Étude linéaire : Lagarce Juste la fin du monde partie II, extrait de la scène 3
Commentaire de texte : Étude linéaire : Lagarce Juste la fin du monde partie II, extrait de la scène 3. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar LILILOTTE • 4 Mai 2022 • Commentaire de texte • 1 793 Mots (8 Pages) • 1 974 Vues
étude linéaire 3 Lagarce Juste la fin du monde partie II, extrait de la scène 3
de "et lorsque tu es parti"
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trace écrite complémentaire pour vous rassurer
introduction :
présenter l'auteur, le thème de l'oeuvre
situation du passage : dernière scène avant l'épilogue, dernière scène en famille, avant le départ
Sont sur scène Antoine Suzanne, Catherine la mère et Louis
Longue tirade d' Antoine, adressée à Louis, écoutée par les femmes. On vient d'apprendre de nombreux éléments par Antoine dans le passage qui précède, en particulier que les enfants avaient tout pour être heureux et qu'il n'a pas compris la souffrance de Louis, dont il a pu se sentir coupable; on apprend aussi que la souffrance de Louis relève d'un secret de famille (relisez le début de la tirade et gardez les éléments que vous voulez)
Je vais procéder à la lecture du passage :
Le projet de lecture que je choisis est de
-montrer en quoi cette tirade est lyrique
-montrer que la crise n'est pas résolue
-montrer que cette longue tirade d'Antoine souligne ses sentiments contradictoires
-montrer que le personnage est enfermé dans sa culpabilité
Ce passage se compose de 3 parties (n'hésitez pas à faire des modifications)
1_ la souffrance liée au départ passé de Louis
2_ la souffrance intime d'Antoine
3_le retour au conflit fraternel, une partie qui va répondre à la première
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Je vais à présent passer à l'étude linéaire
1. le premier axe évoque la souffrance d'Antoine, au moment du départ de Louis
Le texte commence par 3 cc de temps structurés par l'anaphore de "lorsque" qui marquent l'obsession d'A. pour le passé.
L'emploi du passé composé "es parti" "a quitté" signifie que ces actions ont toujours une répercussion au moment où il parle.
On note aussi la gradation entre le verbe "partir" et le dernier "abandonnas" qui connote la souffrance, le sentiment d'abandon ressenti par Antoine. L'épanorthose (cette figure chère à Lagarce) permet ici de préciser pour passer du fait ("partir") à l'expression d'un sentiment de souffrance, une émotion intime d'A., menant le texte dans une tonalité lyrique.
En même temps qu'il exprime sa souffrance, A. accuse L. par l'emploi du pronom de 2e pers "tu" sujet de la phrase "tu nous a quittés, tu nous abandonnas". Le pronom "nous "est le COD, qui unit 3 membres de la famille, dans la souffrance. Le verbe "abandonner" connote aussi le rôle majeur que devait avoir Louis, une figure adulte sans doute, sur qui on devait pouvoir compter.
La violence du départ ressenti par A. est renforcé au vers suivant par la périphrase "mot définitif" : sans doute un adieu et par le groupe verbal "jeter à la tête".
Le pronom "nous" évoque une souffrance commune mais le passage au pronom "je" au vers marque la solitude d'Antoine, qui a porté la responsabilité du départ : le verbe "devoir" sous entend qu'il a été accusé par la mère et la soeur. Le premier sens de "responsable" que l'on comprend ici est "coupable"
"je dus encore être le responsable" Dans cette phrase, on note aussi "dus" et "responsable"-qui peut aussi dire "sérieux, réfléchi, adulte" (il y a donc un double sens de "responsable", l'auteur joue sur la polysémie) - qui appartiennent au champ lexical du devoir. Antoine est un homme de devoir, qui se sent obligé de soutenir sa famille, et qui ne se permet pas d'être libre, à l'inverse de Louis (c'est ce que dit la mère , dans la 1re partie). "Responsable" est donc un mot clé pour définir Antoine : à la fois coupable et qui a le sens des responsabilités.
"être silencieux" : on comprend qu'Antoine n'a pas pu se plaindre, critiquer les choix de son frère, ce qui est repris dans les vers suivants "ne plus oser dire un mot contre toi", répété en épiphore avec cette préposition "contre" qui marque bien la crise, l'opposition, le conflit fraternel.
L'adjectif "silencieux" nous dit aussi beaucoup du personnage d'Antoine qui, jusqu'à ce jour, a dû taire ses reproches et que l'on a vu peu prompt à parler, un être taciturne, au début de la pièce.
La seule chose qu'A. ait pu dire, c'est ce qu'on lui a intimé de dire, comme le précise l'adverbe "aussi" dans "te plaindre aussi"
La capacité de révolte d'A. semble donc avoir été éteinte au point qu'il s'est effacé : on relève ainsi "oser penser" à la forme négative, puis la comparaison "comme un benêt". On pourra rappeler que cela fait écho au passage où A. dit qu'il ne lit pas, contrairement à L. qui lit, écrit. Par ces mots, A. exprime un complexe d'infériorité.
Le vers "à t'attendre", un vers court apparait comme une antithèse avec ce qui précède et montre que A. ressent de l'amour pour son frère. Des sentiments contradictoires donc, ressentiment mais aussi amour, exprimés pour la première fois.
Dans ce passage, on pourra aussi commenter le mot "fatalité" qui appartient au champ lexical du tragique et rappelant que nous somme dans une tragédie : le départ de L. était écrit.
2e partie : La souffrance intime d'A. liée à sa vie étriquée. (vers )
Le passage à une 2e partie est clairement marquée par le saut de ligne et l'emploi du pronom tonique"Moi" en début du vers, marqueur de rupture avec ce qui précède, comme si le personnage se redressait. Il s'agit désormais pour Antoine de parler de lui, et non plus de son frère.
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