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MONTAIGNE, Essais, III, 6 : « Des coches »

Fiche : MONTAIGNE, Essais, III, 6 : « Des coches ». Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Février 2020  •  Fiche  •  1 654 Mots (7 Pages)  •  1 782 Vues

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O d’E n°2 / L. A. n° 1 -> MONTAIGNE, Essais, III, 6 : « Des coches » (extrait) :

corrigé / pistes d’analyse

Montaigne, écrivain humaniste de la Renaissance, a écrit ses Essais à la première personne, mais son œuvre n’est ni un journal ni une autobiographie à proprement parler ; son objectif n’est pas de raconter sa vie, mais de réfléchir sur l'homme à partir de sa propre expérience et de ses lectures, en suivant le fil de sa pensée, en toute liberté. Le livre III publié en 1588 a complété les deux premiers livres parus en 1580. La mort de Montaigne, en 1592, a interrompu la reprise de ce dernier livre et des deux autres, qu’il réactualisait constamment. En humaniste ouvert sur le monde, il s’intéresse à la culture des Indiens d’Amérique dans le chapitre « Des Cannibales » du Livre I, puis se penche à nouveau sur le sujet à la fin du chapitre VI du livre III intitulé « Des Coches ». Sa vision du Nouveau Monde, qui évoque le mythe de l’âge d’or et celui du Bon Sauvage, met également en évidence la responsabilité des conquérants européens dans le massacre des Incas du Pérou et des Aztèques du Mexique. Nous étudierons ici de quelle manière Montaigne critique la colonisation, dans ce texte qui est à la fois un réquisitoire contre les conquistadors et un plaidoyer en faveur des Indiens. Pour ce faire, nous verrons comment Montaigne représente les conséquences funestes de l'arrivée des conquérants sur ces terres inconnues, puis nous envisagerons son éloge des populations indiennes, avant de conclure sur sa critique virulente du comportement des envahisseurs.

        I : Le face à face entre Indiens et Espagnols : un choc culturel, une inégalité flagrante

        a) Les Indiens sont pris au dépourvu, innocents -> Montaigne montre comment ils         ont été abusés en raison de leur naïveté

- Montaigne souligne clairement l’opposition entre deux « mondes », l’ancien et le nouveau : le nôtre – NOUS- ≠ « autre monde » ; ces antithèses renforcent l'idée d'éloignement et d’altérité

- les mots « peuples » et « nations » leur donnent une dimension humaine et pas seulement géographique -> idée de civilisation ≠ monde de sauvages

- Il utilise la métaphore de l’enfance = candeur, ignorance et inexpérience soulignées par les NÉGATIONS + « jamais vu », « peuples nus » (sans défense)

- « juste étonnement » + « si inopinément » + « surpris » : « face à des hommes que» X 2 : CHOC + effet de surprise qui met en difficulté les Indiens dans ce face à face.  

- la description qui est faite de l’Amérique ressemble au jardin d’Eden : vie simple au sein de la nature.

b) Insistance de Montaigne sur le caractère inégal de l'affrontement : il adopte le point de vue des Indiens, des victimes : regard compassionnel

- l'idée d'inégalité est employée comme argument ds la phrase finale à l'impératif, où le «je» renforce l'implication du locuteur (« dis-je ») -> emploi du mot « disparité » (les forces ne sont pas égales)

- la description des conquérants, habilement, est effectuée du point de vue de « l'autre », l'étranger et Montaigne se met donc à la place des Indiens : ils voient les Espagnols comme des êtres extraordinaires (cf. rythmes : accumulations de bizarreries à leurs yeux) -> « curiosité de voir des choses étrangères et inconnues » ; les chevaux sont vus comme de grands monstres.

- le lecteur est lui-même sollicité au moyen d’injonctions à l’impératif : « ajoutez-y ...capables de troubler César lui-même » : argument d'autorité ; « comptez » : le lecteur s'imagine lui aussi dans la situation des Indiens étourdis par tant de nouveauté (comme si nous voyions aujourd’hui arriver des extra-terrestres)

- l’opposition des armes et des matériaux (-> antithèses descriptives) : le combat est trop inégal, perdu d'avance pour les Indiens ; et Montaigne explique qu’il n’y a aucune gloire à remporter des victoires dans ces conditions.

        

Il : L'éloge des Indiens, de leurs multiples qualités

b) Attitude honorable dans le contexte de la guerre : un sens de l'honneur que semblent avoir perdu les Européens (idée de dégradation au fil de l'histoire -> le progrès éloigne l’homme de la nature et le corrompt cf. Platon) 

- Mont. souligne leur vaillance ds un contexte de tromperie et d'actes méprisables qui renforce leurs qualités par effet de contraste. (-> oppositions, antithèses) + procédés de l'éloge et les arguments : adjectifs mélioratifs, énumérations, rythmes binaires et ternaires, gradations…

- Cet éloge fait état des valeurs morales de ces hommes, les mêmes que celles des anciens Grecs et de la noblesse occidentale # valeurs matérielles, commerciales : chp lexical du commerce pour les Européens corrompus ≠ de la vertu pour les Indiens, dignes des anciens (= référence pour les Européens et pour les humanistes en particulier)

- Montaigne en comparant les Indiens aux anciens, les présente comme des modèles de vertu, des symboles de la sagesse stoïcienne et épicurienne tandis que les Européens ont eux-mêmes bafoué et perdu ces vertus => point fort de son argumentation.

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