Bohémiens en voyage, Baudelaire
Compte rendu : Bohémiens en voyage, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar rimari • 19 Mars 2020 • Compte rendu • 1 055 Mots (5 Pages) • 815 Vues
Bohémiens en voyage, Baudelaire
INTRO : Venus des bords de l'Indus, ou d'Egypte, les Bohémiens ou tsiganes, ont, depuis leur arrivée en Europe centrale, attiré les artistes par leur destinée exceptionnelle, leurs moeurs étranges. Les poètes de la fin du 19ème siècle, plongés dans l'époque de la révolution industrielle et des "villes énormes", se sont volontiers identifiés à ces personnages. Le sonnet de Baudelaire, "Bohémiens en voyages", extrait du recueil Les Fleurs du mal, et situé dans la première section "Spleen et idéal", est inspiré d'un dessin de Jacques Callot, peintre et graveur du 17ème ; il raconte, dans le registre épique, le cheminement d'une caravane de Bohémiens.
Comment Baudelaire fait-il de ses personnages d'exclus, des héros en quête d'idéal?
Progression : Les quatrains: Ils s'opposent fortement aux tercets par leur dynamisme et leur tonalité dramatique, ils présentent la caravane des nomades en mouvement, et aux abois. Les femmes occupent le 1er quatrain et les hommes le second.
Les tercets : Ils font entrer en scène deux autres personnages : le Grillon et la Cybèle (divinité, déesse de la fécondité dans la mythologie grécoromaine). Ils évoquent, dans un registre épique, la générosité et la protection de la nature à leur égard.
QUATRAINS : Ils sont au présent de l'indicatif, qui est le temps de narration et qui rend donc le texte vivant. Le mot "prophétique" évoque pour la tribu le don de lire l'avenir, les bohémiens sont toujours tourné vers l'avant. Mais les bohémiens sont avant tout des gens en mouvement et dynamique. Les termes "mise en route; vont à pied; promenant; passer; chariots" le souligne. Baudelaire fait à présent un gros plan sur les yeux "prunelles ardentes" qui est une métonymie (la partie pour le tout) et qui mentionne le côté plein d'énergie, le regard perçant qui voit loin, de la tribu; "ardent" signifie ici le fait d'être aux aguets. Le passé composé "Hier s'est mis en route" indique le départ qui a déjà été fait. L'action en cours est, elle, exprimée par "emportant ses petits sur son dos", l'idée de rapidité est accentuée par l'enjambement. Les bohémiens ont une vie sauvage, un peu animalisée, dans ce sonnet B parle de "mamelles" et de "petits" qui se trouvent "sur le dos". Ils ont aussi une vie réduite aux instincts de survie: la faim/ la nourriture signalés avec "appétits", les mères livrent alors leurs seins sans résistances leurs "mamelles" sont "pendantes". Le mot "trésor" est employé comme une hyperbole valorisante, c'est une richesse, le lait maternel est précieux et très rare, les mères sont très dévouées avec leurs enfants. Les allitérations en P/R/T souligne ce caractère précieux. La répartition des rôles est très claire: les femmes s'occupent des enfants qui sont "blottis" contre elles pendant que les hommes assurent la protection de la tribu grâce aux "armes" et aux "chariots" dans lesquels se trouvent les leurs. Tous les yeux de la tribu sont soudés pour pouvoir faire face aux dangers. L'idée de défensive est accentuée par la préposition "sous" dans "sous leurs armes". L'adjectif "luisantes" rappelle les mots "ardentes" et "trésor", tous les trois renvoient à une idée de lumière et d'éclat et insistent sur le registre épique. Les bohémiens sont valorisés, ce sont des êtres potentiellement héroïque. B les glorifie, s'identifie à eux. En traitant le thème du regard/voyance "prophétique; prunelles ardentes; ciel" et celui du spleen "triste; chimères absentes; yeux appesantis". L'allitération en R dans le vers 8 souligne cette idée de spleen.
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