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L'Afrique et le colonialisme portugais

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Par   •  9 Juillet 2019  •  Mémoire  •  4 052 Mots (17 Pages)  •  560 Vues

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L’Afrique et le colonialisme portugais

Par Naomie-Jade Ladry

Université du Québec à Rimouski

Le royaume indépendant du Portugal a été formé en 1143 à la suite du traité de Zamora. Alphonse VII, roi de Castille, sous la pression du pape, a été contraint de reconnaître le royaume du Portugal. Cent ans plus tard, sa reconquête se termine contre les royaumes musulmans de la péninsule ibérique. Cependant, l’Espagne est demeurée une menace pour l’indépendance du pays. À la suite de la bataille d’Aljubarrota, un traité fut signé. Par celui-ci, en août 1385, le Portugal, avec l’aide de l’Angleterre, était libéré de toute menace concernant les conflits qui pourraient avoir lieu en Europe. Dû à la reconnaissance que le roi Jean 1er porte à ses alliés anglais, le traité de Windsor est mis en place qui établit une ligue d’amitié inviolable et éternelle entre les deux royaumes. C’est alors que le roi désire poursuivre son expansion territoriale. Jean 1er du Portugal marque le début des grandes conquêtes maritimes. Durant les décennies suivantes, ces successeurs encourageaient et finançaient les expéditions pour favoriser le commerce. La conquête de Ceuta au Maroc en 1415 amorce le processus des grandes découvertes et des conquêtes portugaises, notamment en Afrique. Sous Henri le Navigateur, les Portugais ont colonisé l’île de Madère, l’archipel des Açores et les îles Canaries. Puis les Portugais ont atteint les îles du Cap-Vert, le Sénégal, la Guinée, la Gambie, la Sierra Leone, le Gabon et Sao Tomé. Leur expansion se poursuivit jusqu’à Goa, Malacca, l’archipel des Moluques, le Brésil, Hong Kong, Macao et Pékin.

Les territoires progressivement conquis apportent à la Métropole plusieurs richesses. L’attrait économique constitue d’ailleurs l’une des pierres d’assise des politiques expansionnistes portugaises, et sans doute l’une des plus grandes motivations à maintenir le système colonial en place en Afrique jusqu’au dernier quart du 20e siècle. Les relations commerciales avec l’Afrique apportaient au Portugal de précieuses denrées comme l’or, l’ivoire, la gomme et plusieurs autres. Face à l’oppression intransigeante et prolongée du colonialisme, plusieurs luttes de libération se mettent pourtant en place dans les colonies africaines du Portugal à partir des années 1950-1960. Le pouvoir portugais fera cependant tout en son pouvoir pour contrer cette mouvance, décision qui s’avérera coûteuse en terme financier et en pertes humaines. Il faudra attendre la chute du régime de Salazar, dans les années 1970, pour voir un processus de décolonisation, accepté par la métropole, s’amorcer. Or qu’est-ce qui explique ce changement d’attitude de la part du pouvoir portugais? Il est tout à fait légitime de croire que la mort de Salazar et l’établissement d’un nouveau pouvoir au Portugal aient pu offrir de nouvelles perspectives face à la gestion de la « question coloniale africaine ». 

Afin de bien saisir le contexte dans lequel le processus de décolonisation s’enclenche officiellement dans les années 1970, il est d’abord essentiel de revenir sur le développement des politiques coloniales portugaises en Afrique et sur leurs conséquences pour les populations locales. Cela mettra la table pour les mouvements de libération qui se développent et s’affirment dans les années 1950-1960 dans les trois colonies africaines du Portugal, à savoir l’Angola, la Guinée-Bissau et le Mozambique. Cette perspective historique rendra enfin possible l’analyse des impacts de la Révolution des œillets sur la fin de l’entreprise coloniale du Portugal en Afrique et sur les négociations menant à l’indépendance des États africains.

Le colonialisme portugais

Motivations de la conquête

Dès les premières conquêtes, les Portugais ont réussi à établir un commerce avec plusieurs pays, en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie, par la voie maritime. Au 13e siècle, par la formation de son marché, « le Portugal réussit l’exploit […] d’être le Premier Empire à dimension planétaire[1] ». Au fil des siècles, ce pays a installé plusieurs comptoirs commerciaux sur les côtes africaines. Cette présence était « motivée par la recherche de métaux et la capture d’esclaves; […] elle s’expliquait par le commerce avec l’Inde […] dans le but de contrôler efficacement le trafic de l’océan indien[2] ». L’enrichissement et la recherche de nouveaux marchés à exploiter se trouvent donc au cœur des motivations portugaises à développer ses positions en Afrique.

À partir du 17e siècle, le Portugal envoie toutefois de plus en plus de colons en Afrique afin de coloniser les terres. Les colons recevaient des « prazos » qui peuvent être comparés à de grandes étendues de terres qui étaient transmises pendant trois générations avant d’être reprises par les autorités portugaises[3]. En échange, ces détenteurs de terres devaient organiser du trafic d’esclaves qui occupait une place primordiale dans l’économie de l’époque, représentant 20,50 % des recettes en or du Portugal[4]. L’esclave, en Afrique, était intégré dans l’espace familial et, bien qu’il fût soumis, il bénéficiait de quelques droits : baptême et initiation à la foi chrétienne, apprentissage du portugais, nourriture, vêtements et apprentissage d’un métier[5]. Ce système illustrait un aspect central du processus de colonisation : celle-ci « ne cherchait pas seulement à évangéliser et à éduquer; elle entendait également exploiter ces territoires pour y tirer le maximum de profits[6]». Lors de la bataille des Trois Rois, au Maroc, en 1578, le Portugal subit une lourde défaite. Par cette bataille, le Portugal perd sa noblesse, son armée ainsi que son indépendance face à l’Espagne et sa situation stratégique[7]. De plus, le conflit entre l’Angleterre et l’Espagne en 1588, a ruiné ce qui restait de la flotte portugaise. Face à ces défaites, le Portugal perdit son monopole du commerce des épices orientales[8]. Par ailleurs, la guerre de Trente Ans suscita une augmentation de l’impôt prélevée par l’Espagne face au Portugal. L’empire portugais était de plus en plus menacé.  

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