ourlet» = idée de vivacité et de grâce. Le raffinement de la passante se trouve encore renforcée par l’association à la rime des deux adjectifs « majestueuse » et « fastueuse ».
Rythme ternaire associé aux verbes de mouvement mime encore une fois la démarche de l’inconnue.
La tenue vestimentaire enfin est celui d’une femme aisée, moderne, elle est la Parisienne : elle porte une robe longue, qu’il faut soulever pour éviter que l’« ourlet », c’est à dire le bas de la robe, traîne par terre ; un « feston », c’est à dire une pièce de broderie qui orne cet ourlet.
Vers 5 : enjambement depuis le vers 4 qui marque encore une fois le mouvement, effet renforcé par l’adjectif « agile ».
métaphore « sa jambe de statue » : la femme incarne la perfection (« noble »). Mais aussi : idée de fixité et de mort qui vient contredire l’effet de mouvement qui précède et renforce l’ambiguïté de la femme.
Les vers 6 à 8 retournent à la situation du poète dans la rue.
Vers 6 : La rencontre aussi soudaine qu’inattendue bouleverse complètement le poète. Il est stupéfait et ébloui par cette apparition.
Paralysie du narrateur « crispé comme un extravagant » sous l’effet de la fascination. La comparaison « comme un extravagant » c’est-à-dire comme un aliéné ajoute à l’idée de stupéfaction.
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