La place des femmes sur YouTube

La place des femmes sur YouTube

Les youtubeuses spécialisées « beauté et mode » se voient régulièrement critiquées. Jugées futiles voire enfantines, elles sont rarement prises au sérieux. C’est notamment ce qui ressort des interviews réalisées par Léa Bordier et Lisa Miquet, « Elles prennent la parole » sur Youtube.  Décryptage d’un documentaire 100% féminin.

Double peine pour les vidéastes : elles n’arrivent jamais à plaire. Lorsqu’elles travaillent des contenus « girly » comme la beauté ou la mode, elles peuvent être perçues comme futiles et accusées de dénaturer la capacité intellectuelle de la femme. Peu importe la teneur de leurs contenus, elles subiraient un jugement négatif. Certaines youtubeuses revendiquent des droits aux femmes, au même titre que les hommes, d’avoir le choix d’entreprendre ce qu’elles veulent.

En effet, les vidéastes doivent veiller davantage à leur image que leurs homologues masculins,  « on est plus enclin à commenter le physique des femmes », selon Mx Cordélia. Leur apparence est constamment sous le feu des remarques, de sorte que leur apparence a plus de poids que leur intellect.

Par ailleurs, quand une créatrice décide d’aborder des sujets politiques, elle est plus souvent ridiculisée qu’un homme : « plus légitimes à parler de mascara qu'à parler de politique », affirme Klaire Fait Grr. En somme, les femmes sont davantage écoutées lorsqu’elles affichent une apparence présentable. De plus, adhérer aux standards aide mais ne garantit pas qu’on les prenne au sérieux. Les youtubeuses (répétition, varie le lexique : ces productrices de contenu, ces actrices du web, ces animatrices…) affirment qu’il est nécessaire pour inspirer la génération à venir que les femmes soient représentées. Dans certains domaines, on manque cruellement de modèles féminins. Selon Alma, les jeunes se disent que « si y'en a pas c'est pour une raison, donc j'vais pas le faire. Et en fait, bah, personne se lance. », s’il n’y a pas de référence à laquelle se fier, il est plus difficile de se lancer dans la création.

Sexisme en ligne et cyber harcèlement

Le physique des youtubeuses est l’objet de critique : « On juge toujours les femmes sur leur physique et les hommes sur leurs actes »^[1]. Et plus la personne est jeune, plus elle pourra être impactée. Selon Florence Porcel, l’anonymat sur internet libère la parole et les gens se permettent d’être méprisants, et certains profèrent même des menaces de viol et de mort. Selon l’avis de Shirley, « relancer un petit peu cette police de YouTube » serait la solution. Par ailleurs, certaines personnes harcèlent ces femmes aussi en dehors de la sphère virtuelle. Bien qu’il y ait une charte de règles à respecter sur le site, ils « […]  comporte[nt]  comme [des] gros con[s] sur internet alors que [ils sont] bien élevés IRL », selon Florence Porcel.  

Alors que tout ce qui enfreint la charte de bonne conduite de YouTube est supprimé par des modérateurs, tout ce qui se situe dans une zone grise au regard de la charte n’est pas supprimé. La firme estime effectivement qu’il s’agit d’une liberté d’expression qu’on ne peut censurer. En outre, et selon les juges, YouTube n’a que la fonction d’hébergeur, et même si des lois existent pour la protection des vidéastes, elles ne sont que rarement appliquées.

Ces créatrices ne seront pas pour autant freinées à cause de ces risques. En effet, elles veulent continuer leur combat, leur activité… car cela leur permet de créer, de montrer leur côté artistique et de rencontrer de nouveaux publics. Cette incroyable communauté peut aussi se montrer bienveillante et leur permettent de se sentir elles-mêmes. Les youtubeuses veulent se trouver sur un pied d’égalité avec les autres créateurs de contenu et se sentir libre de proposer ce qui leur fait envie sur leur chaîne. Autant dire que c’est un objectif qui passe plus encore par une représentation féminine positive et créatrice.

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