Comment témoigner de l’horreur des camps de concentration à travers la bande dessinée ? Etude de cas avec MAUS de Art. Spielberg

Problématique : Comment témoigner de l’horreur des camps de concentration à travers la bande dessinée ?

Etude de cas avec MAUS de Art. Spielberg

1. LA PROBLEMATIQUE

Qu’est-ce qu’une Bande dessinée ?

Une « bande dessinée » est une suite de dessins qui racontent une histoire, et où les paroles et les pensées des personnages sont inscrites dans des bulles.

Parce que l’histoire est dessinée, la plupart des gens s’imagine qu’une bande dessinée est avant tout drôle parlant de sujets joyeux, ou bien à destination des enfants et adolescents pour les divertir avec des histoires fantastiques par exemple.

Art Spiegelman, l’auteur de Maus, a décidé de raconter l’histoire de son père, survivant des camps de concentration, à travers la bande dessinée.

L’auteur traite donc au contraire d’un moment les plus terribles de notre histoire : l’Holocauste.

Mais comment raconter cette période de l’histoire à travers la bande dessinée ?

Comment peut-on expliquer les émotions alors qu’il y a si peu de place pour l’écriture dans les bulles. Comment peut-on dessiner l’horreur des camps alors que les images de cette réalité sont choquantes. Comment on peut parler de cette période sans risquer de manquer de respect aux victimes de la Shoah, puisqu’il ne s’agit pas ici de raconter une histoire fictive mais bien d’une histoire réelle dont les dernières victimes survivantes sont encore en vie aujourd’hui.

Mon exposé est une étude du roman graphique « Maus » de l’américain Art Spiegelman et de la façon dont elle témoigne de l’histoire pendant la seconde guerre mondiale. Maus a été publié de 1980 à 1991 dans le magazine RAW.

1. « MAUS »

MAUS est le résultat en bande dessinée de l’interview que l’auteur Art Spiegelman a fait de son père, Vladek.

Fils de juifs polonais, rescapés de la Shoah il ne connaît pas grand-chose de l’horreur vécue par ses parents. Mais il est très marqué par tous les non-dits de cette histoire.

Avec le suicide de sa mère et sa relation très fragile avec son père, l’auteur, adulte, va ressentir de plus en plus le besoin de savoir et décide de questionner son père sur sa vie et celle de sa mère Anja.

Il est vital pour lui de laisser des traces de cette histoire. Et le choix de la bande dessinée semble pour lui une évidence.

Au travers de l’histoire racontée par Vladek à son fils Art, on vit l’histoire de la famille Spiegelman, l’histoire de la Pologne depuis l’arrivée d’Hitler en 1933, et surtout l’histoire de la mise en place de l’extermination du peuple juif (au travers de ce qui a été appelé « la solution finale »)

1. LES CARACTERISTIQUES DE L’OEUVRE

Beaucoup de choses font que l’auteur a choisi la BD pour raconter son histoire, Art était en effet très familier avec la bande dessinée.

On dit souvent que l’Holocauste est irracontable par ses moments si horribles et que l’on ne pourrait pas l’exprimer par de simples mots.

En passant par la bande dessinée ce ne sont pas que des mots qui sont utilisés mais aussi des images.

Et cette combinaison mots-images facilite la transmission des pensées.

Pour raconter l’histoire de son père Art a utilisé aussi différents procédés au travers de ses 292 planches et quelque 1 500 cases en noir et blanc.

1. Le mode de narration double

1. L’univers animalier pour représenter les personnages

1. Le traitement particulier de l’image et du texte

1. Le mode de narration double

« Maus » nous raconte deux histoires en même temps :

• Le témoignage direct de Art à son père Vladek.
• Et l’histoire de Vladek racontée par lui-même

Et durant tout le récit des allez retours se font entre ces deux histoires.

Un coup dans le présent, souvent au début et à la fin de chaque chapitre et l’autre coup dans le passé ou Vladek nous raconte ses péripéties en 39-45.

Cette « double narration » nous aides à nous repérer dans le récit et à comprendre à la fois les évènements vécus pendant la seconde guerre mondiale mais aussi les traces que ces evenements ont laissé par la suite.

Du côté du père pendant la guerre on suit son quotidien, on comprend toutes les horreurs qu’il vivait. On voit son comportement face à toutes ces choses, Vladek se concentre sur sa survie sans jamais se plaindre. Pour ça il fait preuve de beaucoup d’intelligence à savoir gérer des moments pareils sans jamais flancher, sans jamais mourir.

De l’autre côté on voit son fils et on comprend alors pourquoi il allait si mal. On comprend son traumatisme et toute ces autres émotions dont il ne voulait pas parler. On comprend pourquoi il a du mal à gérer son père et sa relation peu commune avec ce dernier.

En séparant ces deux moments et en les alternant, en tant que lecteur cela nous permet de s’apercevoir de la gravité des évènements. Car on voit les impacts que cela a même plusieurs dizaines d’années plus tard. Vladek est toujours bouleversés par ce temps, il a brulé le cahier écrit par sa femme Anja racontant ses jours aux camps pour plus y avoir de souvenir. Et ces évènements ont même des impacts sur son comportement.

...