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La place des femmes dans les interactions individus-sociétés

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Par   •  20 Mai 2013  •  Fiche  •  3 687 Mots (15 Pages)  •  1 163 Vues

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Diarra, Fatoumata, Ms, CSO & Acad, Political Economy, Mali : La place des femmes dans les interactions individus-sociétés [A2]

DIARRA FATOUMATA TRAORE

REFAE/MALI.

Décrire la position de la femme dans les interactions « individu-société », équivaut à saisir le rôle éminemment central et multiforme que celle-ci joue au sein de sa communauté ou de sa société, dans un contexte géographique défini. En effet, d’une communauté à l’autre, ou d’une société à l’autre, ce rôle peut beaucoup varier. Cependant, à l’intérieur de la même aire culturelle, divers éléments constituent des permanences qui permettent de dégager des traits communs, qui en font des caractéristiques générales.

Nous avons choisi de parler de la position de la femme, en milieu bambara, dont nous sommes issue et que nous connaissons. Ce milieu reflète ce que recèle la culture mandingue, en termes d’organisation sociale et économique, comme en termes de traditions, des us et des coutumes. En dehors de quelques variantes locales et de quelques particularismes liés à la géographie, au mode de vie ou à l’activité économique principale (exemple : les communautés Bozo), ce que l’on peut dire du rôle de la femme en milieu bambara est suffisamment représentatif de l’aire culturelle mandingue.

La position de la femme au sein d’une société donnée est une position dynamique qui évolue à travers les âges et en même temps que la société observée. Sans vouloir opposer, de façon systématique, tradition et modernité, notre démarche consiste à saisir le rôle de la femme au sein de la société traditionnelle de chez nous et à examiner ce rôle à l’heure actuelle, en fonction des évolutions introduites par la colonisation et l’économie moderne.

LA FEMME DANS LA SOCIETE TRADITIONNELLE BAMBARA.

Aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire, la société traditionnelle bambara était une société essentiellement agraire, dont l’élément de base est la cellule familiale. Au sein d’une telle société, le rôle de la femme est central et contribue à modeler et à assurer la force et la pérennité de la société.

UN ROLE DE CIMENT SOCIAL.

Pour fonder famille, il faut se marier. Dans la société traditionnelle bambara, le mariage, était moins une union entre deux individus, qui s’aiment et convolent, qu’un moyen de renforcer une alliance entre deux familles. Chaque famille avait, pour ainsi dire, des familles alliées, où ses hommes pouvaient prendre des épouses : les « fourougnongons ». Un jeune homme d’une famille ne choisissait pas par hasard et au gré de ses sentiments, une épouse dans le village. Lorsque le jeune homme était en âge de se marier, il revenait à ses pères de demander la main d’une jeune fille, au sein des familles « fourougnongons ». Il pouvait arriver que le futur marié récuse celle qui lui était proposée, au profit d’une autre jeune fille, mais toujours dans le cadre restreint des « fourougnongons ». Le futur marié, en dehors de ce choix assez limité, ne s’occupait pas de grand’chose quant à ses noces. Il ne demandait pas la main de sa future épouse, tâche qui revenait à ses pères. Et ceux-ci non plus, ne s’acquittaient pas directement d’une telle formalité, qui était dévolue aux « nyamakalas » [(« noumous » (forgerons) et « dialis » ou « diélis »)] de la famille.

Le mariage était scellé par une dot fournie, par la famille du futur marié, à celle de la future mariée. En effet, étant donné, le rôle économique considérable de la femme au sein d’une telle société, la dot venait symboliquement compenser le départ d’un élément de la famille, départ considéré comme une perte.

Ainsi, dès son entrée dans l’âge adulte, la femme était appelée à jouer un rôle de ciment social. Car le mariage entre deux familles, non content de renforcer les liens existants, contribuait à une intégration de plus en plus poussée des deux familles. Et la multiplication des mariages entre jeunes gens des mêmes « fourougnongons », renforçait les alliances et la cohésion desdits familles. Non pas qu’il n’y ait pas de conflits conjugaux au sein des ménages, mais tout simplement, parce que ces conflits ne débordaient jamais. Ils étaient gérés à l’intérieur des familles et les « fourougnongons » étaient rarement au parfum de tels conflits.

Au sein d’une telle société qui ignorait le divorce, la répudiation était un phénomène exceptionnel et rare. Elle pouvait contribuer à distendre les liens, mais n’était pas le fait de la femme, qui conserve par-dessus tout son rôle premier de ciment social.

La jeune mariée intégrait le ménage (goua), monogamique ou polygamique, de son époux (appelé « gouatigui »), et la famille (« dou ») de celui-ci, famille composée de plusieurs ménages, vivant dans la même concession et placée sous la tutelle et l’autorité morale d’un « doutigui ». Celui-ci est le plus âgé des gouatiguis, de façon horizontale, la succession se faisant d’aîné à cadet et non de père en fils. Chaque famille ou dou disposait, à peu près sur le même espace, de son « djonbougou » (la résidence des « djons »), généralement contiguë à la concession de la famille, côté Ouest ; de son « noumousso » (la résidence des noumous) et son djélibougou (la résidence des « djélis »). Ces deux dernières résidences pouvaient être plus ou moins, à l’écart de la concession familiale. Sur un tel espace, pouvant abriter plusieurs dizaines, voire une centaine et plus de personnes, chaque épouse avait mission « d’être l’aiguille et le fil qui cousaient » et soudaient les membres et singulièrement hommes de la même famille. C’est ce qu’elle n’avait cessé d’apprendre depuis sa tendre enfance et qu’elle devait, à son tour, apprendre à ses filles.

Ce qui nous conduit à évoquer le second rôle de la femme au sein de la société traditionnelle bambara : un rôle d’éducatrice. En effet, au sein de cette société, en fonction de son âge et de sa position, la femme avait un triple rôle d’éducatrice. Dans chaque ménage ou « goua », chaque femme avait en charge l’éducation de ses enfants, de façon exclusive, jusqu’à l’âge de sept ans pour les garçons, comme pour les filles. A partir de cet âge, les garçons rejoignaient le « djonbougou » et ne dormaient plus chez leurs mères. Et de même, toutes les filles de la famille (« dou ») étaient confiées à la première épouse du doutigui, qui s’occupait de leur éducation. Il va sans

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