De l'exclusion à l'autocensure
TD : De l'exclusion à l'autocensure. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar B.V.E • 2 Novembre 2019 • TD • 1 867 Mots (8 Pages) • 496 Vues
présentation des documents composant le corpus :
document 1:
article de 5 pages de Cécile rabot, sociologue spécialisée en sciences de l'information et de la communication, maître de conférence à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense et responsable du Master métiers du livre de Saint-Clou, paru en septembre 2015 dans la revue numéro 155 dénommée "(auto)censure" de la revue Lecture jeune dédié à la culture et les littératures des adolescents et jeunes adultes sous forme de dossiers thématiques, interviews, critiques littéraires ou encore articles en ligne.
Document 2:
article publié le 15 février 2014 et rédigé suite à une interview de Béatrice Boutignon, auteure d'albums de jeunesse, par Nolwenn Le Blevennec, journaliste pour le site Rue89.
Rue 89 est un site d'informations sur des faits divers et de société financé par la publicité et la formation. Créé en 2007, sa ligne éditoriale promeut un libéralisme culturel de gauche. Depuis 2011, le site appartient au groupe l'Obs, premier magazine d'actualité français à tendance social-démocrate.
Ces deux articles rédigés respectivement en 2015 et 2014 sont publiés dans un contexte politique sensible sur le thème de la censure et de l'homoparentalité. En 2014, l'article de Nolwenn Le Blevennec, "L'auteur de Tango à deux papas n'a rien une militante" intervient un an après la légalisation du mariage pour tous et des manifestations anti GPA qu'elle a engendrée, tandis que Cécile Rabot publie sont analyse "de l'exclusion à l'autocensure" seulement quelques mois après les attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015. Si ces deux textes semblent différents au premier abord, nous allons voir qu'ils se complètent en exposant leurs ressemblances puis leurs différentes démarches pour mieux comorendre leurs objectifs.
Cécile Rabot expose à travers une analyse tirée d'une enquête de terrain les différents critères d'exclusion de biens culturels en commençant par la censure politique, forme de censure la plus visible dans notre société et par conséquent la plus combattue. Le cas de l'exclusion des rayons jeunesse de l'album Tango à deux papa en est un exemple dénoncé dans l'article de Nolwenn Le Blevennec et cité dans l'analyse de Cécile Rabot comme "une attaque à la liberté d'expression et de pensée". Cependant, cette forme d'exclusion forcée des rayons jeunesse met en lumière le sujet sensible de l'homoparentalité et des polémiques qu'il peut engendrer. La sociologue Cécile Rabot parle d'une forme de censure par "craintes des réactions" du public et faisant référence aux "conditions sociales de l'acceptabilité" de Pierre Bourdieu. La journaliste de rue89 rappelle dans son article que l'histoire de l'album est inspirée d'une histoire vraie et que toute comparaison avec un message militant de la part de l'auteure serait donc fortuit: " Béatrice Boutignon, qui n'a rien d'une fasciste-crypto-perverse-fanatique-du-genre, n'a rien inventé." . Mais sous la pression du Printemps français, mouvement né de l'opposition au mariage pour tous et qui est à l'origine de cette demande de censure, le maire UMP de la ville de Chesnay décide de déplacer l'album au rayon adulte de ses bibliothèques dans une période secouée par les manifestations anti-GPA. Cette crainte des critiques remonte jusqu'à l'auteure même de l'album pour qui la rédactrice de rue89 enlève tout supposé penchant politique ou prise de position à travers des slogans en gras tel que "ceci n'est pas un manifeste pour la GPA" ou encore des extraits de l'interview de l'auteure "je ne sais même pas si j'y suis favorable, je ne suis pas experte de ses choses là". L'autocensure de l'auteure sur ces opinions politiques démontre bien la crainte des remontrances cité dans l'article de Cécile Rabot : "on exclut de crainte d'ouvrir un conflits ou de générer des tensions". L'album qui porte le nom de Tango à deux papa, et pourquoi pas ? est donc décrit par l'auteure elle même comme "une histoire douce" sans "prosélytisme".
L'autocensure politique de l'auteure est également représentée dans la description de son autre album de jeunesse sur la famille: Un air de famille, le grand livre des petites différences" où elle place sur le "même pied d'égalité" tous les couples d'un point de vue "graphique" et non politique. L'album est présenté comme un livre "simple, factuel, sans leçon de morale" par Nolwenn Le Blevennec qui anticipe les réactions des réfractaires au premier album de Béatrice Boutignon : "il n'a pas encore été repéré".
La journaliste annonce en fin d'article que le prochain livre de Béatrice Boutignon "n'aura rien à voir avec l'homoparentalité", "ce sera un conte féerique" . Ce choix pourrait potentiellement s'expliquer par le phénomène d'autocensure insidieuse décrit par Cécile Rabot. Dans son dernier paragraphe, la sociologue nous parle d'une autocensure inconsciente, une sorte de conditionnement social, exprimé par l'image "des ciseaux dans la tête" repris de l'expression de l'ancienne Allemagne de l'est pour qualifier l'autocensure dû à "l'intériorisation de l'impossibilité", une assimilation des normes sociales et sociétales si profondes que le sujet ne se questionne plus sur ces possibilités de choix.
Ces deux articles mettant en valeur le droit d'expression et ses conséquences dès lors qu'il n'est plus respecté n'adoptent pas les mêmes démarches argumentatives et rédactionnelles. En effet, leur qualification, sociologue et journaliste, ainsi que les sources de publication détermine leur processus de rédaction.
Cécile Rabot écrit un article pour la revue Lecture jeune destinée aux adolescents et aux jeunes adultes tandis que Nolwenn Le Blevennec s'adresse au grand public à travers le premier journal de France, l'Obs. Leurs démarches diffèrent dans le sens où Cécile Rabot cherche à informer ses lecteurs des différents critères d'exclusion qui mènent à la censure par une élaboration de texte séparés en paragraphes structurés : "choisir
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