"Sans conflit, il n'y a pas de théâtre", Ionesco. Sujet de dissertation.

“Sans conflit, il n’y a pas de théâtre”, a affirmé Ionesco, selon qui le théâtre ne peut exister sans eux pour rythmer les pièces. Il utilise en effet un présent de vérité générale pour appuyer son propos et le présenter non pas comme une opinion mais comme un fait. Dans quelle mesure pouvons-nous appuyer le propos de Ionesco et affirmer que le théâtre est le lieu d’un conflit ? Le terme “conflit” peut évoquer des oppositions militaires ou politiques mais également ceux qui bercent la vie quotidienne tels que les confrontations entre personnages, ou les débats intérieurs qui peuvent donner lieu à des scènes d’introspection. Nous pouvons alors nous demander si le conflit est l’unique élément qui rythme une pièce théâtrale. Nous nous intéresserons, dans un premier temps, aux différents affrontements présents au théâtre avant d’étudier d’autres constantes du théâtre que les scènes d’altercation. Enfin nous nous pencherons sur la visée de l’auteur.

Les affrontements sont bel et bien au coeur de la trame de la vaste majorité des pièces théâtrale. Il en existe de différentes natures. Les querelles entre personnages tournent généralement autour de l’amour, de la finance et des intérêts et représentent l’objet central de la pièce. C’est le cas dans Britannicus de Racine qui met en scène une rivalité amoureuse, de Néron et du personnage éponyme pour la fiancée de ce dernier, qui pousse Néron au meurtre de Britannicus. Phèdre de Racine met également en scène un conflit entre Thésée et son fils, Hippolyte qui a été accusé à tort par sa belle-mère Phèdre d’avoir tenté de tacher son honneur. Au terme de la dispute, le jeune homme n’est pas parvenu à convaincre son père de son innocence et se voit maudit par Thésée.

En outre, il existe aussi des combats intérieurs portant sur des choix moraux ou éthiques et donnant souvent lieu à des monologues exposant les dilemmes auxquels sont confrontés les personnages comme dans Phèdre de Racine dont l’intrigue est conditionnée par les états d’âme du personnage éponyme. Durant l’acte I et jusqu’à la fin de l’acte II, on assiste à la lutte intérieure que mène cette femme contre sa passion coupable et incestueuse pour son beau fils Hippolyte. De la même manière, le dilemme d’Andromaque est au coeur de l’intrigue de la pièce du même nom de Racine. En effet, elle doit choisir entre préserver la mémoire de son défunt mari Hector et ainsi condamner leur enfant ou bien le sauver en épousant le roi Pyrrhus dont elle est captive et qui a participé à la mort de son époux. Les conflits qu’ils soient internes ou externes sont donc bien au coeur de l’intrigue théâtrale.

Bien que les conflits soient au coeur des intrigues, ce ne sont cependant pas les seuls éléments à rythmer les pièces de théâtre.

D’autres constantes permettent de réguler les pièces telles que l’apparition d’autres thèmes. Pensons notamment au pardon dont a par exemple fait preuve Thésée à l’égard d’Arcicie en l’adoptant alors qu’elle était la fille d’un des rois avec qui il était en rivalité dans Phèdre de Racine. Dans le Cid de Corneille, Chimène fait également preuve de pardon envers Rodrigue après que celui-ci ait choisi de sauver l’honneur de son propre père en tuant le père de la jeune fille à son amour pour elle. On peut alors remettre en question l’importance du choix posé ou même du conflit initial si ces actions n’ont pas

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