Étude linéaire le soleil
Commentaire de texte : Étude linéaire le soleil. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar emxeec • 3 Mars 2021 • Commentaire de texte • 1 142 Mots (5 Pages) • 994 Vues
Etude linéaire 7 : « Le Soleil »
Introduction
« Tu m’as donné ta boue, et j’en ai fait de l’or » : c’est par ces termes que Baudelaire s’adresse à Paris, la capitale du mal, montrant son désir d’extraire le beau de la laideur, les fleurs du mal, comme l’illustre si bien le titre du recueil. Faisant passer « un frisson nouveau », selon l’expression hugolienne, le contempteur de la bourgeoisie propose un beau étonnant, surprenant, insolite, en un mot « bizarre », celui-là même qu’il définit dans son poème « L’idéal ». Issu de la deuxième section des Fleurs du mal, section intitulée « Les tableaux parisiens », le poème « Le Soleil » se situait dans l’édition de 1857 à la deuxième place après « Bénédiction » et il est remplacé par l’Albatros dans l’édition de 1861. Ces trois poèmes ont un point commun : ils nous invitent à réfléchir sur le rôle du poète.
Lecture
Plan/Problématique
Dans le poème « Bénédiction », Baudelaire se présente à son « hypocrite lecteur » comme « l’enfant déshérité qui s’enivre de soleil », créant ainsi une association implicite entre le soleil et la poésie. Qu’en est-il dans ce poème ? S’épanouissant en trois strophes, le poème propose dans un premier huitain la description d’un paysage urbain et champêtre sur lequel agit le soleil dans le deuxième huitain. Dans la troisième strophe, constituée d’un quatrain, s’effectue un parallèle explicite entre l’action du soleil et celle du poète. Quel sens donner au soleil ? Comment comprendre le pouvoir du soleil ?
Premier mouvement : Au cœur d’un paysage urbain délabré
Le premier huitain se développe en trois temps…
- La description d’un paysage délabré
- le poème s’ouvre sur une description courte qui laisse se dévoiler le paysage délabré du faubourg, lieu en périphérie du centre de la ville, qui l’établit d’emblée du côté des marginaux d’un point de vue symbolique
- tout signale la décrépitude et tout tend à suggérer l’abandon, la pauvreté mais aussi la souffrance
- « les persiennes » double dimension : négative puisque la luxure évoque la débauche et le vice mais aussi positive car dans les paradis baudelairiens, la sensualité occupe une place importante et elle n’est en rien répréhensible aux yeux du poète
- L’adjectif « secrètes » montre que le lieu, repoussant aux premiers abords, peut s’avérer plus intéressant qu’il n’y parait.
- La présence du soleil
- c’est dans ce paysage marqué par la décrépitude qu’apparait le soleil
- il est tout de suite personnifié et est qualifié de « cruel »
- son action semble de prime abord malfaisante : violence de son action
- son domaine d’action est grand : accumulation vers 4
- rien ne peut échapper au pouvoir tout-puissant du soleil
- son action n’est pas que néfaste et peut s’avérer fructueuse, dans la mesure où l’action du soleil, même si elle est accablante, n’en demeure pas moins porteuse d’une moisson à venir
- Le poète entre en scène
- c’est alors que le poète entre en scène
- rapport de concomitance entre la venue du soleil et celle du locuteur
- le poète apparait immédiatement dans toute sa singularité et sa bizarrerie : il est « seul »
- s’instaure un parallèle entre la promenade du poète et la recherche de vers, qui ne va pas sans une certaine maladresse : Baudelaire s’y dépeint en train de flairer
- toutes les actions liées à l’activité poétique sont placées sous le signe de la difficulté : trébucher, heurter…
- activité et maturation poétique : le vieux faubourg aux masures sinistres peut être source d’inspiration, comme le suggère la comparaison qui s’opère entre la promenade et la création poétique
Deuxième mouvement : Les pouvoirs du soleil
- Les liens entre le Soleil et la poésie
- le poète semble être oublié au profit du soleil
- rôle du soleil : il est en lien avec le poète, il est la poésie elle-même
- lien : Apollon, dieu du soleil et des arts, double dimension (violent/art et moisson)
- le père nourricier : caractère emphatique 🡪 autre facette du soleil cruel
- dénomination emblématique du père : le poète est son fils
- soleil = dieu de la poésie de qui toute chose procède
- Le pouvoir de vie et l’affirmation d’une esthétique nouvelle
- le soleil insuffle la vie : il est ennemi des chloroses
- Baudelaire refuse une poésie anémiée et fade et préfère une poésie intense, choquante, surprenante et bizarre
- les roses riment avec chloroses et nous indiquent que Baudelaire ne chercher pas à proposer une poésie conventionnelle mais qu’il veut au contraire trouver des roses dans des paysages peu poétiques de prime abord
- les poèmes qu’il va forger s’enracinent dans une esthétique nouvelle : terreau peu poétique tel que la ville, le vieux faubourg, les maisons délabrées…
- Le Soleil est le grand alchimiste
L’alchimiste est celui qui est capable d’opérer une transmutation, de trouver la panacée et l’élixir de longue vie.
- pouvoir d’illumination : transforme, à la façon d’un alchimiste, tout ce qui est négatif en positif (les soucis disparaissent, il nourrit et apaise la faim, rajeunit et soigne les invalides, apaise et sème la joie)
- le soleil, celui par qui la floraison advient : possède des pouvoirs puissants (=dieu), autorité incontestable, maître des moissons
- pouvoir d’immortalité : les pouvoirs du soleil, dieu de la poésie, sont en lien avec le travail de l’alchimie, qui permet de transmuter, d’apaiser et de prolonger la vie
Troisième mouvement : Le poète, fils du Soleil
La dernière strophe vient expliciter le parallèle que l’on peut établir entre le poète et le soleil, entre l’action solaire et le travail du poète.
- Les liens entre le poète et le Soleil
- le soleil « descend dans les villes » dans la troisième strophe, tout comme le poète s’en va « flairant dans tous les coins les hasards de la rime » dans la première strophe
- la comparaison renforce la pouvoir poétique de Baudelaire, qui, à travers cette dernière strophe, résume son projet poétique et son esthétique
- L’esthétique baudelairienne
- projet poétique de Baudelaire exposé avec clarté et concision
- domaine d’action = villes
- il sort des sentiers battus et étend le domaine de la poésie
- ville = terreau d’inspiration baudelairienne. Pas seulement la ville dans sa dimension concrète et matérielle mais représente tout ce qui est moderne et qui n’a pas jusque-là attiré l’œil
- Le pouvoir de la poésie
- Alchimie poétique au vers 18 : esthétique de contraste qui oppose deux sphères, celle de la laideur et de la beauté, que Baudelaire parvient à réunir
- Baudelaire est un « roi sans bruit et sans valets »
- Rien ne résiste au pouvoir de transmutation de la poésie, dont Baudelaire fait ici l’éloge
Conclusion
Le poème consacré au soleil retentit comme un véritable « art poétique » qui dévoile le projet poétique de Baudelaire, son affirmation d’une esthétique nouvelle, permettant de porter aux nues le pouvoir transfigurateur de la poésie. Ouverture : on retrouve ce pouvoir transfigurateur dans la poésie de chez Ponge qui transmute la banalité.
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