Lecture analytique de l’incipit de Zadig
Commentaire d'arrêt : Lecture analytique de l’incipit de Zadig. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar cilouboubou • 15 Janvier 2020 • Commentaire d'arrêt • 1 698 Mots (7 Pages) • 1 405 Vues
Lecture analytique de l’incipit de Zadig.
I- Un incipit traditionnel de conte oriental : la volonté de produire un récit divertissant.
a- Un portrait élogieux du héros éponyme.
• Portrait de Zadig : archétype du héros de conte. Pétri de qualités. Abondance des notations descriptives mélioratives :
- doté d’un excellent tempérament, bonté originelle du personnage soulignée par « né avec un beau naturel » et renforcée encore par son éducation puisque présence du participe passé « fortifié ». 1er leitmotive qui se confirme par son respect d’autrui : « il savait respecter la faiblesse des hommes » ou encore « il était généreux et ne craignait point d’obliger des ingrats ». Philanthropie de Zadig.
- Leitmotive de la jeunesse : « un jeune homme », « jeune », « ayant de la santé », « figure aimable »
- Leitmotive de l’instruction et de l’intelligence : « fortifié par l’éducation », « il avait appris dans le premier livre de Zoroastre », « instruit dans les sciences des anciens Chaldéens », « un esprit juste et modéré »
- leitmotiv de l’innocence, de la pureté : Zadig n’est pas un calculateur, il méprise l’hypocrisie ambiante qui règne dans la société babylonienne et n’a pas l’esprit courtisan. Ainsi, malgré sa maîtrise de l’art du langage (« avec beaucoup d’esprit »), il ne cède jamais à la calomnie ( « On était étonné…qu’il n’insultât jamais par des railleries…. »). Zadig n’est pas davantage ambitieux puisqu’il ne brigue aucune charge alors que son origine sociale l’y autorise : « Quoique riche et jeune… il n’affectait rien ». Le verbe affecter est ici à prendre dans le sens d’ambitionner. De même, il n’a pas l’arrogance et la fatuité que son rang social lui permettrait d’afficher : « il ne voulait point toujours avoir raison ». Enfin, il fait fi de « l’amour propre ». La métaphore à connotation péjorative du « ballon gonflé de vent » montre que ce sentiment n’est pas une valeur pour Zadig. L’amour propre est plutôt présenté comme un fléau social. Ironie par le décalage entre « la petite piqûre » et le terme « tempêtes ». Les blessures d’amour propre ont, selon Zadig, des conséquences désastreuses et disproportionnées par rapport aux faits anodins qui les ont engendrées.
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b- Le cadre oriental du conte.
Voltaire inscrit son conte dans un cadre oriental. Il suit une vogue littéraire, inaugurée avec la traduction des Mille et une nuits par Galland et confirmée par Les Lettres persanes de Montesquieu. L’orient fascine par l’exotisme, le dépaysement et le mystère qu’il suscite chez les lecteurs occidentaux.
• Cadre spatio-temporel : Reprise par Voltaire des formules d’incipit traditionnelles « Du temps du roi Moabdar » et « il y avait à Babylone » Situe le conte dans un temps indéterminé, un orient de légende. En effet, nom du roi qui est une pure invention de Voltaire (rappeler sa formation) et Babylone considérée historiquement comme une cité fabuleuse ‘jardins suspendus = une des sept merveilles de l’Antiquité). Séduction du cadre confirmée par « les palmiers qui ornaient les rivages de l’Euphrate » : notation pittoresque.
• Tous les noms des personnages, ensuite, sont imaginés en fonction de ce cadre : rappeler origine Zadig, Orcan, Sémire. Vocabulaire adapté : les religieux sont ainsi désignés comme des mages, les armes des sbires d’Orcan sont des « sabres », et référence à Zoroastre, réformateur religieux iranien ou encore aux sciences des anciens Chaldéens.
• Le style, lui-même, est un pastiche du phrasé oriental. En effet, le texte comporte des comparaisons pittoresques et exagérées. Ainsi de l’amour-propre comparé à un « ballon gonflé de vent » dont il « sort des tempêtes » à la moindre « piqûre », de même la vue des blessures infligées à Sémire doit susciter une pitié telle que « les tigres du mont Imaüs » auraient été « attendris ». De même, le proverbe attribué à Zoroastre est réécrit mais en conservant la comparaison avec les chiens enragés pour souligner l’ingratitude.
c- Un récit parodique.
Voltaire s’est amusé à imiter un épisode classique de roman sentimental : l’enlèvement brutal de la promise du héros. La vision proposée est ici très manichéenne et exagérément pathétique. Ce qui prouve la volonté de divertir le lecteur mondain en reprenant des clichés et en les gonflant de manière à les rendre ridicules.
• Caractère antithétique des deux rivaux, Zadig un sommet de perfection/ Orcan, type du brutal sans éducation. Schématiquement le bon contre le méchant, le vertueux contre le représentant du vice. Entre les deux hommes, une jeune femme elle-aussi nimbée de toutes les perfections : « Ier parti de babylone » (noble), « aime avec passion » donc amante a priori fidèle
• Cadre idyllique : les palmiers, les bords de l’Euphrate et surgissement brutal de la violence : « satellites »= sbires au service d’Orcan, terme péjoratif. Zadig, presque seul pr défendre sa bien-aimée s’en sort avec bravoure : « la défendait avec toute la force… ». Comportement chevaleresque. Confirmé par le terme « libérateur », dernière désignation de zadig ;
• Pathétique de la situation de la jeune femme cf « emportements de leur violence » « firent couler…Imaüs », « perçait le ciel de ses plaintes » « évanouie et sanglante
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