Écriture d'invention francais

Un jour à Genève il m’avait donné rendez-vous à cinq heures dans le square de l’Université.

J’appréhendais sa réaction car j’étais en retard de trente minutes mais quand j’arriva, personne. Il n’était pas là.

« Il n’avait pas pu oublier », me réconfortais-je, « non il avait sûrement dû être retenu ».

Il arriva à huit heures du soir.

J’avais apporté une collation et un pain que je comptais partager avec lui. Mais les trois heures d’attente, sur ce banc vert décoré de graffiti en tout genre allant d’une insulte grossière à une pieuse déclaration d’amour, ont asséché ma gorge et fait crier mon estomac. Après une heure d’attente et la moitié du pain dans le ventre, une fois la nuit tombée, les occupants du square n’étaient plus que les lampadaires et les pigeons auquel je lançais quelques miettes de pain par moments.

Mes petits protégés d’une nuit me regardaient d’un œil vide et semblait se moquer de ma grande patience.

Enfin mon fils arriva, je le vis au loin, dans son blazer trop grand, presser le pas le cartable à la main. Comme à chaque fois qu’il faisait de l’exercice ses joues étaient rouges. Il semblait tout gêné d’être arrivé si tardivement mais ce n’était pas grave il était mon fils et je pouvais attendre encore bien plus longtemps.

Je me leva, réarrangea mon chapeau et cet imperméable trop étroit et passa une main furtive sur mon visage afin de faire disparaître cette fatigue qui m’avait surpris il y a 30 minutes.

Lorsqu’il s’approcha j’exécutai alors un rituel dont j’espère qu'il se souviendra encore lorsque je serai morte : j’ouvris mes bras, puis joignais les mains sur ma poitrine en guise de fierté pour finir par le présenter de mes paumes grandes ouvertes tournées vers le ciel comme pour le montrer à une foule de journalistes admiratifs.

Nous nous en allâmes alors vers ce café au bout de la rue adjacente au square, laissant les pigeons les lampadaires et mon banc vert.

...